Les 30 millions d'euros de Marine Le Pen

Publié le 26 novembre 2014 par Juan

Marine Le Pen a des frais. Son parti national a le vent (sondagier) en poupe, de plus en plus d'élus, mais ce n'est pas assez. Le Front national a de grandes ambitions, gouverner la France, un jour, bientôt. Le voici qui procède à un emprunt russe, au moment même où certains oligarques ou proches de Vladimir russes font l'objet de rétorsions occidentales à cause de la situation ukrainienne.


Le Front national se dit national et Marine Le Pen, mais les deux sont allés chercher des fonds à l'étranger, en Russie. D'après Mediapart, ils ont obtenu, en septembre, "un prêt de 9 millions d’euros de la First Czech Russian Bank (FCRB)". Les fonds, ajoute le site d'information dans un article publié le 21 novembre 2014, ont "déjà été partiellement versés au parti à hauteur de 2 millions d’euros." Cette information a été confirmée par le trésorier du parti.
On s'interroge.  
1. Aucune banque française ne pouvait-elle assurer pareil prêt ? Le FN a-t-il essuyé tant d'échecs qu'il a du se rabattre sur cet emprunt russe pour le moins exotique ? C'est la thèse officielle du Front national. Marine Le Pen justifie aussi des frais à venir, et annonce des montants astronomiques: "Avec les départementales dans quatre mois, il y a urgence ! En tout, avec les régionales, c’est 30 millions. Nous disposons de 5 millions d’euros de subventions par an. Nous n’avons plus de biens immeubles. On est obligés de souscrire des prêts, dans des établissements français ou étrangers". 
Marine Le Pen cherche 30 millions d'euros, davantage que pour une campagne présidentielle, rien que cela.
2. Dimanche, deux jours après les révélations, Marine Le Pen a cru bon lancer une diversion. Ce fut un grand appel à une large alliance souverainiste voire même, surtout, un changement de nom  le cas échéant.
"Si un jour, il s'avère que nous arrivons à constituer avec d'autres partis politiques (...), on ne sait pas ça peut arriver, demain on peut décider de faire une grande alliance patriote parce que la situation de la France a continué à se dégrader."
Et la présidente du FN d'ajouter pour "prouver" qu'une stratégie d'alliances est possible, combien étaient nombreux les partis compatibles: "Il y avait le parti de M. Chevènement, il y avait le parti de M. Dupont-Aignan, il y a le parti de M. De Villiers, il y a des partis patriotes en France, et il pourrait être décidé demain que l'ensemble de ces partis se mettent ensemble pour pouvoir défendre la souveraineté de la nation et assurer sa sécurité et sa prospérité"."
3. Les réseaux russes de Marine Le Pen sont réels et anciens. En février 2014, Mediapart détaille les quelques contacts clés qui rapprochent Le Pen de Poutine. C'est glauque, à peine surprenant, et pas très "national". En septembre dernier, Marine Le Pen se félicitait du "modèle économique patriotique" de Vladimir Poutine.
4. Marine Le Pen a son propre micro-parti personnel. Cette technique n'a aucun intérêt politique. Il n'est que financier. Cela permet de contourner les plafonds légaux de financement des partis politiques (pas plus de 7.500 euros par personne et par an), mais aussi de se constituer une cagnotte personnelle. Lundi soir, dans un documentaire d'investigation diffusé par Canal+, on pouvait voir une photo montrant le trésorier du micro-parti de Marine Le Pen faisant un salut fasciste.
Rien que cela.

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