Un océan d'amour [Wilfrid Lupano, Grégory Panaccione]

Publié le 15 février 2015 par Charlotte @ulostcontrol_
Hello,
Il y a certaines choses ou certaines personnes que l'on aime tellement qu'on voudrait les garder rien que pour soi, comme des trésors. J'ai longtemps voulu garder ce petit bijou de bande-dessinée rien que pour moi, mais le temps a passé, ce petit bijou a récemment reçu le prix de la BD Fnac, et je me suis dit que c'était bête de ne pas vous faire partager un de mes plus gros coups de coeur de l'année passée; alors aujourd'hui, j'avoue tout : voilà ce qui a fait battre mon coeur depuis un ou deux mois.

Chaque matin, Monsieur part pêcher au large des côtes bretonnes. Mais ce jour-là, c'est lui qui est pêché par un effrayant bateau-usine. Pendant ce temps, Madame attend. Sourde aux complaintes des bigoudènes, convaincue que son homme est en vie, elle part à sa recherche. C'est le début d'un périlleux chassé-croisé, sur un océan dans tous ses états. Une histoire muette avec moult mouettes.

L'histoire imaginée par Lupano est rocambolesque à souhait. Un jour de mauvais temps, Monsieur, pêcheur, se perdra en mer et sera incapable de rentrer chez lui le soir venu. Inquiète, Madame va remuer ciel et terre et traverser les frontières pour retrouver son mari. En parallèle, on va suivre chacun de ces deux personnages se croiser sans réussir à se retrouver : il va essayer de rentrer chez lui et elle va essayer de ramener son mari à bon port.
Evidemment, j'ai craqué pour le couple de bretons inventé par Lupano. Lui : petit, chauve et entêté et elle : grande, rondelette et bienveillante. Ils vivent dans une petite maison de pierre et les paysages tels que le petit bourg, le port et la côte sur laquelle ils vivent sont dessinés avec beaucoup d'authenticité : on s'y croirait. Voyez par exemple l'intérieur de leur maison dans les quelques planches qui suivent !
Les dessins de Grégory Panaccione sont magnifiques. A la fois réalistes et enfantins, beaucoup de tendresse et de malice s'en dégagent ; les situations sont décrites avec humour et espièglerie. Si le dessinateur met tout son art au service des expressions de ses personnages, il n'en néglige pas moins les décors, l'ambiance et les paysages qui les accompagnent a tel point qu'on a vraiment l'impression d'être transporté dans le décor : on sent l'odeur des crêpes, du poisson, de la mer, on sent le vent et la pluie. Cette BD a le don de nous faire voyager et d'intensifier nos émotions.
La petite originalité, la cerise sur le gateau, c'est qu'il s'agit d'une bande-dessinée muette, c'est-à-dire qu'elle n'a pas de bulle, pas de paroles, pas de texte écrit. Mais ça n'empêche en aucun cas la compréhension de l'histoire puisque les expressions des personnages sont de ce fait accentuées et facilement compréhensibles. Cela stimule au contraire l'imagination, la fantaisie et l'entendement du lecteur et rend le tout d'autant plus touchant et unique. En tant que lecteur, cela nous donne vraiment l'impression de participer à la création de l'histoire ; on n'a pas l'impression d'être simple spectateur et de « recevoir » simplement une histoire, on a l'impression de l'inventer en même temps que le scénariste et on se l'approprie d'autant plus.
Cette lecture a été une véritable bouffée d'air frais pour moi. Je sais c'est très cliché, je crois d'ailleurs que ça va être difficile de vous faire comprendre à quel point je l'ai aimée sans être niaise. Tout ce qui se dégage de cette histoire agit comme un remonte-moral, une petite chose qui nous remet du baume au coeur, des paillettes plein les yeux et des rêves en tête. Ce n'est pas donné à tout le monde, et je crois que cette bande-dessinée est la seule à m'avoir fait autant d'effet. Ca a été sans aucun doute un de mes plus gros coups de coeur de l'année passée.
Cela va sans dire : je vous la recommande absolument. Pour les bretons en manque d'eau salée, pour ceux qui aiment voyager, ceux qui aiment les histoires de marin, ceux qui veulent rêver, ceux qui aiment les personnages attachants, ceux qui aiment qu'on leur raconte de belles histoires, ceux qui aiment les happy-end et ceux qui aiment les chefs-d'oeuvre