Charlie, c'est fini !

Publié le 01 février 2015 par Vindex @BloggActualite
Bonjour à tous...
Je sors un peu de ma léthargie pour voir avec un peu plus de recul les événements du mois dernier.
L'élan d'Union Nationale était trop beau pour durer... Il a pourtant redonner vigueur à la courbe (de popularité...) de notre président : plus 12 points en Janvier.
Cependant, l'élan, motivé par le soutien aux victimes et par la liberté d'expression, et qui devait permettre de traverser la crise, est mort de sa belle mort. Du point de vue de l'Union Nationale, ce n'est peut-être pas une mauvaise chose : il aurait été trop facile de tuer tout débat au nom d'une prétendue Union et de ne pas réfléchir sur la responsabilité de nos hommes politiques (et pas seulement ceux qui sont au pouvoir actuellement...). Revoir notre fonctionnement concernant la justice, l'immigration et ses problématiques sociales et économiques, notre modèle de vie en société, notre politique extérieure... aurait été une bonne chose. Mais au lieu de ça, on en remet une couche sur la laïcité et les valeurs morales à l'école pour demander à l'Education Nationale de tout régler (une fois n'est pas coutume...). 
Du point de vue de la liberté d'expression en revanche, le mouvement était une bonne chose. Certes le canard (plus ou moins drôle) Charlie Hebdo ne représentait pas à lui seul la liberté d'expression (ouf !) mais il appuyait là où ça pouvait faire mal et surtout sans déroger à un certain idéal. Cette marche, ce mouvement de soutien, rappelait donc une valeur fondamentale dans un pays où les médias sont trop peu indépendants et où le politiquement correct reste fort. 
Malheureusement, comme l'a souligné avec humour Tanguy Pastureau, "Les Charlies ont déjà renoncé" et la marche a laissé place nette à de beaux exemples de censure sous couvert de risque d'attentat. 

Les faits énoncés par Tanguy Pastureau sont graves. D'abord, je ne suis pas certain que tout cela respecte "l'esprit Charlie" qui a émané des attentats. Ensuite, on ne fait qu'ajouter de l'huile sur le feu. On parle d'éviter les "provocations" ou les attentats. Mais ce sont de fausses excuses. Les dessins de Charlie Hebdo en ce cas n'étaient-ils pas des provocations ? Tous ces événements censurés le sont au nom d'une interprétation sentimentaliste de ceux-ci, sans prendre en compte leur dimension réflexive. On a en effet besoin de débattre sans tabou, éviter le débat empêche d'user de la simple parole pour trouver des solutions en échangeant. En revanche, cela excite les passions et incite à l'usage d'autres moyens d'expression peut-être plus violents. Ces censures qui ne disent pas leur nom dénotent d'un Etat de soumission face à la menace d'une minorité. Il faut éviter d'autres attentats, mais doit on s'interdire de vivre, de parler et d'écouter ? Nos gouvernants souhaitaient éviter la psychose suite aux attentats mais n'est ce pas là une psychose qui vient justifier ces annulations ? N'est-il pas possible de protéger ces événements par une présence policière pour qu'ils puissent tout de même avoir lieu en toute sérénité ? 
La mobilisation générale contre le terrorisme annoncée le 21 janvier dernier par Manuel Valls montre un certain volontarisme. Mais ne pas parler des causes profondes de ces attentats est une erreur. Le problème c'est que nos politiques auraient à admettre leurs échecs, et cela ils n'en ont aucune envie.
Vin DEX