L'Entité

Publié le 24 décembre 2014 par Hunterjones
Et au 8ème jour, l'entité fût anéantie.
Personne ne savait qui il était, mais ils savaient tous où il était.
Il était nulle part.
Je parle de Luca Rocco Magnotta.
Son avocat a bien tenté de nous vendre l'idée qu'il n'avait pas tous ses moyens (mentaux), ce qui est probablement vrai, mais qui n'empêche pas qu'il était aussi un homme de calcul. Et le jury composé de 8 femmes et de 4 hommes aura pris 8 jours pour s'entendre sur le mot "coupable" prononcé à 5 reprises.
Le jury a vu le manipulateur que l'autre jury, celui du neurochirurgien de St-Jérôme, n'a jamais eu la chance de voir.

C'était bouleversant d'entendre ce père parler de son fils disparu. Ce père dont la femme et la fille sont mentalement mortes. Ils ont tous les trois subi le double traumatisme d'apprendre à la fois que Jun Lin était homosexuel, et qu'il avait péri dans des conditions abominables. Inhumaines. Grotesques. Des conditions que seules les entités sauraient comprendre car l'Homme est trop Grand pour accepter de telles fins de vie.
L'avocat de l'assassin l'a présenté comme "une entité". Il a demandé au jury de le traiter non pas comme un homme normal, mais comme une entité. Les règles ne seraient pas les mêmes chez les entités. Si on regarde la définition du mot entité dans le Larousse. on y lit :  chose considérée comme un être ayant son individualité. 

Ce n'est pas loin de l'Homme comme définition. Le jury n'a pas mordu. Le même avocat a aussi dit de laisser tomber tout les témoignages d'experts, même les siens. Comme quoi le rôle de l'intellectuel est vraiment en chute libre. Le jury n'a pas encore mordu.
Il a débattu, sinon pourquoi 8 jours?, mais il n'est pas tombé dans le piège. Il a considéré que Magnotta savait manipuler les experts du développement psychologique.
Imaginons la décision contraire. Qu'il eût été innocenté. Vous imaginez comment l'image du Canada, après Guy Turcotte, aurait été celle d'un refuge à aliénés internationaux?
Et au Canada, on n'hésiterait pas, on le fait déjà, à pointer du doigt "those unbalanced Quebekers, like Bain, like Turcotte, like Rouleau, like Bibeau-Zehaf, like Lépine, like Gill, like Magnotta. Homolka chose to stay in Quebec didn't she?"
Ce sera un meilleur Noël pour la famille Jun qui juge que le Canada ne les as pas laissé tombé. Mais ce que Magnotta a eu comme impact sur leur vie est pire que la mort. C'est la torture éternelle. Comment chasser ces images affreuses qui doivent naître dans leurs pires cauchemars? Comment trouver la motivation à continuer à vivre avec un brin de normalité? D'autant plus que dans la giron familial chinois de la famille, l'homosexualité est une honte portée par toute une famille et sa lignée, Une malformation interne.
Le deuil est encore plus lourd pour les survivants.

Étrange que le verdict tombe alors que l'Amérique et la planète catholique s'apprêtent à fêter la pseudo-arrivée sur terre d'une autre entité appelée Jésus.
Cette entité-là est supposée n'offrir que du bien et pourtant demandez aux Irlandais, aux Rwandais, aux catholiques eux-mêmes et à combien d'autre, si c'est de tout repos de louer Jésus.

Luka Rocco Magnotta fait face à la prison à vie sans possibilité de libération. Il savait très bien ce qu'il faisait. Il l'a prouvé dans les jours qui ont suivi. Dans sa fuite, dans ses tentatives de masquer la disparition de son ancien ami.
Un telle forme de dépravation se méritait un traitement sévère. Et le jury a fait plaisir à bien des têtes.
En commençant par les leurs. Voulaient-ils vraiment passer Noël à en discuter encore?
Jun Lin aurait eu 36 ans le 30 décembre prochain.

Il ne fêtera plus jamais cette fête.
Ni Noël.
Ni rien.
Noël devrait être beau et joli.
La planète ne l'est pas.
Le monde est imparfait.
Je vous souhaite la paix, l'amour, le confort souhaité et le plus beau des Noël.
Même si quelques fois, il pleut là où il aurait dû neiger.