13 décembre 1914, à 10 h les obus pleuvaient sur la ville mais nous étions de retour à La Haubette

Par Cantabile @reimsavant

Canonnade assez violente et bombardement.

- Dans Le Courrier, sous le titre "Correspondance" et le sous-titre "Ne pas confondre censure militaire et censure civile", nous lisons ceci :

Monsieur,

Je ne viens pas à mon tour entamer de polémique au sujet de la censure civile qui me semble vous tenir et avec raison tant à cœur. Tout le monde reconnaît que certains excès de zèle doivent prêter légitimement à récrimination. Mais il faut que le public sache bien que la censure militaire, elle, est une nécessité impérieuse du temps de guerre. Au point de vue militaire, la plus grande prudence doit être de règle et il vaut mieux prendre en patience certains abus que de s'exposer à des dangers qui sont loin d'être imaginaires.

En voulez-vous un exemple ?

Un jour, un certain nombre de projectiles tombaient en un endroit que je désignerai pas. il était évident pour moi que l'ennemi visait un but qui avait pour lui quelque importance. Le tir en ce cas aurait été très précis en direction, mais il y avait quelque erreur, faible d'ailleurs, en portée. Si vous aviez le lendemain désigné les immeubles atteints, le renseignement eût été très utile aux Allemands pour régler leur tir, qui eût été cette fois certainement plus précis. Je sais bien qu'ils ont assez d'espions pour connaître bien des choses dans notre pauvre ville, mais du moins ce n'est pas à nous de favoriser leur besogne.

Veuillez agréer, Monsieur, mes sincères salutation.

Un de vos lecteurs.

- Plus loin, on remarque dans le journal, l'emplacement d'un article dont il ne subsite que le titre "Dans Reims". Tout le reste a été caviardé.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

Dimanche 13 - Nuit tranquille. Prières publiques pour la France (voir Lettre collective, n° 73, p. 307). Assisté à la messe rue du Couchant, quand je n'étais pas appelé ailleurs parmi les soldats.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

13 - Dimanche - Grand vent. Nous profitons de l’accalmie pour moi et Lucie pour aller chez Paul y chercher quelques marchandises. Départ à 7 h du matin ; à 9 h du matin nos grosses pièces commencent le bal, alors nous déguerpissons de chez Paul au plus vite dans la crainte de la riposte, ce qui en effet ne se fit pas attendre longtemps car à 10 h les obus pleuvaient sur la ville mais nous étions de retour à La Haubette.

A 2 h 1/4 du soir, quand j'écris ces lignes nos grosses pièces tirent toujours, mais pour le moment pas de réponse, il ne faut cependant pas s'en réjouir outre mesure car, d'un moment à l'autre, ça peut changer.

Nuit assez Calme, mauvais temps, grand vent.

Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918

Voir ce beau carnet visible sur le site de petite-fille Marie-Lise Rochoy

La Haubette

Haubette, lieu-dit La - Ce lieu-dit était une partie de ce qui est actuellement l'avenue de Paris, entre l'avenue d'Epernay et la commune deTinqueux où il se poursuit sous le même nom. Ce nom es...

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