Mes bonnes feuilles de 2014 - Ralentissement en 2015

Par Gangoueus @lareus
Le temps déroule à  la vitesse du TGV. On est déjà le 4 janvier, et je n'ai pas pu glisser mon article faisant une synthèse de l'année 2014. Avec un peu de retard, je vous propose quelques données et pour vous remercier de l'intérêt que vous portez à ces chroniques.
Les bonnes feuilles :Si d’aimer... d’Hemley Boum Je n’aime pas désigner le meilleur roman ou la meilleure lecture de l’année.  C’est un exercice délicat qui n’est pas forcement intéressant. Evaluer. Donner des notes.

Mais cette année qui vu le nombre de mes lectures baissées considérablement, j’ai été très sensible au roman d’Hemley Boum, Si d’aimer. Je crois que la force d’un roman réside dans sa capacité à nous accompagner, dans la crédibilité, la profondeur de ces personnages et sa capacité à nous amener dans les eaux profondes des thématiques qu’il aborde, tout en permettant une identification possible qui nous donne réellement accès à une part d’humanité. Mais à tout cela, la qualité de la plume est le cadeau sur la cerise donnée au lecteur : un gage de respect et d’attention. Hemley Boum dans son roman Si d’aimer… répond à ces exigences et nous offre un roman d’une rare densité dans les lettres francophones au Sud du Sahara et traite la question du sida et son impact sur une communauté avec une telle force que je ne peux à l’heure du bilan que vous recommandez ce roman. Pour vous faire une idée, n’hésitez pas à découvrir son propos dans Les lectures de Gangoueus.Je n’ai pas beaucoup lu cette année. Mais, il faut dire que la qualité était au rendez-vous. Je retiens dix textes que je classerai par ordre alphabétique :

  • Congo Inc., Jean Bofane
  • Si d’aimer, Hemley Boum
  • Georgia, Julien Delmaire
  • La route des clameurs, Ousmane Diarra 
  • Debout-payé, Gauz
  • Faire l’aventure, Fabienne Kanor
  • Chambre 207, Kgebetli Moele 
  • Tram 83, Fiston Mwanza Mujila
  • Les corps intermédiaires, Mamadou Mahmoud N’Dongo
  • Un yankee à Gamboma, Marius Nguié 
  • La couleur de l’écrivain, Sami Tchak
  • Le passage des larmes, Abdourahman A. Waberi

Au-delà de l’esthétique de ces projets, je pense qu’inconsciemment, le fait que la plupart de ces romans me plonge dans l'univers de jeunes africains faisant face à la réalité d’un continent plein de ressources, une terre toujours plus convoitée et de plus en plus connectée pour le meilleur et pour le pire au reste de la planète. Certes, vu d’Europe, l’Afrique reste profondément en marge des grands mouvements globaux (techniques, économiques, etc). Certains y voient une faiblesse, une incapacité à trouver sa place. Le personnage central de Congo Inc, de Jean Bofane illustre l’idée de ces africains dont le seul objectif est de prendre part à la consommation générale, modèle de développement des individus et des communautés érigé en référence. L’harmonie avec l’environnement et avec l’Autre est profondément remise en cause. De nouvelles tensions inquiétantes prennent forme. Les conflits ethniques sont progressivement supplantés par les tensions confessionnelles. Là encore, le jeune homo africanus est au cœur d'une tourmente qui laisse présager de nouvelles formes de guerres sur le continent. Sortis du clientélisme, du népotisme, du tribalisme, la tentation du fanatisme et de la propagande djihadiste est réelle pour les jeunes de certaines de ces régions. L’instruction est un moyen de lutter contre l’ignorance nous dit Bassy, personnage central dans le roman La route des clameurs. D’autres jeunes pansent les plaies du passé. Là où, les anciens sont dans la rancœur et l’invective, les personnages de Marius Nguié ou Kgebetli Moele essaient de s’extraire de cette gangue sclérosante pour avancer. D’autres fuient le continent. L’herbe est toujours plus verte ailleurs. Est-il nécessaire de les contredire? Le fait que ce soit des romanciers antillais, à savoir Fabienne Kanor et Julien Delmaire, qui portent le regard extrêmement pertinent au travers de deux romans traité une thématique que Jacques Chevrier a enfermé dans le concept de la migritude me parait réconfortant. Il est une preuve que les échanges au sein de la diaspora africaine prend des formes plus intenses, plus passionnantes.

Je m’arrête là. Il y aura moins d’articles en 2015. Avec 54 articles, la fréquence hebdomadaire des origines du blog littéraire a été respectée. Je ne suis pas peu fier vu le manque de temps que j’aie, quand je compte les lectures abandonnées en route et un tas d’autres activités chronophages mais tout aussi édifiantes.
BONNE ANNEE 2015 !!!