Wolf, le film hollandais qui réinvente la Haine..

Par Filou49 @blog_bazart
12 décembre 2014

Encore un film sélectionné au dernier Festival du Film Policier de Beaune que je n'avais pu voir malgré d'excellents échos, et comme Les 3 crimes de West Menphis, "Wolf" ( à ne pas confondre avec le pas terrible film du regretté Mike Nichols avec Nicholson en loup garou), premier long métrage du cinéaste hollandais Jim Taihuttu est sorti directement en DVD en France  ( depuis le 4 novembre dernier, chez ARP) sans passer par la case salles.

Mais contrairement au film d'Atom Egoyan, franchement décevant, ce "Wolf" aurait pu largement trouver un distributeur français tant le film est d'excellente qualité.

"Wolf" est en effet un film brutal et amer sur l’état des banlieues européennes,  sans fioritures, qui atteint son but: toucher et atteindre le spectateur à l'estomac, comme le fait son héros, boxeur amateur, à ses pauvres victimes.

 A Beaune, tous ceux qui l'avaient vu et avec qui j'avais pu parlé ne manquaient pas de  comparer Wolf  à "La Haine" de Mathieu Kassovitz aussi bien pour son noir et blanc mais surtout pour le sujet qu'il traite et sa vision plutot noire de la banlieue (en même temps, dès qu'un film parle de banlieue, on a tendance à le comparer avec celui de Kasso, cf le film d'Abd Al Malik sorti mercredi dernier en salles) .


 Si sa parenté avec La Haine est une évidence et que le réalisateur lui même reconnait que le second long métrage de Kassovitz est un de ses films préférés, et qu'il a pu largement s'en inspirer pour son long métrage,  le film vaut à mes yeux, bien mieux qu'un simple décalque de "la Haine".

En se focalisant un peu plus que le faisait Kassovitz sur la vie au delà des banlieues, et notamment sur les difficultés d’intégration de la population d’origine immigrée, Jim Taihuttu maitrise parfaitement son sujet et nous montre des personnages perdus dans un quotidien où il s'avère délicat de maitriser sa violence intrensèque et où le fric est forcément  le centre de toute les attentions.

Alors, si on est surpris de voir que les cités hollandaises ressemblent étrangement aux banlieuses hexagonales, on aime le regard plein d'humanité du cinéaste sur son personnage principal, Majid qui, au début du film sort de prison,  et supporte mal une vie dont il ne veut pas, préférant de loin continuer à vivre de petits larcins et surtout de la boxe qui lui permet d’évacuer sa rage.

Cet amour du combat lui vaudra d’être approché par la pègre, qui veut de lui comme homme de main, l’entraînant dans une spirale qui pourrait parfaitement le faire chavirer définitivement.

Dans le rôle de Majid,  ce jeune homme à la dérive, taiseux et dont les rages sont imprévisibles, Marwan Kenzari (parfaitement inconnu dans nos contrées), offre une prestation éblouissante, parvenant à transmettre les émotions les plus intenses d’un simple regard ou d'un simple mouvent du corps. Les scènes avec son frère agonisant à l'hôpital donnent  par ailleurs au film un surplus d'émotion dont "la Haine" était pour le coup dépourvue.

Plus qu'un simple film de voyous comme le cinéma nous en a montré des centaines de fois, ce "Wolf", réaliste et prenant fait mieux qu'imiter "La Haine", il  la ré-invente purement et simplement .