Zanzi in the City

Publié le 26 mai 2008 par Daniel

(4.20)

Toutes les photographies de cette chronique sont (c) Zanzi.

Par un curieux clin d'yeux, je fus envoyé en mission à New York entre l'avant-première mondiale et la sortie officielle du film tiré de la série dont le titre a inspiré celui de ma chronique : Sex and the City.

C'était la première fois que je mettais les pieds dans cette ville internationale. J'avais déjà passé quelques jours aux États-Unis, c'était au siècle dernier, l'été 1996, pour les Jeux Olympiques d'Atlanta, les jeux du Centenaire. De l'Amérique, je ne vis alors que l'aéroport de Chicago (en transit) et la ville-phare du roman de Margaret Mitchell. Autant dire que cela fait une éternité. Depuis, le transport aérien et notamment vers et depuis les USA a basculé dans une psychose paranoïaque suite au traumatisme du 11 septembre 2001. C'est un fait irréversible : la sécurité des citoyens conduit à la stricte application du principe de précaution. J'eus donc, au départ de l'aéroport de Montrou, les honneurs de la « fouille au corps », par un agent qui – cependant – n'a pas eu l'audace de s'attarder sur mes fesses (poches arrières de pantalon obligent) et encore moins d'effleurer mon entre-jambes.

Moncton-désert dessert une fois par jour l'un des trois aéroports new-yorkais, malheureusement le plus éloigné : Newark, New Jersey. Ce qui m'a valu un trajet en taxi au prix astronomique de 120 dollars ! La course et les péages revenaient à 97 $, mais comme je n'avais que des billets de 20, mon chauffeur s'est offert un pourboire royal de 23 fois George Washington ! Je me dois de préciser que le vol étant très matinal (décollage à 6h15), je me suis réveillé à 4 heures du matin... À cette heure-là, un jeudi matin, les gens normaux dorment encore, mais vous savez déjà que je ne suis pas normal.


J'eus malgré tout la chance que l'un de mes collègues parisiens, qui venait faire une présentation dans le cadre de la réunion qui m'amenait à New York, avait dû décaler son vol, ce qui obligea l'intendance à revoir le programme et à le décaler d'une heure trente. Sans ce changement opportun, je serais arrivé en retard à la réunion... qui commençait par un petit déjeuner français ! Après la première intervention sur l'objet de ce séminaire qui est ultraconfidentiel et fait de moi un agent double zéro (sexe ?), le déjeuner eut lieu aux frais de l'employeur dans une brasserie typiquement parisienne. Champagne, fine cuisine, collègues sympas... Les aspects professionnels de cette journée n'étant d'aucun intérêt pour mon lectorat, encore que je dois vous confesser à ma grande honte que j'ai un peu dragué (mais de façon presque imperceptible) mes collègues Étienne de la Nouvelle-Orléans et Bruno de New York (nous portons tous des noms aristos), mais sans, je le crains, la moindre chance de les séduire... Ce n'est pas facile d'être le beau gosse du groupe. Plaignez-moi !


Je passai ma première nuit à l'hôtel Newton, dans le haut de Broadway. C'est un hôtel que le guide dernier cri de Lonely Planet, New York en quelques jours, par ailleurs déjà obsolète, décrit comme étant pour les petits budgets. Comme cette nuit-là, c'était mon employeur qui payait, j'avais décidé de me remettre de cette avarice en m'offrant pour les trois nuits suivantes une chambre au Waldorf Astoria. Dernièrement j'avais l'esprit tellement à l'Ouest que pour ce séjour sur la côte Est, j'ai en fait confondu deux hôtels.


Je croyais descendre dans celui qui servit de décor au film Maman j'ai encore raté l'avion, mais en fait il s'agissait du Plaza. C'est pourquoi je fus un peu surpris de ne pas voir Central Park depuis l'entrée de l'hôtel. Je fus vite consolé en apprenant que c'est au Waldorf Astoria que Marilyn Monroe vécut pendant quelques mois en 1955, dix étages au dessus du mien, et que Grace Kelly et Rainier III y annoncèrent leurs fiançailles dans la suite Conrad, le 6 janvier 1956.


Vous vous demandez certainement ce que j'ai fait à New York ? Eh bien, du tourisme ! Pas de sexe dans la city, je vous assure. J'ai tellement marché que mon pied droit a dû porter deux pansements. J'avais acheté des chaussures de ville neuves pour ma réunion de travail, et oublié mes baskets... J'en reviens au tourisme. Sauf samedi 17 mai, il a fait un temps de chien. Vendredi je me suis prélassé dans ma baignoire, et le soir je suis allé dîner dans un restaurant italien du coin, après avoir acheté un parapluie à la boutique de l'hôtel. Samedi, journée de beau temps fut celle de mon marathon touristique : le Rockefeller Center et sa vue panoramique depuis le « Top of the Rock », le pont de Brooklyn (aller-retour à pied !), Manhattan, Ground Zero le site de feu le World Trade Center et la chapelle Saint-Paul avec son vieux cimetière aux pierres tombales dont les plus anciennes datent du 18e siècle (il y en a même une dont la défunte trépassa le 11 septembre 1796 !) et à l'intérieur son autel à la mémoire des disparus des Tours jumelles. Puis je suis remonté vers le Met, mais fatigué j'ai préféré m'allonger sur la pelouse de Central Park où je pris un coup de soleil sur le visage.


Samedi soir je suis sorti pour découvrir Chelsea mais, était-ce le fait d'y aller en solitaire, je n'y ai rien trouvé qui vaille le détour. J'ai payé 20 dollars pour découvrir qu'une boîte de nuit soi-disant courue par la communauté gay (gaie ? gaye ? gné ?) était remplie de nanas qui ne payaient pas l'entrée, elles, et qui venaient draguer des mecs. Je me dois donc de dénoncer ce club : c'est le Hiro. N'y allez pas, c'est inutile. Puis la pluie revint dimanche, avec la lassitude. Un brunch avec un ami de Facebook, une balade sous la pluie pour découvrir que j'étais déjà passé par là vendredi soir avec mes collègues, et je suis rentré faire la sieste.


En fin de journée, une éclaircie me fit sortir en toute hâte pour admirer le coucher du soleil en haut de l'Empire State Building, mais le temps d'y arriver, de faire la queue (non, pas celle-là bande de pervers) et d'atteindre le 86e étage du plus haut gratte-ciel de New York, le soleil avait déjà tiré la couette et le manteau de la nuit recouvrait peu à peu les dernières lueurs du jour mourant. Cependant je fis d'assez jolies photos de la ville... Toutes ces lumières, toute cette électricité consommée... C'est d'une beauté presque irréelle mais qui couve la crise énergétique et un désastre pour l'humanité. Pourtant, ce soir-là, je me suis dit que les étoiles n'étaient pas dans le ciel mais sur la terre, des étoiles de toutes les couleurs : rouge, jaune, orange, vert, bleu, blanc, rose... Et au-dessus, trônant comme la reine de cette nuit scintillante : la pleine lune. Et moi, sous la flèche qui vit King Kong se débattre contre des avions de l'armée des yankees, j'étais comme l'Empereur de l'Empire, figure crépusculaire façon Gotham City !



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