Charlie Hebdo : les thèses conspirationnistes se multiplient en Turquie et en Russie

Publié le 28 janvier 2015 par Plusnet
Au lendemain de la participation du Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, au rassemblement qui a eu lieu dimanche à Paris pour rendre hommage aux 17 victimes d’extrémistes islamistes, Recep Tayyip Erdogan, le président turc, a adopté un ton beaucoup moins consensuel, voire conflictuel. « La duplicité occidentale est évidente », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse organisée lundi soir, raconte le Financial Times. «  En tant que musulmans, nous n’avons jamais pris le parti de la terreur ou des massacres  : le racisme, les discours de haine, l’islamophobie sont derrière ces tueries », a lancé Erdogan. « Les coupables sont clairs : les citoyens français ont commis ce massacre et les musulmans sont blâmés pour cela », a-t-il ajouté. Et le président de se dire perplexe quant au manque d’efficacité des services de renseignement dans la traque des coupables.
Certes, les dirigeants politiques en Turquie ont à plusieurs reprises condamné les attentats perpétrés contre Charlie Hebdo, le supermarché juif et la femme policier. Mais un récit parallèle a émergé dans le pays, celui proféré par les théoriciens de la conspiration qui reportent la responsabilité des massacres sur les agences de renseignement étrangères plutôt que sur les islamistes radicaux.
Un phénomène similaire s’est produit en Russie, qui a envoyé son ministre des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, la représenter à la marche parisienne de dimanche. « Blâmer les musulmans »
Phénomène particulièrement inquiétant, certaines de ces théories ont été approuvées par des personnalités des gouvernements turc et russe, signe de la montée du ressentiment et de la suspicion envers l’occident de ces deux pays très importants sur le plan géopolitique dans un contexte de tensions extrêmes sur l’Ukraine et le Moyen Orient.
En Turquie, le « double jeu » affiché par certaines personnalités est « dangereux », a fait observer au Financial Times Aron Stein, du Royal United Services Institute, un think-tank britannique. Tolérer « les opinions les plus folles » de votre base politique pose problème pour les condamnations qui se « jouent à l’échelle internationale », a-t-il expliqué.
Melih Gokcek, le maire d’Ankara affilié au parti au pouvoir AK, a ainsi assuré lundi que « le Mossad (les services de renseignement israéliens, ndlr) est certainement derrière ces incidents ». Il a également lié les attentats survenus en France à la reconnaissance de l’Etat palestinien.
Ali Sahin, membre du Parlement turc et porte-parole du parti AK, la semaine dernière, a pour sa part indiqué qu’il soupçonnait que ces massacres aient été commis dans le but de « blâmer les musulmans et l’islam ».
Source : AlterInfo