CHATEAU DE RICHELIEU - RICHELIEU (Indre-et-Loire)

Publié le 29 décembre 2014 par Aelezig

Le château de Richelieu était un vaste et superbe château que le cardinal de Richelieu a fait construire en Touraine, sur l'emplacement du manoir familial des du Plessis. Il n'en reste presque plus rien aujourd'hui... Le château se trouvait au cœur d'un parc de plusieurs hectares au Sud de la ville actuelle. Le site du château fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis septembre 1930.

À la fin du XIIe siècle existait un château de « Richeloc » construit pour les seigneurs de Mauson. En 1407 est mentionné « l'Hostel de Richelieu » que Charles VII autorise à fortifier ; il n'existe plus rien de ce château, remanié au XVIe siècle puis entièrement reconstruit au siècle suivant.

En 1621, le cardinal Armand du Plessis prend possession du domaine ; il comporte un petit castel avec tours, chapelle, bâtiments de service, et parc ; le modeste château de ses ancêtres ne correspondant plus à sa nouvelle situation et son ascension politique, le poussa à un projet ambitieux, capable de rivaliser avec les plus belles demeures de son époque.

Le cardinal obtient l'autorisation de Louis XIII de faire bâtir un bourg, clos de murs et fossés : l'actuelle ville de Richelieu, construite sur un plan de « cité idéale ». Chaque maison construite est vendue à un noble proche de Richelieu. Ce dernier ambitionne ainsi de se créer une cour proche de son château. Il fait par ailleurs édifier pour lui une magnifique demeure. L'ancien château sera ensuite complètement rasé.

L'architecte Jacques Lemercier mène la construction de la ville et du château, et les décors sont confiés aux plus illustres et aux plus doués des artistes de la première moitié du XVIIe siècle. Richelieu conçoit un ensemble cohérent et riche visuellement qui est le reflet, à l'intention de ses visiteurs, de sa conception de l'action politique.

À la mort du Cardinal, les titres ducaux de Richelieu et de Fronsac passent à son neveu, puis dans la maison de Vignerot. Le château de Richelieu, résidence ducale, suit le même devenir.

Vestiges : élément central des écuries

L'arrière-petit-neveu du Cardinal, Louis-François-Armand de Vignerot (1696-1788), fait effectuer des transformations au château et aménager les jardins et le parc, et d'importants travaux dans "la Galerie des Glaces".

En 1792, le duc de Richelieu, ancien Premier Gentilhomme de la Chambre du Roi, ayant émigré, ses biens sont confisqués, le château est vidé de son mobilier, ses nombreuses œuvres d'art sont vendues ou attribuées à des musées comme.

En 1805, le château très abîmé est restitué au duc de Richelieu, Armand Emmanuel du Plessis de Richelieu, qui deviendra ministre des Affaires Étrangères puis chef du gouvernement de Louis XVIII.

Le duc mort en 1822, ses héritiers le vendent en 1832 au marchand de biens Boutron, qui entreprend sa démolition pour en revendre les matériaux jusqu'en 1835 ; le marchand de biens Pilté-Grenet, présumé membre de la tristement célèbre Bande Noire, association de liquidateurs d'anciens grands domaines seigneuriaux, achète alors un ensemble de tableaux qu'il lèguera en 1824 au Musée des Beaux-Arts d'Orléans.

Vestiges : l'entrée

Quelques statues, épaves de la célèbre collection d'antiques du cardinal, un grand portrait équestre XVIIIe siècle, de précieuses peintures sont conservés aux musées des Beaux-Arts de Tours et d'Orléans ; celui de Tours conserve aussi un portrait du duc de Richelieu (1696-1788) par Louis Tocqué.

En 1844 la Société des Antiquaires de l'Ouest de Poitiers acquiert pour son musée les vestiges d'une statue monumentale « qui gisaient au milieu des ruines de la Bande noire » ; il s'agit d'une des commandes les plus prestigieuses du cardinal-duc, une figure en marbre de Louis XIII sculptée par Guillaume Berthelot pour le pavillon d'entrée du château ; elle a été restaurée en 2009.

En 1877, le richissime banquier parisien Michel Heine, beau-père du septième duc de Richelieu, achète et entreprend de reconstituer le domaine, remet en état le parc et fait restaurer le pavillon des communs.

Entretemps, M. Laurence, un propriétaire transitoire, s'était fait construire dans le parc un bâtiment de style néoclassique, dite « le Petit Château » assez éloignée de l'ancienne demeure, qui sert à partir de 1877 de résidence à Michel Heine. En 1930, il devient le logement de fonction du conservateur du domaine. Le domaine a alors été donné à l'Université de Paris

Le petit château


La Chancellerie des Universités de Paris, établissement public administratif, détentrice par dons et legs successifs d'un important patrimoine immobilier « dont l'entretien est coûteux et génère peu de rentrées financières » envisagerait d'aliéner, entre autres biens, le domaine.

Si le château a été détruit la ville est restée quasiment intacte, telle qu'elle se présentait au XVIIe siècle. Elle constitue un exemple unique d'urbanisme de cette époque.

En 2011, une reconstitution virtuelle du château est présentée aux musées d'Orléans, de Tours et de Richelieu dans le cadre de la triple exposition Richelieu à Richelieu. .

La Fontaine a donné cette description du château :

« C'est assez que le tout est d'une beauté, d'une magnificence, d'une grandeur dignes de celuy qui l'a fait bastir. [...] Enfin nous sortismes de cet endroit et traversasmes je ne sçais combien de chambres riches, magnifiques, des mieux ornées et dont je ne diray rien ; car de m'amuser à des lambris et à des dorures, moy que Richelieu a rempli d'originaux et d'antiques, vous ne me le conseilleriez pas. Toutefois je vous avoueray que l'appartement du roy m'a semblé merveilleusement superbe ; celuy de la reyne ne l'est pas moins : il y a tant d'or qu'à la fin je m'en ennuyay. »