Ecologie : le bal des courtisans est ouvert

Publié le 12 décembre 2014 par Bioaddict @bioaddict
L'écologie est devenue un thème prioritaire pour les partis politiques dont le FN qui vient de créer son " collectif écologie patriote ". Faut-il s'en réjouir ou s'inquiéter ?

Quel succès pour l'écologie en ce moment. Jamais elle n'a été autant courtisée par les politiques. Tous se l'arrachent. François Hollande a carrément déclaré qu'il avait choisi ce thème pour laisser une trace dans l'Histoire (à l'occasion de la Conférence Environnementale 2014). Ce n'est pas rien ! Ségolène Royal, elle, se bat, à la hussarde souvent, pour faire avancer la transition écologique et énergétique, et prépare déjà la prochaine Conférence climat (COP 21) qui va se tenir à Paris en 2015, et dont elle veut faire un succès mondial grâce aux engagements qui devraient être pris par la plupart des pays, dont bien sûr les plus grands. Avec une petite idée derrière la tête pour les élections présidentielles de 2017. On ne sait jamais... Et la dernière en date à déclarer son amour pour l'écologie est Marine le Pen, Présidente du Front National. Elle vient en effet de lancer officiellement, ce mercredi 10 décembre 2014, la structure écologiste de son parti politique, appelée " Collectif Nouvelle Ecologie ".

Face à ces assauts dans son pré carré, Europe Ecologie Les Verts (EELV) semble quelque peu désorienté et assiste impuissant à la fin de son monopole sur l'écologie... L'écologie n'est plus considérée en France comme une valeur de gauche, mais comme une discipline qui fait appel à des valeurs conservatrices dont la droite se réclame.
Faut-il se réjouir de ce mouvement de fond en faveur de l'écologie ? Sans aucun doute, oui. Car cela veut dire qu'il y a aujourd'hui une prise de conscience collective telle qu'il n'est plus envisageable pour les politiques de rester à l'écart de ce sujet ou de le traiter avec légèreté. Mais ne soyons pas naïfs et restons critiques sur les programmes opportunistes qui peuvent nous être présentés.

Le Front National et l'écologie patriotique

Ainsi le Front National en lançant son collectif, qui sera dirigé par l'économiste Philippe Murer, veut aboutir à des propositions concernant l'écologie que Marine le Pen reprendra dans son programme lorsqu'elle se présentera aux élections présidentielles en 2017. Et elle annonce la couleur : l'écologie doit être selon elle " patriote ". Car le patriotisme lui semble le bon moyen de " relancer la croissance en France en investissant dans le développement durable , tout en réalisant la transition énergétique nécessaire au pays " et de " créer des millions d'emplois ".

Pour atteindre ses objectifs le Front National veut jouer la carte du patriotisme qui repose sur le consommer local afin de privilégier les circuits courts, économes en énergie et beaucoup moins polluants. Mais Marine le Pen ne va pas jusqu'à dire qu'il faut consommer bio. Elle n'est pas contre l'énergie nucléaire. Ni contre les gaz de schiste mais seulement contre la technique de la fracturation hydraulique pour l'extraire. Ni contre les OGM. Quant à la défense de l'environnement, de la biodiversité, et la lutte contre le réchauffement climatique, si des actions doivent être obligatoirement menées au niveau des Etats, elles ne seront pas suffisantes et ne peuvent s'envisager qu'au niveau international car la planète est un tout qui ne connait pas de frontières. Et quid des valeurs de solidarité, de partage, d'équitabilité dont se réclame l'écologie ?

Pour pratiquer le protectionnisme économique Marine le Pen veut en outre " avoir la main sur la banque centrale et sur notre monnaie". Et c'est la Banque de France qui devra fournir " 1500 milliards d'euros aux entreprises pour la transition énergétique". Cela veut dire que la France devra abandonner l'Euro comme monnaie et quitter l'Union Européenne. Est-ce possible ? Quelles en seront les conséquences pour notre pays ?

Si Marine le Pen en lançant ce " Collectif écologie " se démarque de son père, et c'est une bonne nouvelle, qui affirmait que l'écologie était une "nouvelle religion des populations urbaines aisées 'bobos gogos' de l'Occident", il ne faudrait pas que l'écologie soit prise en otage par les politiques pour seulement servir leurs intérêts, car la planète est en grand danger. Et pour la plupart des scientifiques, son avenir très proche dépend des décisions globales que vont être prises par notre génération.

Hervé de Malières

Retrouvez plus d'infos sur le Collectif Nouvelle Ecologie sur le site collectifnouvelleecologie.fr