Dust - Hans Zimmer

Par Francelouve @Arcadiaelfe

Je suis allée voir Interstellar, aussi, hier. Enfin! Petite séance solo, comme souvent, mais cela faisait un moment maintenant que je n'avais pas eu le temps, ni l'occasion, ni le courage. Oui, oui, le courage de sortir de chez soi par temps gris et pluvieux.Et donc ? Mon avis?[SPOILERS EXPLICATIFS EN COURS DE CHARGEMENT]

L'espace, le futur, la navigation spatiale, la recherche d'autres mondes, le rapport au temps, à l'esprit, à la famille aussi... Un casting avec un ensemble d'acteurs que j'apprécie... Disons, qu'évidemment, j'allais aimer, ou du moins j'étais partie dans une très bonne optique (quoique à l'inverse de d'habitude, je ne me suis absolument pas documenté sur le sujet)
Au contraire de Gravity par exemple, qui ne m'a plus que dans son esthétique car je rejette pas mal les propos sous-jacent de ce dernier, Interstellar propose un film intéressant et assez bien mené. C'est du Nolan Brothers tout craché. (Salut nous sommes Chris et Jo Nolan, on adore bossé sur le temps, le contrôle de l'esprit sur la matière et le corps, le futurisme c'est trop not' boulot okay?! cf Inception, Le Prestige)
[SPOILERS À MORT -Vous êtes prévenus-]
Oui, je sais, y a des impossibilités et des incohérences scientifiques. Mais bon, sinon y aurait pas de film alors on peut bien vous raconter deux trois trucs qui sont limites-limites non? Magie du cinéma, ça vous cause?(Le temps ne va que dans un seul. On ne peut pas traverser un trou noir, du moins pas dans cette configuration là et dans ce temps là.., et d'autres que vous vous ferez un malin plaisir de lister!)
Néanmoins, ce rapport au temps si cher au film intervient sur plusieurs plans de l'histoire et de différentes sources.
Déjà, j'ai mis un temps fou à comprendre que nous nous trouvions dans un temps futur du nôtre, le contexte du film m'a d'abord fait croire aux années 70-80 : une vieille ferme, une crise agricole, la négation du voyage dans l'espace... Bref, c'est au drone indien que je me suis dit, "oulah, on capture et prend le contrôle d'un drone avec une sonde wi-fi? Bluetooth ? Ahem) Puis le paramétrage des machines agricoles par satellite et codage ...  Ce brouillage temporel est pour moi, d'une part intelligent (inventer les supers gadget des décennies prochaines auraient gâché l'esthétique "salut papa, je trouve pas mon chargeur solaire pour mon iphone187!") et il est une bonne mise en abîme du statut du personnage de Cooper qui ne sent pas à sa place, "né 40 ans trop tôt ou 40 ans trop tard" et qui vit réellement sa vie en décalage puisqu'il vise l'espace et donc un autre temps. Il a 124 ans le mec à la fin, tout de même.
Le temps comme cycle (depuis le départ c'est lui qui se cause à travers le futur...) n'est pas scientifique mais religieux, l'idée que tout est déjà écrit et que le temps n'est pas qu'une ligne droite avec un début et une fin (si si, même si c'est le christianisme qui instaure l'idée d'une création et d'une fin du monde, il y a toujours l'idée que l'apocalypse est pour une renaissance et non une naissance, un recommencement et non un départ...). C'est un bon matériau d'intrigue et de scénario car il rend cohérent et moins flippant la présences des extra-terrestres." Ok ce sont bien "eux" qui me permettent de communiquer, qui ont choisi ma fille mais c'est quand même bien moi qui suis rentré dans sa chambre, donc ça va, en fait."

Le film est assez réaliste (PAS TAPER) sous plein d'aspects. Déjà parce qu'il retranscrit pas mal de choses que l'on sait et qui nous pose problème, et qui posent toujours problème dans ce futur qu'il pose.Le décalage temporel dû à la gravité. On m'en a pas mal parlé et je suis surprise que peu de gens dans mon entourage ne connaissent cette réalité que l'on vieillit différemment selon l'endroit où l'on se trouve. Notamment dans l'espace et dans différente conditions de gravité, la traversée en "année lumière" est en effet une notion de distance mais elle contient bien cette problématique du temps. J'ai trouvé ça bien que l'on puisse la voir et l'appréhender, violemment certes (les mecs s'attendent à une dizaine d'années de décalage, nous aussi via leurs explications et BIM 23 ans, ça te fait moins rire hein ?!) Les messages qui rendent tangibles les années ratées etc.. Bon si j'étais honnête je pourrais dire qu'au bout de 23 ans, le Dr. Romili a pas l'air trop fou dans son cockpit bien trop propre et nickel, mais bon. C'est un DETAIL ^^'. Parce que sans ces 23 ans, il n'y aurait pas l'apparition de ma chouchou (depuis La Couleur des Sentiments) Jessica Chastain. :-D *fan-girling*
Dans la salle j'entendais que des gens étaient plus ou moins choqués du comportement de Cooper en tant que père (genre la mise en danger dans la poursuite du drone, la "préférence" -je ne suis pas d'accord mais soit- de Murphy à Tom, le roadmovie nocturne, l'abandon etc...). Je ne trouve pas qu'il y ait une préférence, il y a une importance qui est donné au personnage de Murphy pour le film, mais le père représente une image conçue comme telle : Le rapport à son fils de 16 ans en pleine adolescence et donc en positionnement est rendu tangible. Tom conduit, Tom doit apprendre à se débrouiller. Il est malgré tout encouragé dans son choix qui est différent du souhait de son père, on assiste à sa vie qui passe via les messages enregistrés. L'au-revoir qualifié de "vite fait bien fait" est assez réaliste, au final, de ce qui est perçu comme un comportement "d'homme", pas de larmes, de l'humour et basta. En dehors de ça, qui pour les besoins du scénario accentue la scène de la chambre qu'il doit revoir dans le futur - vous me suivez toujours?- Je n'ai pas senti de différence. Juste des accointances plus proches intellectuellement entre Cooper et Murphy.
[Evidemment, au final, on est sur un film qui promeut l'image patriarcale toute puissante. (Je suis un blanc Nord-Américain, père d'une fille et d'un garçon, je suis un colonisateur et j'ai été choisi par moi-même self-made-man...) On va pas demander aux américains de faire autre chose que de l'américain, si? On pourrait ? Ah bah pas tout de suite alors...]
Du début jusqu'à l'arrivée à la NASA, je dirais même que le ton était juste. Mon frère et moi avons été élevé de cette "manière" (n'en déplaise) par mon père. Et la scène de la poursuite du drone est assez emblématique (rajoutons la recherche du lieu en pleine nuit) de notre éducation. Passer les vitesses, être des acteurs de ce que nous voyons, les piques humoristiques comme "Tu veux faire scientifique? Fais le correctement" "débrouille toi je serai pas toujours là" ou "si je te dis de sauter d'une falaise?" sont typiquement des choses que j'ai vécu (le rapport aux profs aussi d'ailleurs!). La complicité, l'apprentissage permanent... Je ne les ai pas perçu tout de suite comme la promotion d'une icône patriarcale, je les ai d'abord vu comme ma propre vie entre un frère et un père célibataire. Bref, passons.
En ce qui concerne "l'abandon" du père, je n'ai pas d'avis. Nécessaire à l'intrigue et intrinsèquement lié à la vie de Cooper (La mort de sa femme, pas de mention de son propre père? Désir d'ailleurs, inadaptation sociale)... Je ne sais pas. Le film le fait comprendre, tout est beaucoup plus complexe que cela, et de toute façon accepté puisque le "papa revient comme promis" alors, bon. ^^'Les choix individuels, c'est toujours plus tard qu'on les comprend parce qu'on les visualise à sa propre vie.

C'est l'heure du jeu de "J'avais trouvé ça, j'ai deviné quand, j'aurais fait...."[MEGA SPOILERS DE OUF !]
J'ai compris que Cooper était le "fantôme" à l'arrivée sur la planète de Miller. Ce sentiment a été ballotté dans une foule d'hypothèses (Cooper va mourir et Murphy va aller le chercher et s'envoyer des messages gravitationnels depuis le futur, Les Extra-Terrestres tentent de les prévenir de ne pas y aller depuis le début, Tars est celui qui code depuis l'espace...) jusqu'à la confirmation, quand Cooper se lâche dans le trou noir. "Ah bah oui, il est le héros, il reste trois quart d'heure de film.... C'est lui. Ils vont nous faire le coup du trou noir comme passage temporel. OKAY"
(Du coup, au moment de la tombée dans le trou noir, j'ai vu immédiatement la bibliothèque.)
Je l'ai compris assez tard finalement par rapport à mes habitudes, je crois que je voulais tellement croire à l'existence (et donc qu'on allait les voir!) de ces "eux" que j'ai mis beaucoup de temps à lâcher cette idée. Je pensais au film Contact pendant tout le film où joue aussi McConaughey...(Pour info, mon papa l'a compris dès le décryptage en morse. Et le terme "Reste" qu'elle déchiffre aussi. Na! [Ouais, je suis une Murphy en puissance et mon père c'est le plus fort de toute façon, OKAY ??!])
La planète de Mann était évidemment la mauvaise, dans tous les sens du terme, puisqu'elle était choisie à l'encontre de l'amour et elle était glaciale. Le sentiment se confirme dès que le Dr Mann déclare que son robot ne peut être ausculter que par lui. Genre les cachotteries, mec, tu ne nous les fait pas maintenant. Du coup, tu ATTENDS tout le long de cet épisode, tu attends le moment de la trahison. (Au passage, cher Matt Damon, je t'aime tellement que tu n'es pas crédible en méchant. Désolée... Et ton doubleur ne te rend pas honneur.)
Avez-vous vu le clin d'oeil à Inception sur la construction de la Station Cooper ? Moi oui. ;-)
[Je suis absolument d'accord avec la théorie de Brandt Girl sur l'amour. Pour vous c'est peut-être cul-cul, pour moi c'est intelligent et vraiment une question à se poser à l'avenir.]
L'incohérence pour moi, et le seul vrai point faible du film, se trouve dans cet explication du fantôme. Outre l'idée assez chouette visuellement de ce monde en 5 dimensions rendu au plus près de la 3D, l'idée de l'intervention du futur sur le passé m'a un peu gâché l'émotion.J'aurais accroché davantage si (allez, je suis mégalo et je refais le film, prends des notes Nolan! Ahem...) la communication avec cette chambre avait été autre. Je veux dire que 1) quitte à communiquer à travers l'espace-temps, fallait aller la chercher dans le temps "présent", elle est dans la chambre bordel ! Bon, ça c'est de la mauvaise foi et un choix arbitraire que j'aurai contesté à l'inverse - je me connais -.Mais 2) L'idée de ce parloir invisible aurait été cohérent pour moi s'il pouvait intervenir physiquement à partir du moment où, dans le temps terrestre, il était parti. Le fait qu'il voit le passé et qu'il se voit ne me dérange pas, mais le fait qu'il intervienne sur sa propre vie, qu'il puisse se toucher en fait (il tape un livre qui tombe et il se retourne) me pose problème. J'aurais aimé qu'il communique avec sa fille tout le long, qu'il rattrape ainsi le temps perdu, qu'il la guide davantage dans sa recherche scientifique... M'enfin, ça c'est moi et mes lubies. J'aurais trouvé ça beau et aurait évité le "réfléchis, réfléchis vite et trouve la réponse mathématique au bout d'une journée!" [Ceci n'engage que moi, hein]

Je vous laisse sur cette image de Gargentua. Qui est ma préférée du film.


De manière générale, je trouve que ce film s'inscrit dans ce qui est "le fantasme du XXIe siècle" sur la conquête spatiale. Comme au XVe siècle durant les grandes découvertes maritimes, les auteurs, les poètes, les cinéastes d'aujourd'hui insufflent de l'imaginaire et donc créé le désir, la curiosité. Ils habituent l'être humain à se projeter dans cet univers infiniment flippant.
Et pour un avis plus direct, plus immédiat et spontané sur le film :

**
Hier après-midi, je me suis rendue compte d'un truc assez étrange. Plusieurs des écrivains (mythiques ou non) que j'estime ont une forte attraction pour la religion ou la foi. Ce qui n'est pas un problème, hein, juste très inattendu de ma part puisque je suis une ... je ne sais quoi d'ailleurs, athée, agnostique....? Et que je tiens la religion (je sais c'est mal) pour responsable de beaucoup des maux sociaux d'aujourd'hui. J'ai donc une tendance (mauvaise je sais) à me méfier.Pourtant :
Christian Bobin : Fervent chrétien. Sa prose poétique plonge ses racines en spiritualité, charité et métaphysique. Il entretient un lien d'amour par rapport à sa mère qui illustre sa générosité.Ce n'est que bien après que j'ai décelé et découvert sa croyance. J'ai toujours apprécié sa simplicité et les images du quotidien pour parler des émotions. J'aime quand on parle simplement des choses complexes. J'aime son rapport aux objets, à la colère des enfants, au désespoir amoureux, au courage de l'amitié etc...C'est une écriture de l'optimisme, une lumière dans la torpeur. Qui reconnaît les failles et les embrasse. Cette perpétuelle confiance qu'il vous livre à chaque pages.Ces fleurs bleues font souvent du bien à mes ecchymoses.
Victor Hugo :Décidément, depuis le temps qu'il est là, lui.Pour le coup, je pouvais difficilement ignorer ses croyances. La conscience qu'il appelle Dieu et qu'il trouve dans chaque organisme vivant qui l'entourent. Son rapport aux esprits et à l'au-delà.Mais c'est vrai qu'il est pour moi assez emblématique des valeurs auxquelles je crois. Le progrès, la révolution, la beauté de la famille, l'universalité, le rapport à la nature, le progrès (ah oui, déjà dit). Je suis amoureuse de Claude Gueux, je suis fascinée par Claude Frollo (que des claude me direz-vous, nan claude françois ou claude guéant ne compte absolument pas! Argh!).Cette foi en l'humanité m'a toujours sciée. Un combat perpétuel pour l'évolution, un engagement contre l'injustice... 

BREF.
**Bisous étoilés les petits amis !