Et les larmes ont coulé pour Charlie

Publié le 09 janvier 2015 par Theworkingmum @theworkingmum1

J’ai cette boule dans la gorge qui se déplace parfois dans le ventre, je frissonne… Et puis la vie reprend, ma fille et ses rires et ses « maman » à tout va, mon chaton et ses sauts inopinés et j’oublie. Un moment j’oublie l’horreur qui est là. L’horreur sur laquelle je ne voulais pas écrire… Dessiner encore moins… Un simple oiseau que me demande ma fille est une horreur. Le perroquet qui se transforme en corbeau… Mais vouloir participer, rajouter ma voix parce qu’un plus un et nous seront supérieurs à ça…

Charlie hebdo, je ne t’ai jamais acheté, ne m’en veux pas, mais tu as toujours été là. Je savais que tu étais là. Je savais ce que tu faisais et comment tu le faisais. Merci pour ça. Merci de nous montrer ce qu’est la liberté d’expression, ne pas fléchir, résister en 2015…

Je savais que tu te battais avec tes armes, non violentes, la dérision, l’humour et que tout le monde en prenait pour son grade. Je te suivais de loin. Je t’ai lu parfois, quand même. Je crois que Charlie hebdo c’est comme de nombreuses choses de notre quotidien dont on ne se rend pas compte de leur valeur mais c’est une fois qu’on ne les a plus, qu’on se rend compte de leur valeur. Là, je dis merde. C’est trop tard, c’est trop con, ça n’aurait pas du se passer comme ça.

Je n’ai pas compris ce qu’il se passait. Je travaillais de chez moi. A fond. Télé coupée, notifications déconnectées… Concentration oblige… Un coup sur les réseaux sociaux, j’ai relayé mais je n’ai pas compris tout de suite. Je n’ai pas saisi l’ampleur. C’est en fin d’après-midi que j’ai écouté comment ça s’est passé. C’est là que j’ai pris conscience. Oh que non, le port d’armes autorisé est une grande merde ! Oh que non, voir des film de violence ne nous aveugle pas quand on la voit réellement. J’ai mis encore quelques temps pour digérer… Intégrer du moins car digérer il ne le faut pas. Il faut rester debout, face à cette horreur qui n’a pas de nom, il faut rester révolté, c’est sans doute comme ça qu’on avancera. Pourquoi la violence fait toujours plus de bruit que faire le bien?

J’ai enfin explosé. Oui mes larmes ont coulé et à plusieurs reprises depuis hier, depuis 20h (merci Hollande – ça c’est ma touche d’humour noir) Pourquoi? Parce que c’est révoltant de mourir pour des idées, c’est révoltant de mourir « pour un dessin », parce que personne ne le mérite dans ces conditions, parce qu’on devrait déjà être engagé pour que ça n’arrive pas… Je pensais bêtement qu’on pouvait parler de tout, qu’on était suffisamment intelligent pour prendre du recul et respecter. C’est ce que j’essaye de faire… D’écouter autant qu’on m’écoute. La liberté d’expression est-elle un leur? Un faux argument? Ce qui est certain est que jamais le manque de respect n’était là, pas dans leur dessin. Je fais partie de ceux qui aiment rire, surtout quand ça va pas, je pratique l’autodérision, la caricature, l’humour noir… C’est ce qui m’a sauvée par le passé. C’est ce qui les a condamné aujourd’hui. Parce que regarder le monde en face est trop dur. Parce qu’un jour je devrais expliquer à ma fille que la vie vaut la peine d’être vécue. Sans rire.

Je ne comprends pas et je ne comprendrais jamais qu’on puisse être révolté à ce point pour en arriver ça, à tuer, réussir à tuer et faire autant souffrir en oubliant sa carte d’identité dans une voiture (dieu existe?)… Je ne comprends pas la récupération politique avec la peine de mort qui est remise sur le tapis…

Je suis presque contente que ma fille soit trop petite pour comprendre… Comprendre que je n’ai pas la réponse, que ce monde c’est aussi le sien… Putain, ça craint.

Parce que tout le monde peux prend la plume…

Cabu, Wolinski, Tignous, Charb… #RIPCHARLIEHEBDO

#JESUISCHARLIE