Les cons ça ose tout : l’histoire de François Reichelt

Par Marine @Rmlhistoire

 Aujourd’hui est un grand jour. Oui m’sieurs dames. Un grand jour. Déjà parce que je sais désormais intégrer des vidéos sur le blog, et que quand même, c’est un peu classe. Autre chose, j’ai jamais autant rigolé en travaillant un article. Genre vraiment. Pourtant c’est pas une histoire drôle, le mec est mort. Et la mort c’est pas drôle. Sauf parfois. Je remercie Gallica et la Revue Aérienne  pour ce bijou. Voici l’histoire de François Reichelt.

Un mec normal, en apparence

Frantz Reichelt est né en 1878 à Wegstädtl (actuelle République Tchèque), le mec décide de partir mener la grande vie en France. Un peu comme Victor Lustig (comme quoi, la Tour Eiffel…). En 1900, il s’installe à Paris et il devient tailleur pour dames à Opéra.Il gagne correctement sa vie et a le temps de consacrer du temps à sa passion. L’aviation. C’est le début, et c’est à la mode malgré les nombreux accidents. D’ailleurs, le kiff de Frantz, c’est de travailler les tissus pour tenter de mettre au point une sorte de parachute. Dès 1910, il y consacre beaucoup de temps. Il va jusqu’à utiliser les mannequins de son atelier pour faire des expériences. Mais attention, ils s’agit de mannequins factices qui ne font pas le poids d’un vrai humain. Un peu comme Kate Moss.

Le costume-parachute

L’appareil qu’a confectionné Frantz est « une sorte de manteau, muni d’un très vaste capuchon de soie ». En cas de chute rapide, le capuchon doit se déployer et rendre la chute sans danger. Mais c’est pas tellement tellement efficace…

La première expérience a lieu dans la cour de son immeuble, au 8 rue Gaillon à Paris. C’est un fiasco. Du coup, il va se lancer lui-même d’une dizaine de mètres de hauteur pour tester son matériel. A Joinville. Pourquoi Joinville, ? J’en sais rien. Heureusement pour lui, sa chute est amortie par la paille au sol. C’est un nouvel échec. Bin oui.

En 1911, Frantz obtient la nationalité française et francise son nom. Il faut désormais parler de François Reichelt.

Un mec complètement con, en fait

En 1912, Reichelt décide de prendre les choses en mains. Genre vraiment. Il décide d’être le con de Paris. Le crétin. L’idiot. Il annonce à la presse qu’il va réaliser lui-même un saut depuis le premier étage de la Tour Eiffel (57 mètres) pour prouver l’efficacité de son costume-parachute. Sauf qu’en général, lorsqu’on veut prouver l’efficacité d’un truc, c’est parce qu’on sait que c’est efficace. Ouais. Bin, c’est pas le genre de François. Le 4 février, le rendez-vous est pris avec la presse pour 7h du matin, aux pieds de la Tour Eiffel. Il fait très froid, et le sol est même un peu glacé. Des policiers sont présents pour faire en sorte que tout se passe bien, que personne ne puisse venir déranger François dans sa préparation et pour son saut.

Vers 8h30, une dizaine de journalistes et de parisiens attendent le moment où il va sauter. Reichelt hésite. Encore. Il monte à l’endroit du saut. Et hésite. Encore. Pendant 40 secondes il trépigne, et puis HOP, il saute. Et là… Bin… Il va s’écraser sur le sol gelé. Il est mort. Et il a fait un trou d’une bonne quinzaine de cm.

Les journalistes qui sont sur place tiennent leur Une. Tragique expérience, n’est-ce pas ?

« La mort de François Reichelt était inévitable ! »

Le mec est devenu une petite star, le Roi des cons en quelque sorte. René Quinton déclare dans la Revue Aerienne « La mort de M. Reichelt était fatale. J’ignorais qu’il devait expérimenter lui-même ce matin. Si je l’avais su, j’aurais fait le nécessaire pour que l’expérience n’eût pas lieu. Son appareil était sans aucune valeur et ne pouvait que conduire à la catastrophe. »

Ce même monsieur avait signalé quelques erreurs sur l’appareil de François, genre, pour être efficace, le capuchon devait faire 60m de superficie. Mais il n’en faisait que 4 en 1911. 4 putain de mètres à la place de 60. Du coup, lors de la Ligue Nationale Aerienne, sous la pression de René Quinton, François allonge son capuchon. Il fait désormais neuf mètres carrés. Au lieu de soixante.

Je vous laisse regarder la vidéo (ou pas). Vous n’êtes pas obligés de regarder un homme se jeter de la Tour Eiffel pour mourir.


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