Raymond Soubie, PDG d’Alixio et de Taddeo, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy: "C'est l'intérêt du pays que la CGT retrouve sa force"

Publié le 09 décembre 2014 par Blanchemanche
#CGT
Raymond Soubie, analyse la crise qui menace le secrétaire général Thierry Lepaon.


Le patron de la CGT, Thierry Lepaon. (MAXPPP)

Il reste en poste mais jusqu'à quand? Le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, va rendre des comptes mardi à sa commission exécutive, puis aux secrétaires généraux réunis exceptionnellement, avant le 16 décembre. Ces instances n'ont pas le pouvoir de le destituer. La centrale va, formellement, exiger plus de transparence et d'éthique. Mais l'avenir du patron de la CGT reste en suspens après une série de révélations sur les travaux réalisés dans son appartement et son bureau, et son chèque de départ de la fédération de Basse-Normandie. Samedi, une première fédération, le SNJ-CGT, a réclamé sa tête.
Thierry Lepaon, pourtant très attaqué, a, pour l'instant, sauvé son poste à la tête de la CGT. Comment expliquez-vous ce scénario?
Beaucoup estiment que Thierry Lepaon doit partir. Lui-même semble vouloir rester. Une question se pose : en cas de départ, que se passerait-il? En réalité, personne ne s'impose comme successeur. Les querelles ne demandent qu'à se rallumer. Je ne vois pas la CGT en état, aujourd'hui, de désigner un secrétaire général rassembleur. Le long règne de Bernard Thibault avait masqué les divisions et l'affaiblissement idéologique.Que se passe-t-il, au fond?
Toute cette affaire vient de loin. Elle n'aurait pas cette importance s'il n'y avait pas autant d'interrogations majeures sur la CGT elle-même. Quelle est la feuille de route de l'organisation? Quel discours tient-elle aux salariés? Ne doit-elle signer aucun accord national? Pendant longtemps, la CGT a été tenue par des responsables issus du PCF. Ils représentaient une ossature unie et formée, tout en étant eux-mêmes formateurs des jeunes syndicalistes. Cette génération part à la retraite et, avec elle, une doctrine et une autorité s'en sont allées.«La crédibilité des syndicats est à un niveau historiquement bas»
Cette crise dépasse donc le cadre de la centrale.
Oui. Les retombées de l'affaire Lepaon touchent l'ensemble du syndicalisme et des organisations. La crédibilité des syndicats auprès des salariés est à un niveau historiquement bas. La crise de la CGT va accentuer cet affaiblissement. Ce n'est pas bon pour le dialogue social et cela risque de libérer des forces non maîtrisées, conduire certains à se radicaliser sans être encadrés. C'est l'intérêt du pays que la CGT retrouve son unité, sa force et arrête un programme clair pour notre temps.Son opposition systématique aux gouvernements pose la question de cette utilité. En ne signant rien, elle ne change rien?
La CGT signe beaucoup d'accords dans les entreprises. Au niveau national, ce n'est pas le cas. Dans la période récente, elle a paraphé l'accord sur la formation professionnelle en 2009, mais cela s'arrête là. Elle ne veut pas donner le sentiment de cautionner des choix qui, souvent, débouchent sur des lois. Il ne serait pourtant pas anormal qu'une CGT forte signe des accords et ne se cantonne pas à une opposition systématique.«La CGT perd du terrain dans ses bastions»À quoi cela tient-il, selon vous?
Lorsqu'on a du mal à définir une doctrine, on se replie sur soi.Son recul prévisible aux élections dans la fonction publique, dont les résultats seront connus mardi, est-il une cause ou une conséquence de cet affaiblissement?
La CGT a été longtemps la principale centrale, une référence incontournable, compte tenu de son poids historique et militant. Elle perd du terrain dans ses bastions, chez EDF, Orange, à la SNCF… C'est le signe du malaise.Nicolas Prissette - Le Journal du Dimanchedimanche 07 décembre 2014
http://www.lejdd.fr/Economie/Raymond-Soubie-C-est-l-interet-du-pays-que-la-CGT-retrouve-sa-force-705154