L'art anglo-saxon du changement

Publié le 14 décembre 2014 par Christophefaurie
Toutes les cultures semblent posséder une technique qui permet à l'individu de faire travailler pour lui un groupe humain. Celle des Anglo-saxons est originale :


"The Man Who Would Be King" by Allied Artists - IMPAwards. Licensed under Fair use of copyrighted material in the context of The Man Who Would Be King (film)">Fair use via Wikipedia.
Kipling, dans L’homme qui voulut être roi : deux sous-officiers utilisent la technologie moderne (le fusil) pour provoquer une guerre fratricide au sein d'un Etat afghan, de façon à profiter du chaos pour le mettre à sac. Master of the Universe conte la même histoire, mais à notre époque. Et le sergent est remplacé par le trader. L'Afghanistan par le monde.
Le sergent et le trader sont des "suckers", terme financier technique qui identifie un gogo, avec peut-être un ascendant collabo (idiot utile ?). Il croit être le maître du monde, alors qu'il tire les marrons du feu pour un autre : les classes supérieures victoriennes ou Goldman Sachs. 
Maintenant, comparons cette approche à d'autres. Aristote décrit la "démagogie", qui disloque une société et permet à un individu d'en prendre les commandes. (Remplacez la loi par le caprice populaire ; sans guides, le peuple devient animal collectif, mû par des désirs primaires.) De même les révolutions culturelles de Mao sont la mise en mouvement de tout un peuple par une personne. 
Par rapport à ces techniques, celle des Anglo-saxons ne cherche pas à amener un individu à dominer durablement un groupe. L'erreur du héros de Kipling est d'avoir voulu être roi. Son objectif est de détruire le groupe afin de s'accaparer ses biens. A l'image des pionniers américains qui faisaient brûler leur maison, lorsqu'ils déménageaient, pour en extraire rapidement les clous. Pour l'Anglo-saxon, la matière compte plus que l'homme, apparemment.