La legende arthurienne

Publié le 16 février 2015 par Aelezig

C'est un ensemble de textes écrits au Moyen Âge autour du roi Arthur, de son entourage et de la quête du Graal.

Il n'existe pas une légende arthurienne, mais des légendes arthuriennes. Cela est dû aux nombreux auteurs qui ont assemblé ces traditions au cours des siècles, depuis les premiers moines collecteurs jusqu'aux écrivains qui l'ont enrichie, comme Chrétien de Troyes ou plus récemment Xavier de Langlais. Ainsi le nom des personnages et les circonstances de leur vie (jeunesse, hauts faits, mort) varient d'une époque à l'autre, d'un pays à l'autre. Il existe cependant une unité de lieu : le royaume mythique de Bretagne, qui recouvre les territoires du centre, du sud et de l'ouest de la Grande-Bretagne actuelle ainsi qu'une partie non définie de la Bretagne continentale, et une unité de temps : la fin du Ve siècle et le début du VIe siècle quand les Romains viennent de quitter l'Ile de Bretagne, période des grandes invasions qui précédèrent et suivirent la chute de l'empire romain d'Occident.

Film Lancelot, le premier chevalier

Le cycle littéraire de la légende arthurienne doit son succès à son statut de double récit, enrichi par de nombreux auteurs. D'un côté Camelot, utopie chevaleresque, mise à mal par les conflits entre Arthur, Lancelot et Mordred, entre autres. De l'autre la fabuleuse quête du Graal, entreprise par de nombreux chevaliers, dans laquelle beaucoup échouent (comme Lancelot) et de rares élus réussissent (son fils Galahad, notamment aidé de Perceval et de Bohort). Le cycle arthurien est, depuis quelques siècles, centré sur des thèmes chrétiens, tels que le péché, illustré par les actes des héros tour à tour vertueux ou malins, ou la quête de l'absolu, symbolisé par la relique suprême, le Saint Graal. Les relations amoureuses, telles que celle de Lancelot et Guenièvre, ou Tristan et Iseult sont les prémices de l'amour courtois médiéval. Plus récemment, la tendance est d'établir le lien de ces légendes avec la mythologie celtique, surtout depuis le début du XXe siècle, mais aussi la réalité historique... Arthur oui ou non a-t-il existé ?

La légende arthurienne a pour source primaire les Celtes brittoniques, originaires des îles britanniques (dont une partie migre en Bretagne au cours du haut Moyen Âge). Arthur y apparait tout d’abord comme un guerrier et un chef de troupe, accédant ultérieurement au statut de roi à travers les efforts « patriotiques » des historiens pour mettre en valeur les Bretons. Les écrivains francs et ceux issus de l'Empire Plantagenêt notamment ont considérablement modifié la matière originelle par des ajouts issus de leur propre imagination ou d'autres traditions (comme la tradition chrétienne par exemple). L'apport principal de ces écrivains « français » est l'accent mis sur les valeurs chevaleresques propres à la France du nord et les références à l'amour courtois propre à la France du Sud (Aliénor d'Aquitaine avait sa cour à Poitiers). Cela a eu pour conséquence d'atténuer considérablement ses origines celtiques et bretonnes.

Dans leur roman De Scythie à Camelot, Covington Scott Littleton, professeur d'anthropologie à Los Angeles et Linda Ann Malcor, docteur en folklore et mythologie, ont remis en cause l'origine celtique du cycle arthurien en imaginant une autre explication. Pour eux, le cœur de cet ensemble fut apporté entre le IIe et le Ve siècle par des cavaliers alains et sarmates. Ces peuples barbares, enrôlés dans les légions romaines, auraient répandu leurs récits mythologiques dans les régions où ils s'étaient installés, l'Angleterre et la Gaule principalement. Ces récits se nourriraient d'un terreau commun : l'ancienne Scythie (région de steppes au sud de la Russie et de l'Ukraine actuelles), région d'origine des descendants des Alains et des Sarmates.

La thèse de Littleton et de Malcor se fonde sur trois principaux arguments : La culture des Ossètes (qui vivent aujourd'hui dans le Caucase), les cousins contemporains des Alains, possède des récits qui ressembleraient aux aventures d'Arthur et des chevaliers de la Table ronde. On y raconte notamment la saga du héros Batraz et de sa bande, les Narts. Dans cette histoire, il est, entre autres, question d'épée magique (Excalibur ?) et de coupe sacrée (le Graal ?) L'histoire des Sarmates et des Alains confirmerait leur rôle décisif dans la naissance du cycle arthurien. À partir du IIe siècle, ces peuples se sont installés, en tant que soldats de l'armée romaine, dans plusieurs régions de l'Empire Romain : le nord de l'Angleterre puis la Gaule. Or ces régions ont vu ensuite naître la légende arthurienne. De plus, Sarmates et Alains auraient été en contact avec des événements ou des personnages inspirateurs de cette légende. Selon eux, des Sarmates d'Angleterre étaient commandés à la fin du IIe siècle par Lucius Artorius Castus, un officier romain qui serait le Arthur historique - cette interprétation de la carrière d'Artorius Castus n'est toutefois plus retenue par les spécialistes de l'histoire romaine... D'autre part, les Alains ont participé au sac de Rome en 410 avec les Wisigoths d'Alaric et auraient dérobé à cette occasion des objets religieux chrétiens, point de départ à la légende du Graal.

Ces thèses n'ont cependant pas la valeur d'une étude scientifique et ne sont pas reprises par les philologues, les historiens et les spécialistes de la mythologie. Elles ont en tous cas fait l'objet d'un film : Le roi Arthur (2004) d'Antoine Fuqua.