Dodi El Sherbini – Olympia EP

Publié le 28 janvier 2015 par Le Limonadier @LeLimonadier

Peu d’informations circulent sur Dodi El Sherbini, artiste énigmatique dont nous allons vous parler aujourd’hui. Mais il a tout de même été porté à notre connaissance que l’homme œuvrait dans le domaine de la chanson française gonflée de synthétiseurs (cf: sa musique). Et hop, une première respiration imposée avec ce lien hypertexte qui vous mènera sur un précédent article dont l’introduction, fruit d’un long et harassant travail d’investigation, parlait justement de cette “nouvelle” scène française.

Dodi El Sherbini vient d’ailleurs de sortir en ce début d’année un premier EP – “Olympia” - contenant trois titres que nous allons écouter ensemble d’ici une minute (ou deux). Nous pouvons aussi affirmer qu’il jouera en première partie du concert parisien de Moodoid à la Gaîté Lyrique, ce mercredi 28 janvier 2015. Et hop et hop hop un autre lien hyperbien vers un article sur le dernier album de ce groupe pailleté, nouvelle preuve que nous sommes bien conscients de l’importance dans nos sociétés de créer des liens qui redirigent vers d’autres liens.

Revenons-en à nos petits mougeons (pigeons + moutons selon certaines “sphères” du web, légèrement complotistes et aux chartes graphiques aléatoires). Dodi El Sherbini, c’est d’abord un nom de scène qui sonne un peu world mais qui s’avère surtout wtf, qui nous fait rigoler et se questionner en même temps. Son projet musical va d’ailleurs dans ce sens, incarnant assez bien une ambivalence propre à notre époque, aux degrés de lecture démultipliés et complexes, entre distanciations cyniques et utopies. Son approche de la chanson est quant à elle assez désinhibée, tout en étant très référencée, de Sébastien Tellier à Christophe et Michel Berger en passant par Roubaix (François de…).

Inutile de vous mentir, sa musique aux reflux kitsch va en laisser un certain nombre sur le bas-côté d’une nationale, la nuit, l’autoradio bloqué sur Nostalgie, essayant de se repérer sur cette foutue carte. Les autres, quant à eux, vont s’arrêter sur cette même route, sortir de leur voiture et décider de rentrer chez eux en coupant à travers les bois humides. Comme des somnambules éclairés par une lune disproportionnée, ils respireront à pleins poumons ces airs entêtants jusqu’au petit matin.

Avec la sortie de ce premier titre il y a quelques mois, “l’Eternel Retour”, le Maestro a clairement bluffé son monde (plutôt vers Paris). En équilibre entre la presque putasserie d’une electro pop actuelle, le charme mystérieux de mélodies touchantes et la répétition de sonorités aspirantes, il nous y parle des choses compliquées de la vie mais aussi de Leornado Di Caprio.

Le deuxième titre est “Olympia”. Expérience beaucoup moins directe et plus aérienne, constituée de nappes déconstruites sur lesquelles se pose sa voix, étrangement lointaine. Le tout agrémenté d’un clip karaoké “miroir de notre contemporain”, et de paroles qui font sourire bizarrement.

Troisième et dernier titre de l’EP, « Faut pas rêver » nous rapproche dangereusement du trou noir spatio-temporel. En effet, cette réinterprétation d’une chanson initialement composée par Patrick Juvet et Jean-Michel Jarre en 1976 (création du vortex !) frôle l’enchevêtrement des dimensions et procure de véritables sueurs coupables. Dodi el Sherbini y chante tel un Matthew McConaughey sensible et désabusé, qui caresserait sa chaîne en or en écrivant ses vérités dans une lettre de rupture intergalactique.

Claude François avait ses Claudettes, danseuses aux brushing XXL et maillots brillants, Dodi a lui dans son dernier clip sa sherbinette (!!), webcammeuse X quasi-immobile, à la séduction risible et désincarnée face à la solitude des hommes des années 2010-2040.

Voilà, c’est tout ce que nous pouvons vous dire sur cet homme qui, même si l’on ne sait pas où il va, s’avance inexorablement vers nous, un petit sourire en coin et la main sur le cœur, dandy d’un futur proche où il fait quand même un peu froid.

Vous pouvez vous procurer « Olympia » en cliquant sur le tout dernier lien de cet article.

Tags

dodi el sherbini, jean michel jarre, l'eternel retour, leonardo di caprio, Matthew McConaughey, moodoid, olympia, patrick juvet, vortex