Invincible d'Angelina Jolie avec Jack O'Connell, Miyavi, Domhnall Gleeson, Garrett Hedlund, Finn Wittrock

Par Kojimaemi

L'histoire: Avant de se mettre à l'athlétisme, le jeune Louis Zamperini boit en cachette, vole et se bagarre. Sous l'impulsion de son frère qui a foi en lui, il devient un athlète de haut niveau et il est même sélectionné pour les Jeux Olympiques de Berlin. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se bat dans le Pacifique à bord d'un bombardier qui va se crasher en pleine mer.

Je trouve que le titre original du film, à savoir Unbroken, est encore plus parlant que notre Invincible. Cela signifie "qui n'est pas cassé/rompu", et cela correspond mieux à l'histoire qui est racontée. Louis Zamperini est un battant ; il a affronté des épreuves qui en auraient brisé plus d'un. Il a peut-être ployé, mais il a résisté, comme le roseau de la fable.

J'attendais tellement ce film que je redoutais d'aller le voir, de peur d'être déçue. Surtout qu'il s'agit d'un biopic, et ces derniers n'ont pas la côte avec moi. Je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps, c'est un très bon film ! Parce qu'Angelina Jolie, entourée par les frères Cohen au scenario, a compris qu'il ne suffisait pas d'aligner bêtement des faits pour raconter une bonne histoire. Le passé d'athlète de Zamperini est évoqué parce qu'il a acquis certaines valeurs dans le sport qui vont l'aider à surmonter les épreuves de la guerre. Et l'insistance sur ce que Watanabe lui fait endurer amène ce qui est le plus important dans le dénouement de l'histoire : le pardon. Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est que cette morale n'est pas non plus imposée comme étant une vérité générale, elle s'applique à cette histoire parce que l'intrigue se déroule de manière à amener le spectateur à la conclusion que la rancoeur et la vengeance, même après avoir vécu l'horreur, sont inutiles. Et la dernière image, dans sa symbolique, est vraiment superbe.

Pour ceux qui cherchent le frisson du film de guerre classique, vous vous êtes égarés. Ce sont plutôt des histoires d'acharnement. Courir plus vite. Survivre. Ne pas s'incliner devant l'ennemi. Ou faire plier l'ennemi, dans le cas de Watanabe. La violence est plus psychologique que visuelle, surtout dans le camp de prisonniers au Japon. D'une certaine manière, cela m'a rappelé Furyo avec David Bowie. La partie où les naufragés dérivent pendant 47 jours pourrait paraître un peu longue, mais je pense que c'est nécessaire pour coller à la réalité. Les journées doivent être interminables quand on doit tenir à trois sur deux minuscules canots de sauvetage, sans rien à boire ou à manger. Il y a d'ailleurs quelques notes d'humour qui permettent de dédramatiser la situation pour ne pas qu'elle devienne trop angoissante pour le spectateur.

L'autre bonne surprise, c'est le choix du casting. Pas de têtes d'affiche très connues mais des acteurs de qualité qui ont déjà une belle carrière, comme Jack O'Connell, vu et adoré dans Les Poings contre les murs, ou Domhnall Gleeson. Les deux hommes livrent une superbe prestation, sans en faire des caisses pour accentuer une histoire suffisamment dramatique en elle-même. Ils n'ont pas besoin d'exagérer les sentiments des personnages qu'ils incarnent pour créer de l'émotion. Comme lorsque Mac meurt. Leur tristesse est sobre et j'apprécie cette retenue. Il faut aussi dire que leur transformation physique est assez impressionnante. Ensuite, il y a Miyavi, un chanteur de visual key qui est parfait dans les bottes de Watanabe, sans doute le personnage le plus fascinant de ce film par son comportement ambigu. D'un côté, il ne cesse de torturer Louis en le battant ou le malmenant. D'un autre côté, il lui parle comme s'il était un ami. L'acteur japonais apporte un certain raffinement au monstre qu'est Watanabe et c'est intéressant à voir. Et pour la petite histoire, voici à quoi ressemble le Miyavi chanteur et musicien:

C'est le premier film que je vois d'Angelina Jolie en tant que réalisatrice et je ne suis pas déçue. C'est une très belle fresque qui fait réfléchir.