Charlie Hebdo versus Dieudonné…

Par Sergeuleski
"Avec Charlie Hebdo c'est toujours drôle ; avec Dieudonné, jamais ! Cherchez l'erreur ! Cherchez qui dérange et tape sur qui et quoi ? Et qui ne dérange personne sinon les petits, les humbles et parfois même les plus faibles de notre société, les dominés."

A la question " Pourquoi Charlie Hebdo c'est bien et Dieudonné c'est mal " les titres dans la presse se succèdent :

Charlie Hebdo " Pourquoi Dieudonné est-il attaqué alors que peut faire des "unes" sur la religion " ?

La question revient, lancinante, depuis la tuerie dans les locaux de Charlie Hebdo . A en croire cette même presse, elle correspondrait à une interrogation d'une partie des lecteurs :

" Pourquoi cette différence de traitement entre Dieudonné et Charlie Hebdo ? "

Ironie de la situation : ces questions mettent en cause un Dieudonné dont on peut sans trop risquer de se tromper affirmer qu'il est celui qui, de la scène humoristique, est le plus proche, dans l'esprit, de Charlie Hebdo, du moins celui des années 70, avant l'ère Philippe Val. Dieudonné a même un temps travaillé avec l'un d'entre eux.

" Que recouvre la formule " liberté d'expression " , et pourquoi s'arrête-elle à Dieudonné ?"

Inutile de préciser que tous répondent à cette question en mettant en cause Dieudonné : tous concluent qu'il n'y a décidément rien à sauver chez cet humoriste. Jugez plutôt : caricatures de Charlie visent une idéologie et non pas une communauté en tant que telle ; c'est ce qui distingue Charlie Hebdo des discours de . Il y a une tolérance quand il y a un second degré et la volonté d'amuser sans intention de nuire à autrui. "

Ce juriste n'a sans doute jamais vu une caricature de Charlie Hebdo et n'a pas non plus assister à un spectacle de Dieudonné.

Qu'à cela ne tienne ! Libé, Nouvelobs, Médiapart, l'Express, le Figaro, tous s'y sont frottés à cette question - Pourquoi Charlie Hebdo c'est bien et pourquoi Dieudonné c'est mal -, comme si l'on pouvait en toute impartialité y répondre à l'heure où il est maintenant prouvé depuis le bannissement des médias de l'humoriste en 2003 à la suite d'un sketch sur France 3 qui mettait en scène un colon juif des territoires occupés de Palestine... que quiconque manifeste de la sympathie à l'égard de Dieudonné se verra sanctionner : chômage (des salariés licenciés, des lycéens renvoyés à la suite de la publication de quenelles), menace physique, procès en sorcellerie, perte de la possibilité d'une carrière dans les domaines suivants : la politique, le divertissement et les médias.

Juristes, chroniqueurs, rédacteurs en chef, tous nous expliquent que ... avec Charlie Hebdo, ça part toujours d'un bon sentiment mais qu'en revanche, avec Dieudonné, c'est bel et bien un humour haineux qui nous est proposé : un humour antisémite, raciste et négationniste.

Or, jamais Dieudonné n'a été condamné pour négationniste. A juste titre, il ne l'est pas. Bien au contraire, il n'a cessé de dénoncer l'utilisation à des fins commerciales et politiques de domination du génocide des Juifs au détriment, ici, en France, d'une histoire nationale qui accorderait à tous les crimes et à toutes les souffrances la même importance, la même audience et la même représentation ; et par voie de conséquence : la même reconnaissance et empathie en dehors de toute recherche d'un traitement d'exception en faveur d'une communauté en particulier.

De plus, jamais Dieudonné n'a été condamné pour racisme. Quant à son antisémitisme supposé, Dieudonné n'a jamais eu qu'une cible : le CRIF et la LICRA, tous deux responsables depuis 2003 de son bannissement des médias et d'un véritable acharnement que l'on peut à juste titre comparer à une chasse à l'homme comme on peut en mener contre des délinquants, voire des terroristes : d'où le " Je suis Charlie Coulibaly " de Dieudonné ; comprenez : " Tout comme Charlie Hebdo, je suis untransgressif mais que l'on traque comme un terroriste ".


Froisser la mémoire des uns est un délit. Froisser la Foi des autres est un délice - Le journal de Personne

A propos de Charlie Hebdo et sa représentation du prophète Mohamed, des pays comme l'Iran ont su renvoyer la balle ; ils proposeront de répondre aux provocations en organisant un concours international de caricatures sur le génocide juif des Nazis.

C'était une idée ; elle avait le mérite de l'intelligence ; elle ne manquait pas d'esprit non plus.

En revanche, ici, en France, face à Dieudonné, seule la répression est de mise. De là à penser que pour les uns tout est permis et que pour les autres rien ne l'est... deux poids, deux mesures...

Cette initiative conduite par l'Iran, non reprise ici en France, a permis de démontrer " ... que le pouvoir occidental ment quand il prétend que les démocraties avancées mettent la liberté au-dessus du blasphème et du sacré, alors que c'est un interdit quasi religieux qui frappe quiconque souhaite caricaturer le génocide juif " dans sa version et son instrumentalisation à des fins commerciales et politiques... s'entend.

Moquerie, insultes, représentations obscènes, voire pornographiques du génocide juif ? N'y pensez même pas ! On hurlera alors au blasphème et à la transgression antisémite ; le mot magique est lâché ; plus qu'un mot, une accusation qui ferme toutes les portes et n'en ouvre qu'une seule : celle des tribunaux qui prononceront alors des condamnations qui ruineront socialement et économiquement tout individu qui se rendrait coupable d'un tel délit même au nom du droit à l'humour, au blasphème, à la transgression ou plus simplement à la liberté d'expression.

On ajoutera ceci à propos de la fausse interrogation qui oppose Charlie Hebdo (ou Zemmour pour l'occasion) à Dieudonné : lorsque l'on s'interroge un instant sur le curriculum vitae de ceux auxquels on s'adresse pour trancher cette question - juristes et avocats pénalistes ,entre autres -, très vite on ne peut pas ne pas s'apercevoir que ces derniers ont pour clients - mais est-ce un hasard ? -, Charlie Hebdo justement ! Ou bien le CRIF et la LICRA ; d'autres défendent qui un Houellebecq, qui les FEMEN, qui un Eric Zemmour lorsque ces derniers font l'objet de poursuites pour " incitation à la haine " ou pour " diffamation " car, dans les faits, en dehors de tout ce beau monde, vous ne trouverez aucune autorité morale et intellectuelle au dessus de tout soupçon en France pour condamner Dieudonné sans réserve.

Et comme un fait exprès, on peut menacer ou injurier l'humoriste sans pour autant prendre le risque d'un procès ou une condamnation :

" A quoi voulez-vous vous attendre avec Dieudonné ? C'est jamais qu' un nègre " (animateur de télé québécois)

" Les services secrets devraient s'occuper de Dieudonné " ( Michel Onfray)

" Dieudonné devrait êtrefusillé séance tenante " (Philippe Tesson)

Satire et droit à l'humour, un si long combat judiciaire contre Dieudonné

La problématique " s'articule avec d'un côté un journal (Charlie Hebdo) qui prend pour cible la religion d'une population la plus faible et la plus discriminée en Europe - une population appartenant massivement aux classes populaires -, contre un Dieudonné qui, dès 2003, a pris pour cible non pas une communauté mais une idéologie d'une brutalité sans équivalent dans l'histoire deFrance depuis le Christianisme à ces heures les plus noires, représentée, ici en France, par le CRIF, la LICRA, l'UEJF et la LDJ. Une idéologie qui a ses entrées non pas dans les foyers de la Sonacotra, ni dans les quartiers relégués ou chez les salariés des multinationales du BTP aux travaux pénibles et sous-payés mais bien plutôt à l'Elysée, à Matignon, au Parlement, au Sénat et dans tous les médias de masse soit en tant qu'actionnaires, soit en tant que chroniqueurs, journalistes, directeurs et directrices de l'information : si vous avez un doute, merci de vous reporter à la liste des invités au dîner du CRIF chaque année ou plus simplement de passer une semaine en compagnie de France 2, Europe 1 et BFM-TV à l'heure de "l'information". pourquoi Charlie Hebdo c'est bien et pourquoi Dieudonné c'est caca "

Oui, tous ces journaux tentent d'expliquer à leurs lecteurs demandeurs pourquoi " Charlie Hebdo c'est bien et Dieudonné ça pue " : or, à la lecture des commentaires postés, il semblerait qu'ils n'y parviennent que difficilement. Cela ne surprendra personne car r ien n'est plus convaincant que la vérité ! Rien ne recueille autant l'adhésion du plus grand nombre que la vérité ! Dites la vérité, non seulement vous ferez rire le monde entier mais tout aussi salutaire : personne ne la contestera car, en ce qui concerne le sujet qui nous occupe plus spécialement, cette vérité sera porteuse d'une exigence à la fois intellectuelle, factuelle, morale et humaniste ; pour cette raison, la vérité est belle, égalitaire et fraternelle ; le mensonge est laid ; il salit tout ce qu'il recouvre. Il est destiné à la domination de quelques uns sur le plus grand nombre, toujours ! Et par les temps qui courent, la vérité... donc la beauté, n'a pas de prix et c'est la raison pour laquelle ils sont si peu nombreux à pouvoir se l'offrir.

La vérité ? C'est la recette de Dieudonné : dites la vérité et tout le monde éclate de rire comme libéré d'un poids immense, celui du mensonge auquel nous sommes tous tenus... et c'est alors que l'on en redemande car rien n'est plus lourd à porter que le mensonge imposé qui se sait mensonge contre le meurtre de la vérité.

Aussi... si Charlie Hebdo avait tenté de prendre pour cible un colon juif des territoires occupés ou Moïse - ou pire ou mieux encore, c'est au choix ! -, les deux derniers présidents du CRIF (Prasquier et Cukierman...) - et il y a de quoi ! - toutes les semaines, chaque semaine, toute l'année durant, sans relâche, eh bien, vous pouvez parier que le premier procès que ce journal aurait perdu l'aurait ruiné en quinze jours et toute l'équipe de Charlie serait encore de ce monde aujourd'hui ; morte socialement et professionnellement mais vivante quand même cette équipe qui n'en serait plus une !

A ce sujet, on peut se reporter au témoignage du caricaturiste Siné, licencié par Val pour antisémitisme qu'aucun tribunal n'a validé : c'est ICI.

Alors : " Pourquoi Charlie Hebdo c'est bien, et que Dieudonné c'est mal ?"

Charlie Hebdo prend pour cible les locataires des foyers Sonacotra et des quartiers relégués (1). Dieudonné ceux de l'Elysée, de Matignon et de l'Assemblée nationale, le CRIF et la LICRA.

Les uns ont les moyens de se défendre. Et comment ! Les autres pas ; d'où, après des années infructueuses d'indignation face à la surdité de la société, le recours au terrorisme car si l'humour est la forme supérieure du désespoir, le terrorisme, comme chacun sait, est l'arme de dominés pris au piège d'une injustice que rien ne semble pouvoir réparer.

Aussi, on peut sans se tromper affirmer que la tuerie dans les locaux de Charlie Hebdo marque l'impuissance de la communauté musulmane de France à imposer le cadre, contrairement au CRIF et à la LICRA (ou bien, les associations homosexuelles par exemple), dans lequel il sera permis de se moquer d'elle, de la ridiculiser, de la caricaturer ou de l'attaquer frontalement. Et c'est cette incapacité là, dans une société aux préjugés tenaces contre cette population, contre son histoire, sa religion, ses mœurs et sa langue (2)... à propos de laquelle nous devons tous nous interroger : peut-on encore longtemps dénier à l'Islam de France le droit de se défendre et d'imposer dans un cadre républicain des limites à ceux qui veulent " s'en prendre à elle" ?

Voyez plutôt ! Tout rapport de force aussi modeste soit-il lui est tellement défavorable, voire impossible à imposer, qu'à l'aune des tueries de Paris et de Vincennes, des voix s'élèvent sans honte ni gêne pour demander ceci : " Il serait temps qu'à l'école on puisse enseigner aux enfants des quartiers l'antiracisme et la tolérance "...

Et quand on sait que l'on s'adresse là aux Français issus de la culture arabo-musulmane et/ou africaine, c'est à dire aux deux groupes les plus discriminés en Europe - éducation, travail, logement et reconnaissance citoyenne -, c'est dire tout le chemin qu'il nous reste tous à parcourir pour accorder toute l'attention nécessaire à ceux qui en auront le plus besoin dans les années à venir.

1 - ou bien le Catholicisme, une religion à terre, en Europe.

La France qui a "marché" ce dimanche 11 janvier 2015, c'est la France de souche majoritairement européenne ; une France de... moyennement éduquée à très éduquée ; la France des centres de nos villes et de la proche périphérie ; c'est la France qui vote encore. Alors que la France qui ne s'est pas mobilisée dimanche, c'est la France des quartiers dits "sensibles", la France issu de la colonisation et de l'immigration ; France de culture arabo-musulmane et d'Afrique noire, la France discriminée, la France rurale aussi, abandonnée à son triste sort ; la France qui ne vote pas ou plus. Or, c'est cette France-là qui aura besoin de toute notre attention, de tous nos soins dans les années à venir.

Pour son malheur, la classe politique s'intéresse en priorité à ceux qui votent, et la police à ceux qui cassent. Aussi, on peut être pessimistes quant aux capacités de cette classe politique à tirer les bonnes leçons des tueries de ces derniers jours.

Pour prolonger, cliquez : Le phénomène Dieudonné