Paroles de blogueuses- Mon expatriation à New York, MicmatiK

Publié le 02 février 2015 par Elledit8 @elledit8

J’ai croisé la route de Dorothée du blog MicmatiK sur Instagram. La balade dans la petite galerie de cette nouvelle blogueuse m’a littéralement enchantée. L’univers émanant des photos m’a donné envie de visiter son blog et le coup de cœur s’est confirmé. Le style de sa plume, ses récits de voyage, les expos conseillées… C’est en lisant son avant-propos que j’ai su que j’avais trouvé la première invitée de « Paroles de blogueuses« . Elle a vécu 4 ans à New York, une ville qui me fascine. Lorsque je lui ai proposé de venir parler de son expérience ici, elle a tout de suite dit oui. Rentrée en France depuis peu, elle n’a pas encore abordé le sujet sur son blog. Je suis donc particulièrement touchée qu’elle ait accepté cette invitation pour nous en parler en avant-première!

Qu’est-ce qui a motivé ton départ pour la ville de New York, Dorothée? 

« Il était une fois, une petite française qui décida sur un coup de tête de passer les fêtes de fin d’année à New York et qui tomba amoureuse de cette ville et de son énergie. L’évidence était là, elle devait tout faire pour y vivre et tenter cette aventure… 2 ans plus tard, jour pour jour, la petite française et sa minette globetrotteuse posèrent leurs valises dans la grosse pomme. »

Mon départ pour New York résulte donc d’un coup de cœur lors d’un voyage. Néanmoins, j’étais dans une situation qui s’y prêtait bien. En effet, j’étais à l’époque thésarde et une fois le doctorat en poche, la suite logique signifie souvent partir quelques temps à l’étranger pour faire ses premières armes comme chercheur. J’ai donc pu cibler mes démarches sur New York, j’ai contacté des labos, passé des entretiens, obtenu des offres d’emploi et j’ai foncé ! Easy quoi :-p

Tu y es restée 4 ans. Etait-ce le choix de départ? 

Je suis partie l’esprit ouvert, on ne sait jamais ce que la vie nous réserve donc je n’excluais pas du tout la possibilité de m’installer définitivement aux US mais je misais sur une période de 3-4 ans à peu près avant de changer de job, de ville, de pays ou autre.

Comment as-tu vécu l’éloignement, l’immersion dans un pays anglophone?

J’avais déjà connu ce genre de chamboulement quand j’étais partie vivre quelques mois au Québec ou quand j’avais quitté ma Normandie natale pour le grand Sud. Bon là ok, je partais telle une petite tortue avec ma maison sur le dos, sur un autre continent, je n’avais plus rien en France et pas de retour programmé, c’est une sensation étrange mais j’ai adoré. Et mon premier Noël, tout juste débarquée, assise par terre avec mon dîner trônant sur le carton de l’aspirateur en guise de table de fête, est un super souvenir!

J’ai bien vécu l’éloignement et je n’ai pas particulièrement eu le mal du pays (sauf pour la bouffe et la douceur de vivre à la française). Et j’étais à New York hein! Donc la famille et les amis se sont régalés à venir me visiter! Et puis Skype est mon ami.

Quant au pays ou à sa mentalité, je ne peux pas trop dire car New York, ce n’est pas vraiment les Etats-Unis, c’est vraiment un monde à part. J’ai aussi fait le choix de ne pas avoir la télévision et je m’en portais très bien, mais ça n’a pas facilité le processus d’immersion je pense.

Qui dit immersion dit anglais! Et là… c’est le drame. J’étais loin d’être bilingue mais je pensais me débrouiller tout de même pas si mal! Nada! Ce fut une belle claque! Je ne comprenais rien et l’on ne me comprenait pas davantage. Les 3 premiers mois (voir 6 mois hein!) étaient un vrai challenge, un effort intense et constant toute la journée. C’est très différent de la découverte pendant un voyage, car il faut gérer le quotidien, le job, l’aspect social. C’est parfois frustrant car on se retrouve un peu bloqué dans sa bulle. Mais ça a donné aussi des situations super rigolotes, de bonnes vieilles déchires et je suis devenue une experte en mimes et bruitages.

Il ne faut pas avoir peur du ridicule, ne pas se prendre au sérieux et apprendre petit à petit. Quand enfin je fus capable de papoter et rigoler aux blagues des potos dans un pub blindé, j’ai su que j’avais fait un grand pas en avant!

Ta vision de la France a-t-elle évolué depuis ton séjour aux Etats-unis?

En prenant un peu de recul, on arrive à voir la « big picture » comme diraient les ricains donc c’était intéressant de regarder la France depuis l’autre côté de l’océan et de pouvoir comparer avec les States.

J’ai pris conscience de certains trucs, qui manquaient souvent à New York, tels que : la notion d’équilibre vie perso/vie pro et plus généralement du concept de qualité de vie (et de prendre le temps de vivre), l’accès à la santé et à l’éducation pour tous (véritable fléau aux Etats-Unis), la solidarité, l’ouverture d’esprit et la liberté (notamment d’expression)… et les congés payés !!!!

En gros, même si tout n’est pas rose dans notre beau pays, j’ai réalisé qu’on avait quand même pas mal de chance, au moins sur des trucs qui me paraissent fondamentaux et c’était pas mal d’avoir une piqûre de rappel.

A contrario, il est vrai aussi que nous les Français, nous sommes un peu beaucoup grognons et peu enclins à être optimistes. C’est ce qui est fou aux US, il y a une spontanéité et un positivisme bien marqués (et parfois une crédulité, voir une vision simpliste, merci Fox News !!!). Bah au quotidien, la pensée positive c’est agréable.

Cela se ressent aussi dans l’aspect professionnel où tout semble possible et chacun peut se réinventer 3 ou 4 fois dans sa vie. Cette notion de dynamisme professionnel, de se lancer dans des projets, de tout changer et de prendre des risques me semble beaucoup moins présente en France, où j’ai parfois l’impression que l’on choisit une voie et qu’il faut ensuite suivre les rails, il y a moins de latitude et de passerelles peut-être. Je suis en plein dedans donc je ne suis pas forcément super objective :-p

Quels conseils donnerais-tu à une personne qui souhaite vivre l’expérience de l’expatriation à New York? 

Alors je dois dire que chaque cas est vraiment unique et il est difficile de généraliser l’expatriation. Dans le cadre d’un stage, un court ou moyen séjour, ou une expatriation à durée limitée ou encadrée, dans le contexte du boulot par exemple, en gros quand vous savez que vous partez pour tant de temps ou que quelque chose vous attend au retour, je dirais : let’s go! Enjoy! Dans le cas où vous vous expatriez au plus long terme, en laissant un pays et une vie derrière vous sans savoir si vous reviendrez et surtout dans quelles conditions vous reviendrez, il faut juste anticiper la chose et se demander si l’on se sent prêt à écrire ce nouveau chapitre. Si la réponse est positive, il faut foncer car c’est une expérience humaine que je recommande à tous. Tout n’est pas rose dans une expatriation New Yorkaise mais je n’ai jamais regretté mes choix, bien au contraire!

En ce qui concerne les démarches administratives et autres, c’est pas la partie la plus rigolote mais cela se gère. Le point essentiel, le Saint Graal, c’est le visa! Sans visa, pas de job aux US et sans job, pas de visa! (Sauf cas particuliers et le working holiday visa n’existe hélas pas aux US). Pour ma part, le processus complet prit environ 10 mois dont 3 mois pour l’obtention du visa, j’ai été chanceuse, cela peut être bien plus long. L’autre coup de pouce c’est que mon employeur avait un programme de housing (location par l’université de logements), j’avais donc un appart en arrivant et ça c’est juste énooooorme car trouver un toit c’est un peu la misère à New York: pas de garant, pas de credit history, et un salaire souvent trop faible pour des loyers de psychos.

Donc en gros, j’ai vendu tout ce que j’avais en France, lâché mon appart, bourré 4 grosses valises avec des vêtements pour le pôle Nord mais aussi pour la canicule, un duvet et un oreiller, des bouquins et les quelques trucs que je voulais garder avec moi (dont la minette citée précédemment), j’ai pris l’avion et hop j’étais New Yorkaise!

Oui je sais, ça a l’air trop simple dit comme ça mais bien sûr ce n’est pas une décision facile à prendre ou à organiser (il existe des tonnes de sites web super pour vous aider et la communauté française à NY est très chouette également). Donc si vous ressentez l’envie de découvrir cette ville de fous, de vivre quelque chose de différent, de s’ouvrir au monde, il faut se jeter à l’eau!

Que pourrais-tu nous dire du style de vie des New Yorkais? 

Oh là là! Décrire le style de vie New Yorkais c’est mission quasi-impossible. Tellement de quartiers et d’ambiances différentes, tellement de diversité et de cultures variées, tellement de choses à voir ou à faire, je crois que chaque New Yorkais vit son propre New York, et ça c’est magique! Le surnom de « la ville qui ne dort jamais » est absolument mérité. New York, c’est l’effervescence continue où la notion de temps semble se perdre.

Prêt pour le décollage ? Ooookkkkk, en gros à New York : tu es speed, tu sors beaucoup, tu bosses beaucoup (enfin tu es bcp au boulot), tu marches beaucoup, tu ne croises que des voitures jaunes, tu fais tout par Internet (factures, courses, réserver un resto), tu te fais livrer tout et n’importe quoi chez toi (nourriture, PQ, cocktails et manucure), tu es dans une capitale fashion mais tu peux te balader en pyjama et tout le monde s’en fiche, tu peux aborder les gens dans la rue et ils sont gentils, tu fais du shopping à n’importe quelle heure, tu achètes tes clopes et la bouf du chat dans une pharmacie, tu vas au resto souvent et pis c’est super bon, tu manges de toutes les cuisines du monde, tu trouves de la nourriture partout, tu ne vas pas à Mac Do, tu peux prendre le métro toute la nuit, tu vois souvent des cafards et des rats, tu transpires beaucoup l’été, tu ne comprends pas comment l’électroménager peut être aussi vieillot et énorme, tu n’aimes ni les aspirateurs droits ni les climatisations d’avant guerre, tu te pèles en hiver, tu as l’air de rien en doudoune, tu essaies de te faire au bruit ambiant, tu manques de mourir écrasé 3 fois par mois, tu as parfois besoin de décompresser alors tu prends un métro et tu fais un BBQ dans Prospect Park à Brooklyn ou tu files à Long Island, tu fuis Time Square et ses loupiottes maléfiques, tu bouscules quelqu’un et c’est la personne qui s’excuse, tu es perdu et on accourt pour t’aider, tu as vu une nana 2 fois dans ta vie mais quand tu la croises elle te donne du hug et du « Oh my god, I miss you so much », tu entends « amaaaaaazing » avec une voie nasillarde partout, tu ne peux pas comprendre une phrase où il n’y a pas 50 likes dedans, tu ne marches jamais dans une crotte de chien, tu peux croiser une milliardaire et un clochard dans la même seconde, tu es obligé de tester tous les nouveaux spots branchés et si il n’y a pas 2 heures de queue c’est que ça ne vaut pas le coup, tu n’as le droit de fumer nulle part, tu n’as pas le droit de picoler dans la rue, tu te rends compte que beaucoup de nanas confondent tuniques et robes, tu adoooores quitter Manhattan le week-end mais ca t’explose le budget margaritas, tu as toujours un café en marchant, tu textotes en marchant et tu te prends un pylône, tu perds un œil quand tu vas chez le dentiste, tu as plein de quartiers sans buildings tout mignon, tu évites Midtown entre 4-6pm, tu brailles souvent à cause du métro et de ses caprices, tu rentres seule le soir et personne ne te saoule, tu as l’impression d’avoir un agenda de ministre, tu DOIS faire du sport et avoir un corps de rêve, tu peux assister à des concerts, spectacles, opéras tous les soirs, tu n’aimes pas le ciné car les gens téléphonent et font du bruit en mâchant leur pop corn au beurre, tu as des musées merveilleux et c’est souvent gratos, tu aimes les beergardens où il y a 48 pressions différentes, tu peux siroter un cocktail sur le toit de la ville, tu fais du jogging partout mais surtout à Central Park, tu peux parler avec des écureuils des heures, tu peux revisiter le même lieu 5 fois et avoir toujours une émotion différente, tu trouves des coins très calmes dans cette ville de fous, tu as plein de magasins de vêtements pour chiens, tu croises souvent des stars et des tournages, tu dois apprendre les règles du base-ball et du football, tu jongles entre ton boulot, tes potes, tes sorties et tu t’éclates, tu te sens ultra-crevée mais ultra-vivante… Pouah bon je suis épuisée et vous aussi sûrement mais voilà un mini-instantané non exhaustif de la vie à la New Yorkaise!

Quelles adresses hors des sentiers battus nous recommandes-tu?

Des adresses hors des sentiers battus il y en a des tonnes et j’espère pouvoir prochainement en parler sur mon blog. Et même certains des endroits dits touristiques sont sympas également, j’ai fait 10 fois le Brooklyn Bridge et le quartier Dumbo par exemple! A New York, j’adorais me balader dans les quartiers, flâner et y revenir aux différentes saisons.

Brooklyn Bridge

Quartiers où j’allais souvent: Central Park of course ! (j’habitais pas loin, dans l’Upper East Side, ouais comme dans Gossip Girl mais mon appart à moi c’était pas un penthouse, d’ailleurs j’habitais Yorkville plûtot), Park Slope et Greenpoint dans Brooklyn, la High Line et Meatpacking District et ses galeries, Riverside Walk, Governor Island l’été avec ses expositions et ses vues sur Downtown…

Central Park Central Park Lake Upper east side Meatpacking district

Miam: On mange magnifiquement bien à New York contrairement aux idées reçues et ceci un peu partout. Je ne peux pas citer de noms de restos tant cela change à toute vitesse. Je conseille l’expérience Dim Sum dans Chinatown.

Boire un verre: les rooftops intimistes (si si ça existe), les biertgarten de Williamsburg à Brooklyn, notamment le Radegast Hall & Biergarten et le Spritzenhaus33, où j’ai passé d’excellente soirées sur les tables communales.

Musée: mon chouchou, le MoMa!

Que retiens-tu de cette expérience?

Commençons par le négatif car il y en a bien sûr, j’ai eu du mal avec des problématiques telles que le racisme, le culte du dollar, la misère ambiante et le contraste malsain entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien (ou tout perdu car il n’y a pas vraiment de filets de sécurité). Le côté speed, stress et se construire uniquement par son job m’a un peu saoulé à force aussi (je ne reparle pas des vacances hein, vous aviez déjà saisi). Aaahh et ce satané bruit aussi! Et puis on manque des choses, on ne voit pas ses neveux grandir, ses parents vieillir, et surtout, il y a le retour et ça c’est plus difficile à gérer!

Mais mon expatriation a été une expérience incroyable et tellement riche qu’il est difficile de poser des mots dessus (oui je sais je viens pourtant de lâcher un roman là) et c’est une expérience qui vous change forcément. Je retiens les découvertes diverses, l’énergie et les gens. J’ai rencontré des personnes formidables de tout horizon, j’ai beaucoup appris et trouvé des amis géniaux ! J’y ai vécu des moments très forts, très beaux mais aussi parfois très difficiles. Dans ces cas là, j’ai serré les dents, j’ai avancé et je n’aurais pu le faire en meilleur endroit je pense parce que cette ville m’a insufflé un dynamisme énorme et parce que là-bas, je pouvais décider d’effacer l’ardoise et me réinventer.

Vivre dans cette ville, c’est souvent épuisant mais c’est aussi ultra entraînant, c’est comme une danse. Les premiers temps, j’avais du mal à me caler et à trouver le bon tempo, je prenais tout dans la tête. Et puis j’ai réussi à saisir le rythme, à adapter mon style de vie pour profiter de tout ce qu’elle pouvait m’offrir et à partir de là, je me suis régalée !


1. Ta destination favorite

J’ai beaucoup de mal avec les classifications donc hum… je dirais que j’ai adoré le Costa Rica et que mes destinations futures fétiches sont actuellement le Chili et l’Islande.

2. Un endroit que tu apprécies particulièment

Je dirais l’océan et plus généralement l’eau. Oui bon je ne sais pas si ça cadre avec la question mais c’est ce qui me vient instinctivement en tête. Dans l’eau, sous l’eau, sur l’eau ou au bord de l’eau, je me sens pleine de vie et apaisée.

3. La dernière chose que tu fais avant de t’endormir

Euuuhhh…bons ou mauvais jours? :-p

Bonnes habitudes : je ferme mon bouquin et la lumière

Mauvaises habitudes : je on me force à lâcher ce fichu smartphone car il est temps de déconnecter!

4. Ton dernier livre lu

L’hotel Adlon de Philip Kerr

5. Ton parfum

Flower de Kenzo (ça fait 15 ans, j’ai essayé de changer mais je n’y arrive pas)

6. Ton dernier film vu

Guardians of the Galaxy (l’Homme est fan de Marvel!)

7. Une image qui t’inspire

L’image qui m’inspire est carrément classique voir cliché mais c’est comme le parfum, je ne peux pas m’en défaire, il s’agit des pontons. C’est d’ailleurs la photo que j’ai choisi pour la rubrique Evasion du blog.


Dorothée, mille mercis pour ton retour d’expérience! Après la blogueuse passionnante, je découvre une jeune femme pétillante!

N’hésitez pas à la rejoindre sur son blog pour ne rien louper de ses actualités! Elle est aussi sur Instagram, Facebook et Google + pour toujours plus de partage… Personnellement, j’attends avec impatience l’article sur New York avec les adresses de rooftops intimistes! Pas vous?! ^^

MICMATIK

www.micmatik.fr


J’espère que ce nouveau rendez-vous vous a plu… Si c’est le cas, rendez-vous lundi prochain avec une nouvelle blogueuse surprise qui partagera ses idées de destination pour « voyager en solo » sans stress, avec des conseils pratiques et des photos sublimes en illustration…


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