Seconde critique à Abdennour Bidar - 8

Par Plumesolidaire

Deuxième critique

Le second point faible du texte d’Abdennour Bidar, c’est qu’il s’agit d’un appel à la réforme de l’intérieur; mais  à se transformer pour qu’elle fin ? Pour adapter l’islam de France aux valeurs françaises et au modèle de la civilisation occidentale.

Encore a-t-il la pudeur ou la prudence, d’éviter d’évoquer les thèmes tabous tels que l’apostasie, l’avortement, l’homosexualité, l’antisémitisme, la peine capitale…

Mais on se heurte ici à une nouvelle problématique bien compliquée à résoudre.

Car il ne s’agit rien moins que d’inciter ce monde musulman fragmenté, et ficelé dans des traditions verrouillées qui permettent aux imans dans nombre de pays de conserver leur puissance en contrôlant chaque geste de la vie intime et publique, à faire un pas en direction d’un monde occidental, objet de tous les maux. Même, aux yeux d’une partie des musulmans qui sont autour de nous.

L’occident est l’ennemi héréditaire inculqué dès la petite enfance. Parce qu’il comporte d’anciennes puissances coloniales (Royaume Uni, France, Portugal, Belgique, Allemagne, Italie…), qui furent pour certaines d'entre elles à l’initiative des croisades, tandis que d'autres ont dessiné la carte actuelle des pays du continent africain. Dans un passé récents plusieurs nations europénennes ont conduit solidairement avec les Etats-Unis deux guerres en Afghanistan et en Irak, engendré l’anarchie et les affrontements fratricides en Lybie.

Nombre d'entre elles ont soutenu la création de l’Etat d’Israël "en terre arabe", et en sont les alliés...

Mais sait-on aussi assez que l’Union Européenne « est le plus grand fournisseur d’aide au développement pour le peuple palestinien avec une moyenne annuelle de 480 millions d’euros depuis 2007 »? (…) que « la France figure parmi les principaux contributeurs à l’aide destinée aux Territoires palestiniens. Elle y a consacré 43 millions d’euros en 2013 (350 millions d’euros sur la période 2008-2013). » ?

Source : http://www.plateforme-palestine.org/Aide-internationale,4094

Rien n’y fait. Dans une partie de la population magrébine et subsaharienne, la liste des griefs et des ressentiments historiques, politiques et religieux continue de se transmettre, comme un héritage culturel, de génération en génération.

Et parmi ces nations, il y a cette France sécularisée et matérialiste, qui a fait de la laïcité l’un des piliers de la République, a supprimé la peine capitale, a légalisé la contraception et l’avortement, légifère sur le mariage homosexuel, défend la liberté d’expression y compris le droit de brocarder les religions par des dessins. Cette France, il est vrai, qui a si longtemps nié l’abandon des harkis exterminés par le nouveau pouvoir algérien; tant résisté à avouer les massacres de Sétif, de Guelma et de Kherrata en mai 1945(1). Une France qui a attendu un demi-siècle pour que le précédent chef de l’Etat, le 14 avril 2012, reconnaisse officiellement la responsabilité du gouvernement français dans « l'abandon » des harkis après la fin de la guerre d'Algérie en 1962 (2).

Une France qui loin d’être innocente de son passé, a aussi instauré avec le décret du 29 avril 1976, la possibilité du regroupement familial, presque vingt-sept ans avant la directive 2003/86/CE du 22 septembre 2003 qui pose les règles minimales pour les États membres de l'UE concernant le regroupement familial.

Et on oublie aussi bien vite, que depuis les premières arrivées des familles de travailleurs immigrés, 40% des enfants de la première génération sont sécularisés, et se sont émancipés en partie au moins de la rigidité des  principes de l’islam traditionnel.

J'en compte parmi mes ami(e)s, et à elles-ci et à ceux-là, il est préférable d'éviter le sujet douloureux de l'islam de leurs parents.

- - - - - - - - - - - 

Chaque permanence est un moment pendant lequel nous travaillons bénévolement à accompagner d'une certaine façon à l’« intégration » des uns, en concourant à préserver leurs droits ou à y accéder; et un moment au cours duquel nous assistons aux désastres intimes des autres, que génèrent les normes conservatrices des sociétés dominées par l’islam.

Parmi les personnes que j’ai reçues ces dernières semaines, j’ai été particulièrement ému par deux dames magrébines âgées.

L’une accompagnait l’autre pour constituer son dossier de demande de nationalité française. Elle me rappelait que c’était moi qui avais monté le sien il y a de cela quelques années, et qu’elle avait acquis sa naturalisation en six mois. Forte de ce succès elle nous amenait donc son amie. Ce qui était encore plus touchant c'est que que cette dernière, qui vit en France depuis des décennies avait été abandonnée par son second mari, qui avait pris la précaution – détail récurrent -, d’emporter avec lui tous les documents familiaux et refusait bien entendu de les confier à sa femme pour qu'elle puisse effectuer ses démarches administratives, ce qui rend plus difficile la constitution du dossier. Mais, depuis cette séparation, elle se sentait plus libre et avait pu enfin s’inscrire à une formation pour apprendre le français. Elle irradiait l’espoir d’une vraie vie meilleure en France hors de la tutelle de son mari.

Nous savons bien nous, que mariages d’amour, mariages arrangés ou forcés au pays, finissent souvent en France en séparations et en divorces. Et même si nous connaissons des hommes sincères qui se sont faits gruger par une épouse qu’ils sont allés chercher au pays, ou qu'ils ont rencontrée ici, nous voyons bien que les femmes hésitent moins à en finir une fois en France avec l’oppression masculine. Nos lois protègent la femme et les enfants; les lois musulmanes en vigueur dans les pays qui pactisent avec l'islam salafiste les asservissent et les rendent transparents. Et si les femmes ne sont pas toujours non plus immaculées dans leurs intentions, ni dépourvues de calculs sordides (3), il faut bien se rendre à l’évidence que, dans le domaine des violences conjugales, nous ne connaissons pas d’hommes battus, harcelés sexuellement, assignés à vivre à domicile et privés par leurs femmes de leurs documents d’état civil et de toute possibilité de liberté...Jamais non plus nous n’avons entendu de confidence de père souffrant d’une épouse qui se livre à l’inceste avec un ou plusieurs de ses enfants.

Combien de scandales d’affaires pédophiles franco françaises ont-ils fait révulser les cœurs aux JT de 20 heures ? Combien de viols dans l’intimité familiale ont-ils été commis, dont nous avons eu connaissance pour quelques uns d'entre eux, et demeurent dans le silence qu’impose la terreur des époux et des pères qui n’ont nul besoin de s’arroger tous les droits au sein du foyer, puisque les traditions en vigueur dans leur pays les y autorisent  ?

Il y a ces horreurs ; il y a les bonheurs.

Et si je préfère aider un malien à rédiger les statuts de l’association qu’il a montée avec ses compatriotes  pour développer les infrastructures de son village; ces violences font aussi partie du lot de nos entretiens. Parce qu'elle font partie intégrante de la vie de nombreuses familles.

Il me suffit de citer celle-là, pour que bien d'autres me reviennent à l'esprit; ainsi que plusieurs situations d'esclavage ici à Paris, qui m'avaient troublées.

Le problème est que notre état de droit les réprouve et les punit, et que beaucoup d'états du monde musulman les légitiment en grande partie.

Pour autant, les « qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour que je sois traitée ainsi par mon mari ? », « je prie, je prie tous les jours pour que cela s’arrête » sont omniprésents…Et si la supplication à Dieu est tantôt celle qui est adressée à celui de la Sainte Trinité, et tantôt à Allah et au Prophète, ils n’expriment que leur impuissance à secourir les hommes.

L’appel à Dieu, que je chasse avec l’un par la porte de la reconnaissance usurpée, revient avec l’autre par la fenêtre de la souffrance qui suscite l’écoute, la compassion, et m’exhorte au silence respectueux et à la réserve.

Et là nous sommes loin, très loin de « Nous sommes tous Charlie », et de la laïcité.

Les situations individuelles de ces femmes et de ses hommes donnent la mesure humaine concrète des souffrances que l'islam traditionnel en vigueur qu'ils ont intégré dans leur personnalité depuis l'enfance reproduit dans leur vie intime.

Elles indiquent la démesure des transformations à engager pour que leur vie spirituelle puisse devenir un moteur de liberté individuelle, et des ruptures qu'ils doivent opérer dans leur intériorité et dans leur milieu, pour conquérir leur autonomie.

Et on comprend d'autant mieux la colère du théologien Ghaleb Bencheikh quand il dénonce "la pusillanimité et la frilosité de nos «hiérarques»; "leur incurie organique (qui) nous laisse attendre, tétanisés, la tragédie d’après." Quand il relève qu'"aucun symposium important n’a été organisé en vue de subsumer la violence «inhérente» à l’islam; pas la moindre conférence sérieuse n’a été animée pour pourfendre les thèses islamistes radicales. Nous avons vécu sur la défaite de la pensée et l’abrasement de la réflexion."

Nous, écrivains publics, sommes simplement témoins de l’oppression de la femme dans le monde musulman en France; près de chez nous.

Oppression qui ne touche pas que les femmes; et qui est redoublée par la montée permanente des inégalités économiques et sociales dans notre pays, la xénophobie galopante, les discriminations dans l'accès au logement, à l'emploi; et l'abscence de véritable politique d'intégration.

Les mondes musulmans sont en France livrés à eux-mêmes; ainsi qu'à leurs hiérarques.

- - - - - - - - - -

Dans ces termes, et vu sous cet angle particulier qu'est celui de la rencontre entre cette fraction infinitésimale du "monde musulman" en souffrance d'illettrisme et d'humanité, et l'écrivain public, il est bien peu probable, que cette cause juste qu’est la Lettre ouverte au monde musulman, soit entendue par les destinataires assis de l'autre côté de notre bureau. Et moins comprise encore.

Oui, quoiqu’en pense le maladroit, ou un tantinet « négationniste islamique », futur président du CFCM, le  monde musulman français a bel et bien enfanté des monstres barbares: il est le premier pourvoyeur sur les champs de bataille en nombre de chairs à canon française fanatisées au nom de l’islam.

Il faudra donc inventer d’autres approches moins holistiques, plus ancrées dans les réalités concrètes que nous vivons chaque jour.

Et en cherchant un peu, elles existent…

C’est un chantier titanesque, mais si la promesse du 11 janvier est tenue, dans dix ans le pays pourrait s’en trouver transformé.

Plume Solidaire

(1) Suivant les recherches récentes, le nombre varie de 5 000 à 10 000 victimes - wikipédia

(2) « Au total, le nombre de harkis tués après le cessez-le-feu, victimes de représailles, fut estimé selon les sources entre 10 000 et 150 000. Actuellement, les historiens s’accordent à évaluer de 60 000 à 70 000 le nombre de morts » - wikipédia

(3) Semaine dernière : c'est l'histoire d'une veuve algérienne, qui sous-loue une partie de son appartement HLM à une dame âgée sans papiers qui vit en France de petits travaux de couture depuis de nombreuses années; et qu'elle harcèle moralement dans le but de la faire partir. Pour ce faire, elle menace, comme elle l'a déjà fait à plusieurs reprises avec de précédent(e)s sous-locataires, de déposer ses effets personnels sur la voie publique, et de changer la serrure d'entrée du logement.

Deuxième critique

Le second point faible du texte d’Abdennour Bidar, c’est qu’il s’agit d’un appel à la réforme de l’intérieur; mais  à se transformer pour qu’elle fin ? Pour adapter l’islam de France aux valeurs françaises et au modèle de la civilisation occidentale.

Encore a-t-il la pudeur ou la prudence, d’éviter d’évoquer les thèmes tabous tels que l’apostasie, l’avortement, l’homosexualité, l’antisémitisme, la peine capitale…

Mais on se heurte ici à une nouvelle problématique bien compliquée à résoudre.

Car il ne s’agit rien moins que d’inciter ce monde musulman fragmenté, et ficelé dans des traditions verrouillées qui permettent aux imans dans nombre de pays de conserver leur puissance en contrôlant chaque geste de la vie intime et publique, à faire un pas en direction d’un monde occidental, objet de tous les maux. Même, aux yeux d’une partie des musulmans qui sont autour de nous.

L’occident est l’ennemi héréditaire inculqué dès la petite enfance. Parce qu’il comporte d’anciennes puissances coloniales (Royaume Uni, France, Portugal, Belgique, Allemagne, Italie…), qui furent pour certaines d'entre elles à l’initiative des croisades, tandis que d'autres ont dessiné la carte actuelle des pays du continent africain. Dans un passé récents plusieurs nations europénennes ont conduit solidairement avec les Etats-Unis deux guerres en Afghanistan et en Irak, engendré l’anarchie et les affrontements fratricides en Lybie.

Nombre d'entre elles ont soutenu la création de l’Etat d’Israël "en terre arabe", et en sont les alliés...

Mais sait-on aussi assez que l’Union Européenne « est le plus grand fournisseur d’aide au développement pour le peuple palestinien avec une moyenne annuelle de 480 millions d’euros depuis 2007 »? (…) que « la France figure parmi les principaux contributeurs à l’aide destinée aux Territoires palestiniens. Elle y a consacré 43 millions d’euros en 2013 (350 millions d’euros sur la période 2008-2013). » ?

Source : http://www.plateforme-palestine.org/Aide-internationale,4094

Rien n’y fait. Dans une partie de la population magrébine et subsaharienne, la liste des griefs et des ressentiments historiques, politiques et religieux continue de se transmettre, comme un héritage culturel, de génération en génération.

Et parmi ces nations, il y a cette France sécularisée et matérialiste, qui a fait de la laïcité l’un des piliers de la République, a supprimé la peine capitale, a légalisé la contraception et l’avortement, légifère sur le mariage homosexuel, défend la liberté d’expression y compris le droit de brocarder les religions par des dessins. Cette France, il est vrai, qui a si longtemps nié l’abandon des harkis exterminés par le nouveau pouvoir algérien; tant résisté à avouer les massacres de Sétif, de Guelma et de Kherrata en mai 1945(1). Une France qui a attendu un demi-siècle pour que le précédent chef de l’Etat, le 14 avril 2012, reconnaisse officiellement la responsabilité du gouvernement français dans « l'abandon » des harkis après la fin de la guerre d'Algérie en 1962 (2).

Une France qui loin d’être innocente de son passé, a aussi instauré avec le décret du 29 avril 1976, la possibilité du regroupement familial, presque vingt-sept ans avant la directive 2003/86/CE du 22 septembre 2003 qui pose les règles minimales pour les États membres de l'UE concernant le regroupement familial.

Et on oublie aussi bien vite, que depuis les premières arrivées des familles de travailleurs immigrés, 40% des enfants de la première génération sont sécularisés, et se sont émancipés en partie au moins de la rigidité des  principes de l’islam traditionnel.

J'en compte parmi mes ami(e)s, et à elles-ci et à ceux-là, il est préférable d'éviter le sujet douloureux de l'islam de leurs parents.

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Chaque permanence est un moment pendant lequel nous travaillons bénévolement à accompagner d'une certaine façon à l’« intégration » des uns, en concourant à préserver leurs droits ou à y accéder; et un moment au cours duquel nous assistons aux désastres intimes des autres, que génèrent les normes conservatrices des sociétés dominées par l’islam.

Parmi les personnes que j’ai reçues ces dernières semaines, j’ai été particulièrement ému par deux dames magrébines âgées.

L’une accompagnait l’autre pour constituer son dossier de demande de nationalité française. Elle me rappelait que c’était moi qui avais monté le sien il y a de cela quelques années, et qu’elle avait acquis sa naturalisation en six mois. Forte de ce succès elle nous amenait donc son amie. Ce qui était encore plus touchant c'est que que cette dernière, qui vit en France depuis des décennies avait été abandonnée par son second mari, qui avait pris la précaution – détail récurrent -, d’emporter avec lui tous les documents familiaux et refusait bien entendu de les confier à sa femme pour qu'elle puisse effectuer ses démarches administratives, ce qui rend plus difficile la constitution du dossier. Mais, depuis cette séparation, elle se sentait plus libre et avait pu enfin s’inscrire à une formation pour apprendre le français. Elle irradiait l’espoir d’une vraie vie meilleure en France hors de la tutelle de son mari.

Nous savons bien nous, que mariages d’amour, mariages arrangés ou forcés au pays, finissent souvent en France en séparations et en divorces. Et même si nous connaissons des hommes sincères qui se sont faits gruger par une épouse qu’ils sont allés chercher au pays, ou qu'ils ont rencontrée ici, nous voyons bien que les femmes hésitent moins à en finir une fois en France avec l’oppression masculine. Nos lois protègent la femme et les enfants; les lois musulmanes en vigueur dans les pays qui pactisent avec l'islam salafiste les asservissent et les rendent transparents. Et si les femmes ne sont pas toujours non plus immaculées dans leurs intentions, ni dépourvues de calculs sordides (3), il faut bien se rendre à l’évidence que, dans le domaine des violences conjugales, nous ne connaissons pas d’hommes battus, harcelés sexuellement, assignés à vivre à domicile et privés par leurs femmes de leurs documents d’état civil et de toute possibilité de liberté...Jamais non plus nous n’avons entendu de confidence de père souffrant d’une épouse qui se livre à l’inceste avec un ou plusieurs de ses enfants.

Combien de scandales d’affaires pédophiles franco françaises ont-ils fait révulser les cœurs aux JT de 20 heures ? Combien de viols dans l’intimité familiale ont-ils été commis, dont nous avons eu connaissance pour quelques uns d'entre eux, et demeurent dans le silence qu’impose la terreur des époux et des pères qui n’ont nul besoin de s’arroger tous les droits au sein du foyer, puisque les traditions en vigueur dans leur pays les y autorisent  ?

Il y a ces horreurs ; il y a les bonheurs.

Et si je préfère aider un malien à rédiger les statuts de l’association qu’il a montée avec ses compatriotes  pour développer les infrastructures de son village; ces violences font aussi partie du lot de nos entretiens. Parce qu'elle font partie intégrante de la vie de nombreuses familles.

Il me suffit de citer celle-là, pour que bien d'autres me reviennent à l'esprit; ainsi que plusieurs situations d'esclavage ici à Paris, qui m'avaient troublées.

Le problème est que notre état de droit les réprouve et les punit, et que beaucoup d'états du monde musulman les légitiment en grande partie.

Pour autant, les « qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour que je sois traitée ainsi par mon mari ? », « je prie, je prie tous les jours pour que cela s’arrête » sont omniprésents…Et si la supplication à Dieu est tantôt celle qui est adressée à celui de la Sainte Trinité, et tantôt à Allah et au Prophète, ils n’expriment que leur impuissance à secourir les hommes.

L’appel à Dieu, que je chasse avec l’un par la porte de la reconnaissance usurpée, revient avec l’autre par la fenêtre de la souffrance qui suscite l’écoute, la compassion, et m’exhorte au silence respectueux et à la réserve.

Et là nous sommes loin, très loin de « Nous sommes tous Charlie », et de la laïcité.

Les situations individuelles de ces femmes et de ses hommes donnent la mesure humaine concrète des souffrances que l'islam traditionnel en vigueur qu'ils ont intégré dans leur personnalité depuis l'enfance reproduit dans leur vie intime.

Elles indiquent la démesure des transformations à engager pour que leur vie spirituelle puisse devenir un moteur de liberté individuelle, et des ruptures qu'ils doivent opérer dans leur intériorité et dans leur milieu, pour conquérir leur autonomie.

Et on comprend d'autant mieux la colère du théologien Ghaleb Bencheikh quand il dénonce "la pusillanimité et la frilosité de nos «hiérarques»; "leur incurie organique (qui) nous laisse attendre, tétanisés, la tragédie d’après." Quand il relève qu'"aucun symposium important n’a été organisé en vue de subsumer la violence «inhérente» à l’islam; pas la moindre conférence sérieuse n’a été animée pour pourfendre les thèses islamistes radicales. Nous avons vécu sur la défaite de la pensée et l’abrasement de la réflexion."

Nous, écrivains publics, sommes simplement témoins de l’oppression de la femme dans le monde musulman en France; près de chez nous.

Oppression qui ne touche pas que les femmes; et qui est redoublée par la montée permanente des inégalités économiques et sociales dans notre pays, la xénophobie galopante, les discriminations dans l'accès au logement, à l'emploi; et l'abscence de véritable politique d'intégration.

Les mondes musulmans sont en France livrés à eux-mêmes; ainsi qu'à leurs hiérarques.

- - - - - - - - - -

Dans ces termes, et vu sous cet angle particulier qu'est celui de la rencontre entre cette fraction infinitésimale du "monde musulman" en souffrance d'illettrisme et d'humanité, et l'écrivain public, il est bien peu probable, que cette cause juste qu’est la Lettre ouverte au monde musulman, soit entendue par les destinataires assis de l'autre côté de notre bureau. Et moins comprise encore.

Oui, quoiqu’en pense le maladroit, ou un tantinet « négationniste islamique », futur président du CFCM, le  monde musulman français a bel et bien enfanté des monstres barbares: il est le premier pourvoyeur sur les champs de bataille en nombre de chairs à canon française fanatisées au nom de l’islam.

Il faudra donc inventer d’autres approches moins holistiques, plus ancrées dans les réalités concrètes que nous vivons chaque jour.

Et en cherchant un peu, elles existent…

C’est un chantier titanesque, mais si la promesse du 11 janvier est tenue, dans dix ans le pays pourrait s’en trouver transformé.

Plume Solidaire

(1) Suivant les recherches récentes, le nombre varie de 5 000 à 10 000 victimes - wikipédia

(2) « Au total, le nombre de harkis tués après le cessez-le-feu, victimes de représailles, fut estimé selon les sources entre 10 000 et 150 000. Actuellement, les historiens s’accordent à évaluer de 60 000 à 70 000 le nombre de morts » - wikipédia

(3) Semaine dernière : c'est l'histoire d'une veuve algérienne, qui sous-loue une partie de son appartement HLM à une dame âgée sans papiers qui vit en France de petits travaux de couture depuis de nombreuses années; et qu'elle harcèle moralement dans le but de la faire partir. Pour ce faire, elle menace, comme elle l'a déjà fait à plusieurs reprises avec de précédent(e)s sous-locataires, de déposer ses effets personnels sur la voie publique, et de changer la serrure d'entrée du logement.