[critique] le Château dans le ciel : melting-pot uchronique

Par Vance @Great_Wenceslas

Ce film un tantinet trop long reste une splendeur visuelle et un régal de poésie. Une histoire fantastique dans un monde uchronique où la machine à vapeur constitue le tout-venant de la technologie, les automobiles étant rares et les dirigeables sillonnant le ciel. Un monde où le temps semble s’être arrêté au début du XXe siècle, comme celui de Kiki. Où les aventures relatées dans les Voyages de Gulliver appartiennent à l’Histoire.

Il s'agit d'un véritable melting-pot des inspirations de Miyazaki : au milieu d’une Nature bienfaisante et magnifiée, les hommes se lancent à corps perdu dans une révolution industrielle imprudente, sans se soucier de leurs racines et de la préservation de l’écosystème (Mononoké ne dit pas autre chose, on pourrait presque estimer que le Château dans le ciel est un futur possible de Mononoké, et un préalable éventuel à Nausicaä). Dans ce cadre commun à presque tous les films du maître, les vieux sont toujours présents, garants du savoir perdu, mentors et guides, dont la laideur n’a d’égale que la sagesse. Et c’est sur deux enfants que reposent les enjeux d’une quête tout autant spirituelle que matérielle, deux enfants innocents nourris de rêves et confortés par un amour pur et invincible. L’un, le garçon, est débrouillard, généreux et vif ; il ne désire que pouvoir prouver que son défunt père avait raison lorsqu’il a cherché à prouver l’existence de Laputa, le fameux château dans le ciel. L’autre est une fille tombée des nuées, détentrice d’une « pierre volante » et poursuivie comme il se doit par des soldats bornés et des pirates pittoresques. Comme dans Porco Rosso, on se prendra d’affection pour ces derniers, grandes gueules mais bon fond. Et on suivra avec ardeur les pérégrinations de nos enfants à la recherche d’un mythe, de ses trésors et de sa puissance de destruction inouïe. Au-delà de la quête de ses origines, il s’agira pour eux d’éviter que cela ne tombe entre de mauvaises mains.  

Beaucoup de séquences renvoient à d’autres films, ultérieurs (l’arbre géant fait penser au camphrier de Totoro, le finale rappelle celui de Mononoké), d’autres font écho à l’humour et à la dérision présents dans la série Sherlock Holmes ou le Château de Cagliostro (les poursuites en voiture/train, les bagarres, les aéroplanes, les effets de foule avec l’invasion des militaires) et la partition de Joe Hisaishi elle-même donne des mesures qu’on reconnaîtra dans d’autres thèmes (Totoro encore). Moins complexe que le Château ambulant, peut-être un peu plus naïf, il n’en demeure pas moins un spectacle fabuleux et brillant.

Les tons pastels, et les couleurs sont plus contrastées que sur le DVD malgré des effets de lumière très vifs : globalement, l'image est agréable et sans réels défauts. Le design des personnages trahit quand même l’âge du métrage. Le doublage VF, plutôt piquant, s'avère moins convaincant que pour Chihiro, Totoro ou Porco Rosso, mais tout de même supérieur à la version anglaise (ils ont tendance à prendre des voix trop mûres pour les enfants). 

  

Titre original

Tenku no shiro Rapyuta

Mise en scène 

Hayao Miyazaki

Date de sortie

15 janvier 2003 avec Buena Vista

Scénario 

Hayao Miyazaki 

Distribution 

La voix d'Anna Paquin en VA

Photographie

Hirokata Takahashi

Musique

Joe Hisaishi

Support & durée

Blu-ray Ghibli (2011) region 2 en 1.85 : 1 / 124 minutes

Synopsis : Retenue prisonnière par des pirates dans un engin volant, la jeune Sheeta saute dans le vide en tentant de leur échapper. Elle est sauvée in extremis par Pazu, un jeune pilote d'avion travaillant dans une cité minière. Les pirates leur donnent la chasse.
Au terme d'une course-poursuite effrénée, Sheeta se confie à Pazu, lui avouant qu'elle est la descendante des souverains de Laputa, la cité mythique située dans les airs. Elle est par conséquent la seule détentrice du secret de Laputa que le chef des armées, le cruel Muska, cherche à percer.