Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier de Patrick MODIANO

Par Lecturissime

                             

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Ce que j'ai aimé :

Il aura fallu un nom, un mot, pour ouvrir la boîte de Pandore du passé de Jean Daragane. "Comme une piqûre d'insecte" le nom de "Guy Torstel" ouvre soudain une brèche dans le temps et projette l'écrivain devenu sexagénaire dans les années 50-60, du temps de son enfance.  Saint-Leu-La -Forêt, une grande maison, une femme phare nommée Annie Astrand et des individus louches qui gravitent autour d'elle, autant d'énigmes inhérentes à l'enfance que Jean Dargane tente d'appréhender. Mais le temps a tendance à effacer les souvenirs de la première enfance ne laissant qu'un vague ressenti, une ombre.

Peu importe, car le but de l'écrivain n'est finalement pas de copier la rélaité, mais plutôt d'en saisir la quintessence : 

"Je ne puis pas donner la réalité des faits, je n'en puis présenter que l'ombre." Stendhal

Ainsi point de réalité dans les souvenirs,  juste une impression diffuse qu'on tente de border avec des mots d'écrivain.

"C'était comme s'il allait lui dévoiler le secret de ses origines, toutes ces années du début de la vie que l'on a oubliées, sauf un détail qui remonte parfois des profondeurs, une rue que recouvre une voûte de feuillage, un parfum, un nom familier, mais dont vous ne savez plus à qui il appartenait, un toboggan."

La quête du passé et des ombres liées au souvenir est un motif récurrent chez Modiano, laissant parfois l'impression de toujours lire le même livre réécrit à l'infini, déformé par le prisme du temps. Le flou de la mémoire flotte au-dessus des pages, amenant le lecteur à plonger dans ses propres racines à la recherche d'une identité. Les interrogations doivent se renouveler à l'infini, tout comme les romans de cet auteur hors norme, comme pour nous rappeler que trouver des réponses n'appartient pas à la mission de l'auteur. Chacun doit se laisser envoûter, encercler par l'épaisseur du brouillard qui, seul, donne consistance à la vie. Sans cela, le charme serait rompu...

"Oui, je crois que les regards des enfants et des écrivains ont le pouvoir de donner du mystère aux êtres et aux choses qui, en apparence, n’en avaient pas." Entretien Patrick Modiano 

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Du même auteur : L'herbe des nuitsL'horizon 

Présentation de l'éditeur :

Gallimard 

D'autres avis :

Télérama 

Galéa ; Noukette ; Jérôme 

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, Patrick Modiano, Gallimard, 2014, 16.9