Comment être déshéritée en participant à un documentaire sur le sexe

Publié le 13 juin 2010 par Pimpmynews

Évidemment, l’idée d’être répudiée m’a plus qu'effleuré l’esprit. Néanmoins, si j’avais commencé une liste des choses à faire avant de finir vieille fille avec ma dizaine de chats puants, je crois que cette expérience en aurait fait partie.

   Un camarade m’envoie donc un jour une annonce d’une réalisatrice : « Tiens, j’ai pensé que ça pourrait t’intéresser ! » Mince alors, l’intitulé étant « Êtes vous heureuse ? » Les femmes et la sexualité, comment dois-je le prendre ??? Après avoir retourné la question quelques centaines de fois dans mon esprit, je devais me décider tout en sachant que je risquais de passer à la télévision, sur une chaine publique qui plus est ! Bon, à ma décharge, le documentaire ne sera pas diffusé sur NRJ 12 ou W9 (je n’ai rien contre elles, mais avouez que passer sur la même chaine que Dilemme ça donne déjà moins de crédit à notre discours ...)

Je passerai sur le long et périlleux questionnement, à la limite de l’existentialisme qui accompagna cette réflexion de quelques jours (pourquoi suis je sur Terre, serait ce un bon moyen de laisser une trace après ma mort … blablabla), je me suis laissé tenter. Après tout, autant ne pas regretter.

Le jour fatidique. Moi, en robe légère (ben oui, la caméra quand même), je me gelais le derrière. Mais l’ambiance chaleureuse a tout arrangé. Un petit retard dans le planning m’a permis d’aller grignoter (bon, ok, une entrecôte et un verre de rouge, mais c’était pour le stress). De retour dans le studio, ma foi, plutôt agréable, la réalisatrice et son assistante, ont la bonne idée, de faire une pause et décident d’ouvrir une petite bouteille de blanc. Nous en profitons pour discuter plus tranquillement. Les autres « témoins » sont sympathiques, de 18 à 60 ans. Je pensais ne trouver que des femmes extraverties, à la parole facile. Quel ne fut mon étonnement lorsqu’à mon arrivée je vis une jeune fille aux cheveux longs, à l’allure simple, jean pull et regard timide. Cette rencontre m’a rassurée. Malgré tout, une femme d’une trentaine d’année a ensuite fait son apparition, celle-ci était plutôt une adepte du tantrisme … why not !

Mon tour arrive, on me pose un micro, m’invite à m’installer confortablement sur le petit canapé qui décorait le studio. Une caméra est braquée sur moi, on commence à discuter et à me questionner : qu’est ce que je reproche aux hommes au lit ? Quel rapport entretiens-je avec les sextoys ? Etc. J’avais la possibilité de ne pas répondre à des questions qui m’embarrasseraient. Mais le témoignage, d’une durée d’environ 20 minutes, pour reprendre le slogan du blog de Maïa Mazaurette, « parler de sexe sans parler de cul », n’avait rien pour mettre mal à l’aise. Peu à peu, les muscles se décontractent, les rires deviennent moins gênés, un climat de détente et de complicité s’installe. Ma seule frustration, finalement de ne pas mettre allongée à la romaine sur le canapé, l’air songeur pour donner un peu plus d’érotisme à ma posture !

Sans rire, ces expériences (bénévoles précisons-le) sont à prendre. Elles ont l’avantage de montrer l’envers du décor de ce genre de documentaire, de rencontrer des personnes toutes plus intéressantes les unes que les autres et de s’endormir le soir en se disant, « tiens, j’ai fait quelque chose d’un peu décalée aujourd’hui ». Un conseil si vous en parlez à votre famille, asseyez votre père. Pour lui, imaginez sa fille parler de sexe et plus encore de ses propres expériences est une épreuve. Mais bon, quitte à être le vilain petit canard de la famille, autant jouer le personnage à fond. Néanmoins, en fille respectueuse et aimante, mon prénom seulement apparaitra au générique. On ne sait jamais, je tiens à mon héritage quand même …

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