Je fus armateur grec !

Publié le 08 décembre 2014 par Jacquesmercier @JacquesMercier

Alors que je présentais des émissions de radio, ma charmante directrice, qui me trouvait l’air un peu pâlot, avait décidé de m’offrir huit jours de repos.

Cette fois, elle me fait rejoindre la dernière semaine d’une croisière sur le mythique « Mermoz », lors de son escale à Athènes. Huit jours de reportage pour une émission spéciale en radio. Je ne gagnais pas encore très bien ma vie et surtout nous dépensions beaucoup. Je me suis donc retrouvé dans un autre monde.

Je passe rapidement sur mes démêlés avec le taxi entre l’aéroport d’Athènes et le port du Pirée, puisque je me débrouille très mal en langues étrangères ; d’autres démêlés avec la police grecque qui ne comprenait pas pourquoi je n’étais pas inscrit sur la liste des passagers et que j’arrivais en cours de route…

Pour en arriver au premier repas… On m’indique que je suis en première classe. Je me présente donc au premier pont, où le maître d’hôtel me reçoit avec une sollicitude exagérée. Il me dit que je suis attendu avec impatience. Je fais quelques pas et je me rends compte que tout le monde s’est arrêté de parler et me regarde avec curiosité. J’avance entre les tables jusqu’à la table d’honneur.

Là, deux jolies dames se lèvent et l’une d’entre elles, la plus jeune, court se blottir entre mes bras, m’embrasse avec fougue, me dit « Mon chéri, enfin ! » et a tout de même le temps de me glisser dans l’oreille « On vous expliquera, tutoie-moi ! »

J’embrasse l’autre dame et puis peu à peu les conversations reprennent, mais je reste le point de mire de la salle à manger.

A mi-voix, elles m’expliquent : la plus âgée est la femme du propriétaire des bateaux, l’autre est une de ses amies, Italienne. Elle est la femme d’un banquier parisien et a un chagrin d’amour. C’est pourquoi pour ne pas être draguée à tout moment – sachant qu’un journaliste montait à bord à Athènes – elles ont inventé qu’il s’agissait de son fiancé, un armateur grec !

Si j’avais la gentillesse de jouer le jeu en les tutoyant et en les accompagnant, elles en seraient ravies !

Voilà comment je suis devenu armateur grec pour une huitaine de jours.

J’adore la vie et ses méandres incroyables !

Interview près de l’Acropole, années 70…