Collectionneurs de têtes

Publié le 27 janvier 2015 par Detoursdesmondes


On pouvait admirer hier dans le portfolio du Monde, Edson Chagas et les passagers mystères, une série de portraits réalisés par ce photographe qui vit et travaille en Angola. Ces images sont à mettre en rapport avec celles critiquant le consumérisme (Cf. dernière photo ci -dessous Oikonomos).
Cela n'est pas sans rappeler des photographies "primitivistes" conférant un sentiment d'étrangeté voire de malaise et renvoyant une image mystérieuse de l'Afrique "tribale". Ainsi la photographie de Tony Saulnier publiée par Paris Match qui couvrait alors le premier festival mondial des arts nègres en 1966 !


Plus loin encore, on pourra songer à Paul Eluard et Elt Messn portant des masques africain et océanien de la collection de Penrose... la photo date de 1936 !


Lorsque le masque de bois s'efface, ce sont des êtres hybrides qui surgissent tels ceux créés par Orlan sur son propre visage. Les messages sont bien sûr différents, pour Orlan il s'agissait d’interroger l’identité de la femme et les pressions sociales exercées sur elle ; pour Tony Saulnier, probablement de confronter la futilité et l'importance de l'évènement culturel et politique que constituait le festival.


Les êtres disparaissent derrière le masque. Dans tous les cas c'est une déconstruction dont il s'agit. Les frontières sociales, géographiques, ethniques et économiques n'y résistent pas. C'est ce que voulaient probablement les dadaïstes et les surréalistes dans leurs photographies cherchant, non seulement à renouveler le vocabulaire plastique, mais à bousculer une société qui venaient de connaître des tragédies... à méditer...


Photo 1: © Edson Chagas
Photo 2 : Le dîner des collectionneurs de têtes © Tony Saulnier. Droits réservés
Photo 3 : © Penrose, 1936
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Photo 4 : Série Self-Hybridation © Orlan
Photo 5 : © Edson Chagas, Détail de 'Oikonomos' (2011)