L’estuaire indicateur du changement climatique

Publié le 29 janvier 2015 par Blanchemanche
#biodiversité

L’association de Mortagne Biosphère organise en fin de semaine à Royan un colloque sur la biodiversité des estuaires. Le point avec Raphaël Musseau.


Raphaël Musseau lors d’une campagne de baguage de migrateurs© PHOTO ARCHIVES JONATHAN LANDAIS
Du fleuve Sénégal à la baie de Somme, des oueds marocains à la Gironde, du delta de l'Èbre à la baie de l'Aiguillon, les estuaires constituent des écosystèmes à part. C'est la raison pour laquelle l'association Biosphère Environnement s'est installée à Mortagne-sur-Gironde, se posant en sentinelle de la vie sur des terrains rachetés par le Conservatoire du Littoral après le passages meurtrier de la tempête Martin en 1999.Cela fait maintenant quinze ans que Raphaël Musseau et son équipe observent les haltes, les migrations, les hivernages ou séjours d'été dans les hautes herbes de la Gironde du côté de Saint-Seurin-d'Uzet. Et après plusieurs réunions de spécialistes ces dernières années, Biosphère Environnement franchit un cap cette année en organisant à Royan et Saint-Georges-de-Didonne un vrai colloque international sur le thème « Écosystèmes estuariens, quels enjeux pour la biodiversité ? »PratiqueLes jeudi 29 et vendredi 30 janvier au Palais des congrès de Royan et au Relais de la côte de beauté de Saint-Georges-de-Didonne pour les communications scientifiques et conférences puis le samedi 31 au pôle nature du Parc de l’estuaire de Saint-Georges-de-Didonne et à la plage de Vallières pour les sorties nature. Renseignements au 05 46 91 21 68.« Sud Ouest ». Qu'est-ce qui fait la richesse biologique des estuaires ?Raphaël Musseau. Le mélange des eaux douces et salées, les apports sédimentaires très importants en font un lieu de vie, de reproduction et d'alimentation privilégié pour de nombreuses espèces animales, oiseaux, mollusques, poissons. Il s'agit de zones de reproduction ou de grossissement pour les poissons comme l'esturgeon, des escales de choix pour les oiseaux migrateurs, des habitats privilégiés pour un grand nombre d'espèces végétales.S'agit-il également de zones fragiles ?Naturellement. Fragiles en raison des activités humaines qui peuvent entraîner la pollution des eaux par les produits phytosanitaires pour l'agriculture ou la problématique des infrastructures liées à l'urbanisation. En Afrique, ce sont les projets de grands barrages qui menacent les équilibres écologiques.Qu'en est-il de la subsistance de la pollution au cadmium dans les eaux de la Gironde ?Nous n'en subissons pas trop les conséquences au niveau des oiseaux. Et d'après mes informations, il semble que les choses rentrent doucement dans l'ordre et qu'ils envisageraient même d'autoriser à nouveau la récolte des coquillages sur la rive gauche.Avec le recul, constatez-vous des modifications, des signaux témoins des modifications climatiques ?C'est évident. Outre la montée des eaux, l'érosion des côtes, il y a un décalage sur les dates des pics de migration des oiseaux depuis quinze ans. Je dirais d'une dizaine de jours. Ces visiteurs d'été arrivent de plus en plus tôt. Notamment les passereaux comme les rousserolles, les phragmites des joncs. Et il semble évident que c'est lié au réchauffement climatique.Qui sont vos invités à ce colloque ?Des scientifiques français, espagnols, marocains. Des ornithologues mais aussi des spécialistes des poissons, des mollusques. Une soixantaine de personnes intervenant essentiellement sur le littoral atlantique. Mais nous espérons également la présence du grand public. Nous organisons cette manifestation avec le réseau français d'ornithologie.Publié le 29/01/2015  par Recueilli par Thomas Brossethttp://www.sudouest.fr/2015/01/29/l-estuaire-indicateur-du-changement-climatique-1812806-1462.php