Night Call "Nightcrawler"

Publié le 28 novembre 2014 par Cinealain

  
Date de sortie 26 novembre 2014



Réalisé par Dan Gilroy


Avec Jake Gyllenhaal, Rene Russo,

Riz Ahmed, Ann Cusack, Kevin Rahm, Bill Paxton


Genre  Thriller

Titre original Nightcrawler


Production Américaine

 

Synopsis

Los Angeles.

Lou Bloom (Jake Gyllenhaal) est un sociopathe comme la ville en recèle des milliers, abreuvé de concepts et de phrases toutes faites qu'il ressort aux employeurs qui ne manquent de lui claquer la porte au nez. 

Petit délinquant, chômeur sans scrupule il cherche un emploi légal à tout prix avec la volonté féroce de devenir quelqu'un. Par hasard, il découvre un métier dont il n’avait jamais soupçonné l’existence : chasseur d’images.

Un soir, de retour d’une décharge à laquelle il vend des matériaux volés, il croise une voiture sur le bord de la route dans lequelle une femme se retrouve piégée par les flammes. Sa curiosité le pousse à s’en approcher.


Alors que la police et les secours interviennent, deux hommes filment la scène, pour la télévision.

C'est à ce moment que Lou Bloom découvre l'intérêt de capter des scènes de faits divers, surtout au prix que les chaînes de télévision sont prêtes à mettre pour pouvoir les diffuser.

Lou achète aussitôt une petite caméra, et, comme il est malin, se débrouille pour avoir accès aux fréquences radio de la police de la ville, ce qui va parfois lui permettre d’arriver le plus vite possible sur les lieux d’un accident ou d’un crime et vendre le premier ses images à une chaîne de télévision locale afin qu’elle les diffuse avant les autres.

L'image doit être saisissante, choquante, spectaculaire. C'est une véritable course au sensationnel que recherchent les chaînes de télévision pour ouvrir leurs journaux. La loi est souvent transgressée, bafouée, tout comme la morale.

Petit à petit, Lou Bloom va devenir le meilleur preneur d'images d'une chaîne locale de Los Angeles dont l’info est dirigée par l’ambitieuse Nina Romina (Rene Russo), mais la course au scoop et la pression que lui met la concurrence vont très vite l’amener, sans trop le forcer, aux frontières de la légalité.

"Le faits divers parfait, c'est une femme dévalant une rue d'un quartier huppé en braillant la gorge tranchée", résume avec sang froid la rédactrice en chef de la chaîne qui parle d'un cadavre comme d'une "vente". Lou Bloom n'éprouve guère plus de remords puisqu'il est prêt à bouger un corps pour donner plus de mordant à ses images.

La course au spectaculaire n'aura aucune limite...


Tour autant que la réalisation ou la bande originale, c'est le sujet du film qui  rend Nightcrawler intéressant. Le film se veut un vive critique du journalisme télévisé prêt à tout pour avoir l'image marquante du jour.

L'éthique du métier ne sort pas indemne de cette critique acerbe et cynique de l'information en continu. À travers l'histoire de Dan Gillroy, c'est toute la société qui est visée.

Dan Gilroy, jusqu’à présent scénariste , passe pour la première fois derrière la caméra. Le réalisateur s'attaque au voyeurisme malsain de notre époque, vivement pointé du doigt à travers le métier de reporter d'images qui cherche à capter la vidéo la plus spectaculaire qui soit. Quitte à devenir lui-même un criminel aux yeux de la loi.
 

Night Call est un film de genre, un film à message, un peu à l’ancienne, un peu politique, comme on en voit régulièrement dans le cinéma américain depuis au moins quarante ans – et dont l’un des principaux représentants était le défunt Sydney Lumet.

Il tend à dénoncer les excès du cinquième pouvoir et la folie des hommes, entraînés dans une mécanique qu’ils ne contrôlent plus…

Avec Night Call, Dan Gilroy a cherché à se centrer sur les médias "à sensations" qui capitalisent sur la violence et la criminalité régnant en ville. Le voyeurisme malsain des chaînes de télévision qui entretiennent la peur pour mieux vendre de l’espace publicitaire est un sujet qui intéresse grandement le réalisateur.

Le personnage de Nina Romina interprété par Rene Russo en est d’ailleurs l’incarnation la plus parfaite.

Elle représente ces médias et dépasse constamment les bornes pour obtenir son scoop : "Elle n’hésite pas à violer les règles de déontologie jusqu’au point de non-retour et pousse Lou à lui rapporter les vidéos les plus trash qui soient", indique le metteur en scène.

Le réalisateur offre ici à son épouse, Rene Russo, l'un des rôles principaux de son premier long-métrage, Night Call. Ce n'est pas la première fois qu'ils collaborent ensemble puisque l'actrice a été à l'affiche de trois films, Mon copain Buddy, en 1997 Freejack en 1992 et Two for the Money en 2005 avec à ses côtés  Matthew McConaughey et Al Pacino. Trois films dont les scénarios étaient signés par Dan Gilroy.

Les deux consultants Austin et Howard Raishbrook, eux aussi journalistes de l’extrême, indiquent que le personnage interprété par Jake Gyllenhaal reste un personnage de fiction tant il transgresse les lois et reste froid vis-à-vis de la violence dont il est témoin.

Dan Gilroy et son équipe ont tourné Night Call dans la ville de Los Angeles et la plupart du temps entre minuit et 6 heures du matin. Un rythme de travail extrêmement fatiguant pour l’équipe et les acteurs.

Dan Gilroy et son chef opérateur Robert Elswit ont cherché à donner à la ville une identité particulière. Les deux hommes voulaient faire ressortir le côté sauvage de Los Angeles et traduire son immensité à l’écran : "Robert Elswit a privilégié les objectifs grand-angle et une palette de couleurs vives pour traduire la vision de Dan Gilroy considérant Los Angeles comme une oasis dans le désert, où l’homme est un intrus."

Le comédien Jake Gyllenhaal reconnait avoir été inspiré par le fait de tourner la nuit : "Je me suis mis à moins réfléchir et à laisser mes émotions prendre le dessus. Je crois vraiment que nos émotions et les événements qui surviennent sur un plateau finissent par se retrouver à l’écran."



Depuis l'échec commercial du blockbuster Prince of Persia: les sables du temps, l'acteur Jake Gyllenhaal semble privilégier un cinéma plus "adulte" et cérébral. En effet, après avoir joué dans les thrillers sombres de Denis Villeneuve, Prisoners et Enemy, l'acteur confirme sa nouvelle orientation de carrière avec ce rôle de journaliste cynique et immoral dans Night Call. Jake Gyllenhaal a perdu 9 kilos pour son rôle. Ce n'est pas la première fois que l'acteur joue avec son poids puisqu'il avait par exemple pris plusieurs kilos de muscles pour les besoins de Jarhead - La fin de l'innocence, dans lequel il campait un soldat.

Jake Gyllenhaal a abandonné le rôle qu’on lui a proposé dans le dernier Disney, Into the woods, pour jouer dans Night Call.

C'est le compositeur James Newton Howard qui se charge de la bande originale de Night Call.

Mon opinion

La première réussite du film, rendre la totale immoralité d'un bon scénario, en un excellent moment de cinéma. 

Pour sa première réalisation Dan Gilroy filme la ville de Los Angeles, comme rarement, ou jamais vue. Sombre, malsaine, inquiétante, brutale.

Le propos du film est brillamment mis en valeur par la photographie de Robert Elswit, deux fois oscarisés.

Grand écart entre ce qui devrait être des images professionnelles, et d'autres, plus accrocheuses, mieux rémunérées et qui s'inclinent sans scrupules devant les chiffres d'une audience télévisuelle avide de sensationnel. Il s'agit ici d'une chaîne de télé locale aux États-Unis, en panne d'audience et qui doit être, hélas, le parfait reflet de quantité d'autres dans le monde.

De quelques-unes, en France aussi, "spécialisées" sur une prétendue info en continu …

Les deux principaux protagonistes font penser à deux cobras prêts à mordre. À tuer.

Rene Russo incarne parfaitement la rédactrice, sans foi ni loi, qui exercera tout son pouvoir pour être la première à étaler sur les écrans tous les faits divers et de préférence les plus accrocheurs, sanglants et monstrueux.

Jake Gyllenhaal est remarquable dans le rôle de cet homme paumé qui deviendra un rapace malsain et pervers. Un homme qui agit sans aucune étique professionnelle. Un de ceux que rien n'atteint et qui utilise la souffrance de ses semblables pour fabriquer du sensationnel, et mieux assurer sa source de revenus.

Un film convaincant, au suspense maintenu de bout en bout.

Une réflexion, aussi, qui devrait s'imposer devant certaines images choc dont certaines chaînes de télévision abreuvent le téléspectateur avide de sensationnel et ce, dans le seul but de mieux noyer la véritable info.

Sources :

http://www.allocine.fr

http://www.lesinrocks.com

http://www.rtl.fr

http://www.imdb.com