Morts de rire

Par Gerard

« A bas les cons »
- Cabu -




MDR.

Telle sera sans doute leur épitaphe, à nos amis de Charlie. Celle en tout cas qui restera gravée dans la mémoire de ce sinistre 7 janvier où leurs sourires ont été effacés d’un seul coup. Oui, en 2015, on peut mourir de rire. Parce qu’une poignée de couillons qui ne représentent qu’eux-mêmes en ont décidé ainsi. Parce qu’une kalachnikov, ça vous donne du courage ; celui d’assassiner froidement des caricaturistes truculents et potaches.

Qu’y a-t-il pourtant de plus fraternel que le rire ? Pas besoin de partager des coutumes, des croyances, des langues, pour rire ensemble. On est rarement aussi proche des autres que lorsqu’on rit avec eux. Le rire c’est de la fraternité en action. La forme même du bonheur, dans sa simplicité la plus immédiate.

La satire, c’est la vie. Qu’y a-t-il de plus libre que l’irrévérence ? La liberté n’existe que lorsqu’on s’en sert ; et ceux-là, pour sûr, savaient s’en servir. Avec excès ? Non : on n’est jamais trop libre. Car la bande de Charlie rassemblaient surtout des amoureux de la vie. Et s’ils se moquaient des cons, de tous les cons, c’était par générosité ; par incapacité chronique à ne pas rêver d’un monde meilleur. Chez Charlie il y avait de la férocité, mais c’était pour la bonne cause. C’était une férocité sans haine, une férocité aimante.

Alors voilà, le monde tel qu’il est. Avec ces gros beaufs (l’expression est de Cabu) du « déclin français », les Le Pen, les Zemmour, les Houellebecq, tous ceux qui font leur bon beurre sur la bêtise et sur la haine. Oui ce matin les beaufs ont la banane.

Pourtant ce qui s’est passé hier à 11 heures 20 redonne tout son sens à la liberté d’expression. En voulant éteindre le rire de l’irrespect démocratique, le commando de couillons n’a pas réussi, contrairement à ses plans, à déstabiliser le pays. C’est même le contraire : les tirs d’hier ont recomposé le cercle de la Nation. Elle est debout, la Nation. Elle reste et restera, au-delà des différences et enrichie par elles, non pas la juxtaposition revancharde des identités, mais la co
mmunauté de nos affections.

On appelle ça la France.