de Julien Venesson
Enquête - 160 pages
Editions Thierry Souccar - juin 2013
Pourquoi le gluten est-il un ennemi pour la santé de beaucoup de Français, d'Occidentaux ? Par quels mécanismes modifie-t-il les phénomènes liés à la digestion ? Pourquoi parle-t-on de plus en plus d'allergie, d'intolérance et de sensibilité au gluten ? Ce vocabulaire qu'on croyait réservé au lactose fait son apparition sans pour autant être assez pris au sérieux par le domaine de la santé générale. L'auteur explique, bibliographie à l'appui, de quoi il en retourne.Cet ouvrage a le mérite de ne pas venir surfer sur la vague par un quelconque intéressé voulant profiter des peurs alimentaires modernes, mais au contraire d'être écrit par une personne convaincue (du coup le livre est clairement à charge contre le gluten, et nulle part contradictoire) qui met toute son énergie à énoncer sa thèse en l'appuyant sérieusement.En tant qu'ouvrage de vulgarisation, Gluten pose clairement les origines des blés, leurs genèses, leurs propagation, leurs croisements, leurs sélections. Tout en rappelant qu'à l'échelle de l'humanité, les blés sont un aliment plutôt récent. Et récent, le blé moderne l'est d'autant plus, effectivement élaboré et retenu pour des propriétés agronomiques et techniques.Puis l'auteur, à l'aide de schemas clairs, tente d'expliquer de manière abordable les effets d'augmentation de la porosité membranaire au niveau intestinal et des conséquences multiples engendrées par des échanges déséquilibrés et le passage augmenté dans l'organisme de molécules indésirables.
Extrait :"Entre chaque entérocyte, il existe un espace dont le rôle est très important et qui s'appelle la jonction serrée. Cet espace a une fonction essentielle : il contrôle la perméabilité de l'intestin. Un système équivalent est présent au niveau du cerveau et constitue une partie de la barrière hématoencéphalique qui contrôle le passage des molécules vers le cerveau, un organe très fragile. Malheureusement, ce contrôle de la perméabilité n'est pas parfait et il arrive que des macromolécules comme la gliadine du blé franchissent les jonctions serrées pour se retrouver dans le sang ou la lymphe."Moins convaincante, la liste des potentielles maladies auto-immunes - en plus de la fatigue chronique, de troubles de la digestion et de l’humeur, de maux de tête, d’arthrose, de vertiges, neuropathies, ou douleurs musculaires - qui seraient favorisées par le gluten : maladie de Crohn, sclérose en plaques, diabète de type 1, polyarthrite rhumatoïde... Des études concluent à faire du gluten un facteur de risque suspect sans pour autant le rendre seul coupable confirmé. Cependant, il est effectivement indispensable de ne plus nier certaines maladies dont le gluten est responsable, de poursuivre les recherches de grande ampleur, et pour les bien-portants, de rappeler que la diversification des sources de féculents et protéines est plus que bénéfique. Au final, suivre la recommandation préventive d'éviter toute trace de gluten dans son alimentation ne me séduit pas, mais je privilégie les aliments moins riches en gluten.
"Le blé moderne est un OGM toxique" - Interview de Julien Venesson