20 ans ferme, Sylvain Ricard & Nicoby

Par Laurielit @bloglaurielit

20 ans ferme...A l'heure où les prisons sont pointées du doigt, cette BD a eu un écho très fort en moi. Milan a 20 ans, une copine Irina. Un braquage le mène en prison, lieu où il va sans cesse se révolter. Mais se révolter en prison, c'est aggraver son cas, passer encore plus de jours au mitard, être puni en dehors des lois, être transféré de centre pénitentiaire en centre pénitentiaire, se traîner cette réputation de caïd, qui, il faut dire, est bien entretenue par l'intéressé lui-même.

Alors bien-sûr, on le sait, ce ne sont pas des enfants de choeur dans les prisons et comme ils le disent eux-mêmes, ils sont bien souvent coupables de leurs actes. Alors on les isole de la société qui ne veut plus les voir, ne plus être en contact avec eux comme si cela nous protégeait. C'est vrai, cela nous protège, un temps...car l'enfermement, le traitement inhumain qu'ils y subissent ne peut leur permettre d'en ressortir en ayant au-delà de la volonté, simplement les outils et l'état d'esprit pour s'en sortir. Il est tout de même curieux de punir des gens parce qu'ils ont agi en dehors des lois et de leur faire subir en prison, des traitements eux-mêmes en dehors des lois. Cette BD met en relief l'impossibilité des services pénitentiaires à faire face. Les gardiens ont peur, les gérants des prisons ont peur et ils combattent leur peur par les coups, les menaces, les humiliations exacerbant le désir de révolte et de vengeance des détenus. On sent le cercle vicieux qui se ressert autour de Milan, son désespoir, l'envie de lui crier de se tenir à carreau s'il veut bénéficier de ses perms et en même temps on comprend ses revendications, juste d'être traité humainement. Certaines images sont choquantes comme la punition des gardiens quand ils demandent à des chiens de mordre les détenus. Je savais que la situation dans les prisons était misérable, je ne pensais pas qu'on faisait preuve à ce point là d'inhumanité. La situation de la famille du détenu est aussi abordée, montrant à quel point elle subit la situation, rien n'est fait pour leur permettre de mieux vivre cela. Quand un détenu est transféré aux 4 coins de la France, changeant de centre chaque année, comment le conjoint peut-il lui rendre visite? se reconstruire? L'intimité bien-sûr, est également problématique.

Bref une BD très complète, très dure, d'actualité finalement puisqu'elle repose la question des moyens pénitentiaires et de l'impossibilité de réintégrer pour ces détenus, la société après. Une BD qui a été faite en partneriat avec l'association BAN PUBLIC, une association pour la communication sur les prisons et l'incarcération en Europe. On trouve d'ailleurs en fin de BD de nombreux renseignements complémentaires sur les règles dans les centres pénitentiers et cette association.

Si vous êtes intéressés par le sujet de la réinsertion après une incarcération, je vous conseille la lecture de La belle image de Arnaud Rykner.

Et puis en écho à tout cela, je vous invite à lire les très beaux textes de Stéphie, dont le dernier évoque le milieu carcéral entre autre.

Un récit de Sylvain Ricard dont je vous rappelle la BD coup de coeur lue l'an passé : La mort dans l'âme, traitant de la fin de vie et de l'euthanasie.