Voyage interstellaire avec Olafur Eliasson

Publié le 18 décembre 2014 par Marcel & Simone @MarceletSimone

La Fondation Louis Vuitton, qui a ouvert en Octobre dernier, a inauguré lundi sa nouvelle exposition. Marcel et Simone y étaient !

Eliasson et Vuitton

Après l’exposition consacrée à Frank Gehry, l’architecte du bâtiment, la fondation fait honneur à Olafur Eliasson. Danois d’origine islandaise, il est la star des installations à sensations. Sa collaboration avec la maison Louis Vuitton ne date pas d’hier. En 2005, cette dernière lui avait commandé une œuvre pour son espace culturel, situé au dernier étage de son enseigne des Champs Elysées. Pour y accéder, l’artiste conçoit un ascenseur sans son ni lumière. Cette ascension est une véritable expérience sensorielle. Olafur confie qu’il imagine cet ascenseur installé dans la tour Eiffel pour que le phénomène soit pleinement perceptible. L’année suivante, Yves Carcelle, président de la société, lui demande d’intervenir dans les vitrines des magasins de la marque. La première exposition d’envergure du danois s’est déroulée à Paris, en 2002, au musée d’Art moderne de la ville de Paris, alors dirigé par Suzanne Pagé, aujourd’hui directrice artistique de la Fondation. Rien n’est dû au hasard.

Pour ce nouveau lieu, Olafur Oliasson réalise une œuvre pérenne, Inside the horizon, une série de 43 colonnes lumineuses, installées dans le Grotto de la Fondation. Seuil d’entrée d’un monde souterrain, physique et psychique, elles créent un kaléidoscope sous le bâtiment de Gehry. Pour cette exposition, il les a enrichies d’une composition sonore réalisée par son ami, Samuli Kosminen, percussionniste finlandais.

Contact

« Mon exposition à la Fondation Louis Vuitton examine le seuil de nos perceptions et de notre savoir, de notre imagination et de nos attentes. Elle interroge l’horizon qui sépare, chez chacun d’entre nous, le connu de l’inconnu. »

Olafur Eliasson s’interroge sur la place de l’homme dans son milieu et invite le spectateur à pénétrer dans un espace multisensoriel.

L’artiste a eu carte blanche dans le navire de Frank Gehry et a décidé de lui rendre hommage. Chaque œuvre est liée au bâtiment et à sa poétique. Il nous livre une œuvre d’art totale. A l’entrée une météorite, tombée en Sibérie en 1947, matière extraterrestre à caractère symbolique, nous invite à s’extraire de l’espace terrestre. L’exposition présente deux pièces majeures. La première, Map for unthough toughts joue avec nos ombres. Le spectateur est au centre de l’œuvre, dans un cercle parfait. Grâce aux miroirs et à une source lumineuse, son ombre est transposée sur les murs. L’espace est propice aux selfies !

Un tunnel sombre, tracé suivant les courbes du signe de l’infini nous emmène vers la seconde œuvre, Contact, qui donne son titre à l’exposition. Si la première pièce était à température froide, la seconde nous déstabilise par sa chaleur. Le sol est incliné, symbolisant une sphère terrestre. Plongée dans le noir, une seule ligne d’horizon rouge feu nous éclaire. On ressent une sensation de malaise et d’enfermement. « Vous avez l’impression de devenir l’habitant d’un soleil en pleine éclipse » nous dit l’artiste. Eclipse, monde cosmique, il nous transporte loin de nos repères.

L’exposition est scandée par trois sphères en verre qui ouvrent une fenêtre sur le monde extérieur, un « contact ». Le parcours s’achève par Big Bang Fountain, une fontaine d’eau illuminée par des stroboscopes.

Olafur Eliasson crée des espace vides d’objets mais qui réveillent nos sensations et développe notre imaginaire. Il porte une grande attention à la lumière et à sa place dans l’espace. Il est héritier des recherches poétiques d’artistes comme James Turrell ou Dan Flavin.

Seul objet de l’exposition, Dust of Particle, est suspendu au cœur du bâtiment. Reliée à un « sun tracker », installé sur le toit du bâtiment, elle illumine par intermittence le hall de la Fondation. Cette boule à facettes exprime toutes les préoccupations de l’artiste.

Cette exposition, un peu courte mais mérite tout de même le détour. Elle propose une véritable immersion. L’absence de cartels, de textes laissent libre cours à l’imagination. Pour les plus curieux, les médiateurs vous proposent une visite pointue.

Méga star de l’art contemporain, les œuvres d’Olafur Eliasson sont malheureusement liées à une stratégie de marché. Lundi, il nous a accueillis avec un Little sun, autour du cou, œuvre qui diffuse une lumière saine et pure. Elle est évidemment en vente dans la boutique pour la somme dérisoire de 120 euros.

En parallèle de chaque exposition, la Fondation présente une nouvelle sélection de sa collection permanente et ses acquisitions récentes. Une salle est consacrée à de très belles pièces de Giacometti. Suzanne Pagé présente ce mois-ci des photographies de Wolfang Tillmans et les Cloud Paintings de Sigmar Polke, grande figure de la peinture du XXème siècle. Elles sont installées autour d’une météorite qui fit écho à celle d’Eliasson. Jetez un coup d’œil aux poupées effrayantes d’Annette Messager et à notre coup de cœur de ce nouvel accrochage, les photographies monumentales de Tacita Dean, artiste irlandaise. Elle réalise des portraits d’arbres et de massifs rocheux et des dessins sur albâtre.

Olafur Eliasson, Contact

17 décembre 2014 – 16 février 2015

Tous les jours sauf le mardi

Tarif: 14 euros / réduit : 10 et 5 euros