"Ça s'est fait comme ça" Gérard Depardieu avec le concours de Lionel Duroy/Théâtre du Rond Point pour les abonnés de Télérama : Rencontre avec Gérard Depardieu orchestrée par Fabienne Pascaud

Publié le 02 décembre 2014 par Nathpass
Théâtre du Rond Point pour les abonnés de Télérama : Rencontre avec Gérard Depardieu orchestrée par Fabienne Pascaud
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Un énorme enfant, un clown sorcier, un astre devenu Jupiter, Neptune alors que nous sommes toujours sur Terre ? il nous souffle les mots de notre dimension cachée... il fait rire, provoque, attaque et récite du Rimbaud. Faire l'acteur il n'a jamais su et puis c'était hier...il a vécu c'est tout. Le roi de tous les silences demande à Fabienne Pascaud d'aller faire pipi. Elle lui dit après ! mais on ne m'a jamais fait ça quand je donnais une interview , il lui répond, c'est parce que tu n'as jamais eu affaire à un homme en se dressant debout tout près d'elle, c'est l'hilarité générale, Fabienne Pascaud rit aussi comme une enfant. Autorisation accordée, après bien 10mn, il se rassoit, souriant. La salle était presque comble, c'était hier au Théâtre du Rond-Point, pour les abonnés de Télérama. Il m'a à peine surpris, il m'est comme familier et surtout d'aucune famille, peut-être deviendra t-il "un vieux con", mais "nouveau", pour lui et pour nous ! Il est hors jugements. Bien-sûr le livre de Lionel Duroy car il est beau, ce livre il rayonne longtemps encore dans notre vie après l'avoir terminé. Ne croyez pas à ceux qui le trainent dans la boue, l'insultent, il n'est la pute de personne, il n'a jamais eu peur de personne même pas de lui-même. Ils ne nous a pas dit pourquoi les acteurs boivent... il a digressé dans une anecdote avec François Perier quand il jouait le Tartuffe.
 Il dit qu'il aime la Russie parce que c'est un pays où il n'y a rien pour arrêter le Vent... Il parle de sa passion pour la Russie et des Frères Karamazov. Il y avait Micheline Pialat dans l'assemblée, et un ami qui était à ses côtés disait que Micheline Pialat avait eu.avec Gérad Depardieu ses plus beaux échanges sur la Russie et Dostoievski. Poutine pour lui c'est un humain avec comment dit-on du charisme, il n'aime pas cette expression. Ce n'est pas un dictateur c'est un homme qui aurait pu devenir un voyou comme lui. Et Staline n'était pas pire que Lénine etc... Il dit Gérard Depardieu qu'il est libre d'aller où il veut et qu'il a assez versé d'argent à l'État français qu'il n'aime pas l'argent car c'est comme la merde quand on fouille un peu il n'en reste que des cailloux. Un lecteur spectateur a bcp parlé du livre de Gérard Depardieu : Lettres volées qu'il a écrit lui après la mort de Dewaere, des gens, comme c'était trop long (pour eux) ont voulu l'interrompre, et là il a dit mais laissez le parler...Il est venu nous parler. Et pour rien au monde j'aurais été quelque part ailleurs.
ÉCRIT SUR UN BOUT DE PAPIER SUR LE MOMENT hier lors de la rencontre, ou plutôt avant pour patienter
Depardieu 01/12
19h15  toujours personne, la grande salle est quasiment pleine ; sur la grande scène 2 grandes chaises rouge velours du restau avec un cube blanc pardon deux , un pour la carafe d'eau, une publicité Télérama, le tout non pas au centre mais côté Cour. Musique de fond pop rock de supérette. 7 € la place et seulement pour les abonnés de Télérama. Depardieu dit qu'il s'en fout qu'on l'aime mais ilne se fout pas d'être accessible. : moitié prix d'une place de cinéma.Et cela donne l'occasion de voir les illuminations des Champs 2Lysées : L'avenue Montaigne est magnifique, j'entends derrière moi, toute dorée comme les cheveux teints de la plupart des spectatrices retraitées. Quelques jeunes amenées par leur parents. 10% de jeunes et 30 % d'hommes. Eh oui Gérad Depardieu "bande de cinglés" attire encore essentiellement des femmes dont une très bell à coté de moi qui a amené sa fille de 18/20 ans et qui prendra plusieurs photos... Il se fait attendre comme les rocks stars1/2 h déjà maintenant mais la salle est quasiment comble.
Les jeunes ouvreuses sortent en se marrant ; qu'est-ce que cela signifie, un retard... Personne n'a manifesté son impatience  jusque là. Les smartphones empêchent d'y penser, les gens s'occupent. Certaines personnes se déplacent ayant repéré des places libres plus devant.
19h45 quelques applaudissements impatients, le plateau s'allume  Jean-Michel Ribes paraît.
"vous êtes plus intéressants que tout ce que vous pouvez attendre des autres " sa phrase à notre intension à tous et à chacun.Comment trouver le moyen d'être intéressant ? la peur,
l'église, la religion, l'idée dans la politique ?
Je suis profondément spirituel. J'aime croire que ce qu'il y a de meilleur en nous c'est peut-être Dieu.
Bien tard, je l'ai aimé.
Le temps, le présent, c'est l'éternité.
C'est pas facile d'être vivant et seul.Il y a des gens, des ordures partout, c'est parce qu'ils n'ont pas confiance.
Rassurer son émotion avec un mot juste.
J'ai commencé à parler avec les mots des autres.
 À SE REDIRE tout le temps
UN ACTEUR EST MAGIQUE QUAND IL RENCONTRE UN TEXTE QU'IL A VÉCU.
Le présent est tragique. Ce qu'on nous a appris, n'a rien à voir avec ce qu'on vit.
Plaire comme tu es, pas plaire comme une pute.
Une bite qui bande n'a pas de conscience politique..Chez les vivants il y a de l'émerveillement...
Comment essayer d'être libre dans les familles ?
L'art c'est pareil, je ne suis pas un collectionneur.
GD se met en colère quand FP lui demande de dire ce qu'il aime dans l'art.
Je serais un vieux con toujours nouveau.
Quand on gratte la merde onsent les cailloux. ses mains montrent très exactement le geste et la sensation. j'ai jamais voulu être acteur, j'ai voulu vivre, parler.
Les metteurs en scène on en a rien à foutre.
Toutes ces questions.
La peur,...
Lettres volées,
Celui qui se contente de ce qu'il est ne m'intéresse pas.
La Russie, c'est la spiritualité. Il n'y a pas de montagnes pour arrêter le vent de la folie.
Pénibles et vivants, les monstres....
ÇA S'EST FAIT COMME ÇA
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 "Joue le jeu. Menace encore le travail encore plus. Ne sois pas le personnage principal. Cherche la confrontation. Mais n'aie pas d'intention. Évite les arrières pensées. Ne tais rien. Sois doux et fort. Sois malin, interviens et méprise la victoire.N'observe pas, n'examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l'espace et considère chacun dans son image. Ne décide qu'enthousiasmé. Échoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fais des détours. Laisse-toi distraire. Mets-toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d'aucun arbre, d'aucune eau. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, penche-toi sur les détails, pars où n'y a personne, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur. apaise le conflit de ton rire. Mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton droit et que le brut des feuilles devienne doux. Passe par les villages je te suis." Peter Handke en conclusion de son livre pour vous.
RECOPIÉ À LA MAIN
au début j'ai noté après j'ai recopié tous les mots pour ne rien oublier...
Tous les soirs à Polytech chez Dédé sur la Montagne Ste Geneviève
(...) 
La première impro de Gérard : "rire de bon cœur" et tout le cours Jean-Laurent Cochet a suivi.
Chez les Brossard(les riches du côté de Châteauroux).
"Ce qui me touche, c'est la façon dont les gens m'adoptent.
Chez eux donc on prend les repas en famille, on ne 's'aboie pas à la figure comme chez nous mais on se parle, on s'écoute avec bienveillance et après le diner chaque enfant peut rejoindre sa chambre ou rester bavarder au salon.
Ils n'ont jamais un mot pour me juger, mais jamais ils n'oublient de me répéter au moment de se dire au revoir: "Reviens quand tu veux, Gérard tu seras toujours le bienvenu".
(...) 
"Deviens ce que tu es... quand tu l'auras appris." F. Nietzsche
(...) 
La Mer, le ventre bleu de la mer.
la 1ère fois...
C'est donc ça,  je me suis dit, c'est donc ça. Pourquoi j'ai pensé qu'on venait de là. La confusion des noms sans doute puisqu'on l'appelait la mère, pour moi qui avait accouché la Lillette... (sa propre mère).
 Je ne sais pas combien de temps j'ai cru cela, cette merveille, que nous étions tous né de la mer, mais je l'ai cru.
(...)
 Ce qui me sidère avec le recul c'est à quel point Cochet croit en moi dès notre 1ère rencontre.
Une sorte de confusion.
 (...)
Sourire sans arrêt sur les conseils de mon père. Fais comme si tu comprenais. Tu écoutes bien et tu souris. c'est le seul moyen qu'on te foute la paix. Il voulait dire que nous étions des voyageurs sans bagages, nous les incultes, les pauvres et que la seule solution pour ne pas se faire remarquer et vivre pénard, c'était de faire comme les riches, de les imiter, d'afficher à leur façon un bon sourire confiant.
 À SE REDIRE tout le temps
FAIRE LA PAGE BLANCHE EN SOI AVANT D'ABORDER UN PERSONNAGE
Selon JL Cochet :
"Les parents s'en sont toujours plaints : il n'est que pour lui, et il ne veut rien savoir de personne. Il est plein de compassion, et pourtant à la longue, il ne peut souffrir les faibles." 
 (...)
Il n'y a rien d'intellectuel chez Handke et Duras non plus. Les silences de Duras je les entends ils sont pour moi, je les attends pour respirer ; les vides de Duras me parlent mieux que des mots. Les intellectuels, je ne les comprends pas. Mais mon cœur bat mystérieusement à l'unisson de Duras et Handke.
Handke, c'est difficile à lire, c'est même très chiant à lire, mais quand tu le joues, d'un seul coup la salle est en apnée, tétanisée, c'est une émotion incroyable c'est ça le théâtre... Ça ne se lit pas, ça se dit.
Tiens écoute bien ma voix sur les mots de Handke dans les gens déraisonnables sont en voie de disparition. Dans un moment je vais me mettre à parler, mais ce moment là c'est le public qui me le donne. Je suis seul dans la lumière. Qu’est-ce qu'il peut attendre de plus le public, que de savoir ce que je vais dire ?
Il vient de s'installer, il faut lui laisser le temps, ne pas exister trop vite. Lui laisser le temps de se débarrasser de la ville, de la fatigue, du métro, des bonjour-bonsoir. Et aussi de la question de savoir ce qu'il fout là. Il a acheté son billet. Ah mais Peter Handke, c'est qui déjà celui-ci ? Il a le programme, il y jette un coup d’œil, il se penche à l'oreille de sa voisine. Toi tu es toujours dans la lumière, silencieux et seul. Le public commence sérieusement à se demander ce que tu vas dire, et maintenant il essaie de détecter chez toi la peur, et tout en te scrutant il pense : "Est-ce qu'il n'a pas encore grossi depuis la dernière fois... " Alors l'autre comédien entre, mon valet dans la pièce Hans avec son gilet de guêpe jaune et noir et son plateau.Lui non plus ne sait pas quand je vais parler. Il est chargé de son texte, il n'a qu'une envie, c'est de se libérer. Mais moi je m'asseois tranquillementdans le fauteuil et luiil est là avec sa serviette et sa bouteille de Perrier. Il me regarde, il attend, raide comme un bâton. J'entends son souffle de peur, sa hâte d'exister. Mais pourquoi exister si vite ? Tiens je me dis, je vais le faire chier. Je vais prendre encore un peu de temps. Maintenant, la salle est figée dans l'attente, tu entendrais une mouche voler.
Alors je sens venir la première phrase en moi, elle remonte lentement du fond de mon âm. Je vais la dir. Le moment de la dire est enfin venu.
- Je suis triste aujourd'hui.
- Oui et alors ? intervient Hans
- J'ai vu ma femme en peignoir, ses ongles de pied vernis et je me suis tout à coup senti seul. C'était une solitude si palpable que je peux en parler tout naturellement. Elle me soulagea, je m'émiettai me fondis en elle. La solitude était objective, une caractéristique du monde, non une de mes particularités à moi. Tout se tenait détourné de moi, en une douce harmonie. En chiant, j'entendais mes propres bruits comme ceux d'un inconnu dans une cabine à côté. Lorsque je pris le tramway pour aller au bureau  (...) la triste courbe que le tramway décrivit, un vaste arc de cercle, me blessa au coeur comme un rêve de nostalgie."
"N'oubliez-pas que c'est la dernière fois que vous prononcez ces mots, car après ça vous mourrez", nous dit Claude Régy à chaque répétition.
 À SE REDIRE tout le temps
OUI APRÈS ÇA, NOUS MOURRONS JE SUIS D'ACCORD, CHAQUE SOIR OUS DEVONS MOURIR SUR LA SCÈNE, APRÈS LE DERNIER MOT PRONONCÉ.
 (...)
C'est difficile pour ceux qui m'aiment, je les aime aussi mais je ne sais pas leur dire. Et après je prends sur moi tous les chagrins. Mais qu'est-ce que tu veux faire  ? Je suis comme ça . Tu ne peux pas changer les rayures du zèbre.
 (...) 
 À SE REDIRE tout le temps
Dans le jeu, il faut avoir une sortie de secours encore une fois. Il ne faut pas être au front sans arrêt...
comme l'était Guillaume. Au front tu te brûles. Il faut parvenir à demeurer spectateur de soi-même. Ce n'est pas la peine de pleurer sur un plateau, ce sont les spectateurs qui doivent pleurer. Toi tu transmets seulement l'émotion, c'est un temps différent. Guillaume n'avait pas cette distance, il était au front, sans cesse au front. Je n'ai pas su l'avertir du danger.
 À SE REDIRE tout le temps

Pialat, Guillaume, tous ce gens qui sont partis, ils sont avec moi dans mon quotidien. Comme à 8 ans ce que je ne connaissais pas encore, mes désirs, faisaient déjà partie de mon quotidien. 


Moi, il se trouve que je n'ai ni pleuré à la mort de ma mère, ni à la mort de mon père, ni à celle de Jean (Carmet), ni à celle de Barbara, ni à celle de Truffaut, tous ces gens que j'ai aimés. mais j'ai pleuré à la mort de mon chat. J'étais étonné, je me suis dit que j'étais insensible. Mais non c'est que pour moi, ils ne sont pas morts. Mon chat est mort parce qu'il ne m'a jamais parlé. Il me donnait des choses à comprendre, à entendre,  et je sais que quand il était sur moi il me dé-sangoissait, il m'enlevait mon stress. Mais il ne m'a jamais parlé, tandis que les êtres humains ceux qui m'ont accompagnés dans les rires, dans les problèmes, dans les gueulantes ou encore dans les amours, ceux-là ne sont pas morts, ils sont là sans arrêt autour de moi et nous nous parlons.
Quand je le dis les gens me répondent : "Ah oui, tu as raison", mais à aucun moment, ils ne ressentent ce dont je leur parle. Je vois ça quand ils se penchent sur une tombe, ou qu'ils sont dans une prière, ou qu'ils tiennent un objet ayant appartenu à l'homme ou à la femme qu'ils ont perdu -rien que de la façon dont ils entrent en eux-mêmes est fausse. Ça m'est égal, je ne suis pas là pour juger le vrai du faux. Je veux seulement essayer d'expliquer comment je sens les choses, comment je porte en moi ceux qu'on prétend disparus.
Et je me fous de ce que les gens disent de moi : "Oui mais lui c'est un fou, c'est un con, c'est un maniaque et en plus il est gros, il pue..."
Je les laisse dire, je sais qu'ils se trompent sur tout et qu'on st dans un monde où tout est faux.
(...)
Le passé, c'est ce qui te fait te sentir "lourd, pesant ecchymosé de toi-même.
(...)
Je me dis que ç'a été ma chance de ne recevoir aucune éducation, d'avoir été laissé libre et en jachère durant toute mon enfance, car ainsi je dispose d'une écoute universelle, je suis curieux de tout et tout m'élève, tout me semble beau, miraculeux même, car personne n'a jamais encombré mon esprit du moindre préjugé.

 
mes questions que je n'ai pas osé poser ou qui ne me sont pas venues sur le moment : 
-Puisque tout est faux je vous avertis que votre ventre lui il est faux pour de vrai.... à "l'insu de votre plein gré". Par contre votre sourire il est parmi les seuls véritables, car il sait quand il ment...
-Vous savez très bien qu'il y a de bons journalistes puisque vous leur confiez d'écrire sur vous.
-Les lettres volées je les ai lues dans les chiottes de la nièce de Roger Leehnhardt : Jacqueline.... elle + vous, ça m'a réconcilié à moi-même pour de bon.
-Quand on est gros c'est pour compenser  l'amour qu'on a pas reçu petit.
Je connais un homme qui m'a dit que les hommes buvaient car ils n'arrivaient pas à pleurer...l'ami de Jacqueline Christian Leclère avec qui elle allait chez Dédé sur la Montagne Ste Geneviève
Et moi qui ai repris tous les kilos que j'avais perdus, je dis que c'est pour résister aux trop grands chauds et froids. Pour tenter enfin un peu d'hiberner.
Je vous aime car vous avez fait aimer le théâtre par le cinéma notamment  dans Cyrano où à la fin vous êtes un incommensurable transmetteur.... surtout à la fin vous avez réussi à émouvoir ma maman, qui déteste en bloc de + en + le théâtre, le cinéma, la télévision, les livres, seule la  grande musique la touche encore et la politique elle, l'amuse....