Pas pleurer de Lydie Salvayre

Publié le 27 décembre 2014 par Krolfranca

Titre : Pas pleurer

Auteur : Lydie Salvayre

Éditeur : Le Seuil

Date de parution : août 2014

279 pages

Au milieu d’un concert de louanges, je vais faire entendre ma petite note discordante.

Première page et déjà rebutée par le style. J’avance malgré tout.

Trentième page et envie de fermer le livre. C’est à ce moment-là que je suis allée voir sur Internet ce qu’on en disait. J’avais l’impression qu’on parlait d’un autre livre que celui que j’avais sous les yeux.

Alors, je l’ai repris, et j’en ai lu encore une quarantaine de pages. Et un nouvel arrêt avec la ferme intention de ne pas le reprendre.

Mais ma curiosité fut la plus forte et j’ai fini de lire la première partie (140 pages). Nouvel arrêt. Définitif celui-là.

J’ai quand même fait l’effort de survoler les pages suivantes. J’y reviendrai plus loin.

Qu’est-ce que je reproche à ce roman ?

Essentiellement son style, son écriture, sa langue.

Je sens bien qu’il va falloir que je m’explique un peu…

Ça ouvre sa gueule, ça ferme sa gueule… ces expressions m’exaspèrent au plus haut point. N’y a-t-il pas une manière de le dire plus… originale et moins triviale (et surtout pas dès la première page) ?

Je chipote me direz-vous, peut-être… mais ce détail fait partie du lot.

Deux voix entrelacées présente-t-on dans la quatrième de couverture. Ah bon ? Quelles voix ?

C’est une narration à la troisième personne. Les paroles de la mère sont parfois retranscrites et ces passages sont d’ailleurs plutôt colorés, avec un mélange de français et d’espagnol et ce que j’appellerais un frangnol, plutôt amusant.

D’autre part, ce n’est pas la voix de Bernanos qu’on entend mais celle de la narratrice qui relate l’état d’esprit de l’auteur catholique, le cite parfois. Je n’ai pas vu un grand intérêt à mêler Bernanos à l’histoire de Montse et sa famille, si ce n’est apporter une autre vision des événements, mais je n’ai pas été convaincue de son utilité puisqu’il illustre le propos dans le même sens. J’ai trouvé le procédé assez artificiel.

Ce n’est donc pas un roman choral et il aurait peut-être gagné en intérêt s’il l’avait été (mais je n’en suis pas convaincue).

J’ai lu quelques critiques qui parlaient de roman émouvant.

Je dois avoir un cœur de pierre parce que je n’ai ressenti qu’énervement et lassitude… La narration crée une distance qui ne permet pas la moindre émotion, la moindre empathie pour les personnages. Ceci vaut pour la première partie du roman, c’est-à-dire la moitié du livre quand même ! En survolant la suite, je me suis aperçue que la narratrice s’était rapprochée de son personnage principal, sa mère, et qu’elle narrait son histoire avec un peu plus d’humanité. Sa grossesse non désirée, son mariage, la perte de son frère laissent transparaître un soupçon de cette émotion évoquée dans les critiques que j’ai lues ça et là.

Et puis cerise sur le gâteau, les nombreux passages en espagnol ! Je n’y aurais vu aucun inconvénient s’ils avaient été traduits en bas de page (comme Nancy Huston l’avait fait, avec talent, dans Danse noire). Je comprends plutôt bien l’espagnol mais j’avoue que je n’ai pas réussi à tout saisir. Et ça me gêne de ne pas comprendre tout ce que je lis ! Bah oui !

Avec ce roman, on est à des années lumière de Maylis de Kerangal ou Carole Martinez (Pour ne parler que des romancières françaises qui mériteraient bien un prix elles aussi !).

Seul point positif, l’apport historique pas inintéressant.

Est-ce honnête de faire une critique quand on n’a lu que la moitié du livre et parcouru le reste d’un œil distrait (mais qui a quand même réussi à saisir l’essentiel de la vie de Montse) ? Sûrement pas.

Pourtant, je ne résiste pas au désir de mettre mon point de vue en ligne… même s’il va à contre-courant (surtout parce qu’il va…). Je fais comme Lydie Salvayre, je ne termine pas ma phrase (mais, moi, je mets des points de suspension pour le mentionner !).