Turner : langueur et longueurs…

Publié le 08 décembre 2014 par Artyficielles

Je me réjouissais d’aller découvrir M.Turner au cinéma Louxor, magnifique cinéma des années 1920, à Barbès, restauré et réouvert récemment en 2013.

Difficile d’être objective sur ce long métrage..
Passionnée de peinture, je lui trouve bien entendu sa raison d’être car il y a finalement assez peu de films sur la vie des peintres.

San Giorgio Maggiore, au petit matin
Aquarelle
1819
Tate Gallery, Londres

L’interprétation de l’acteur principal Timothy Spall est certes magistrale ainsi que la lumière de la photo mettant parfaitement en valeur ce « Peintre de la Lumière », comme on se plaisait à le qualifier.
Un bon moment d’esthétisme en somme… Mais… le scénario est d’une telle platitude ! On n’apprend finalement que très peu de choses sur le peintre et sa vie. J’aurais aimé en découvrir un peu plus sur ses relations avec ses contemporains, en particulier sur ses commanditaires…

Now for the painter, (Rope) Passagers montant à bord (Pas-de-Calais) 170×224 cm, 1827 Manchester City Art Galleries

On sait qu’il subit l’influence d’artistes tels que Willem Van de Velde le Jeune, peintre de marines néerlandais du XVIIème siècle, Albert Cuyp, peintre de paysages néerlandais lui aussi, John Robert CozensRichard WilsonClaude Gellée dit Claude le Lorrain ou encore Nicolas Poussin, maîtres du paysage.

En dépit de la grande interprétation de l’acteur Timothy Spall qui traduit parfaitement l’enveloppe rustre et abrupte de l’artiste et son mode de cie particulier, on ne saisit pleinement ni l’importance du travail de l’artiste de son vivant, obsédé par les paysages, ni la perception qu’ont de lui ses contemporains.. Le film le montre dans un milieu très aisé, au cœur de la haute bourgeoisie et de l’aristocratie anglaise.

Pluie, vapeur et vitesse,
le chemin de fer de la Great Western
1844
National Gallery, Londres

Après un apprentissage à la Royal Academy, Turner connaîtra apparemment très jeune le succès et l’aisance, et jouira d’une immense réputation, puisque qu’il a été élu académicien titulaire à vingt-sept ans. Insatiable voyageur solitaire, il parcourut l’Europe, en particulier l’Italie, la France, l’Allemagne, la Suisse et la France même. Précurseur de l’impressionnisme et indirectement de l’abstraction, peu à peu il dissout les détails du sujet dans des atmosphères brumeuses, parfois violentes et colorées. On comprend donc que l’évolution de sa peinture à l’huile, étonnamment moderne, ne fut pas comprise, à la fin de sa vie,  par la majorité de ses contemporains qui parlèrent des « délires » de l’artiste.

Voulant à tout prix passer à la postérité, il a légué une grande partie de son œuvre à la nation.

Un « jusqu’au-boutiste »… pleinement dédié à son art