Anne de Beaujeu

Par Lebon Ecu @lebonecu

Anne, ma soeur Anne

Anne de Beaujeu, fille aînée de Louis XI, est « sa vraie image en tout » affirme Brantôme.

Anne est intelligente, rusée et dissimulatrice quand il le faut, soucieuse d’ordre et de discipline, elle apprécie le pouvoir comme son père. A douze ans, elle est mariée à Pierre de Beaujeu, bientôt Duc de Bourbon, âgé de trente-cinq ans. Conformément au vœu de Louis XI, en 1483, elle devient régente de son frère considéré comme limité intellectuellement. Elle continue la stratégie de Louis XI contre les grands seigneurs et pour l’agrandissement du royaume.

Mais le fait qu’Anne soit femme, son sens de l’Etat et de la continuité politique ne conviennent pas aux princes qui veulent recouvrer le pouvoir dont les a privé le défunt roi.

La reine Charlotte, effacée du temps de son royal mari, réclame une rente réévaluée et des greniers à sel en Languedoc. Le duc d’Orléans exige la garde de l’enfant-roi, le gouvernement de Paris et le collier de l’Ordre de Saint Michel. Le duc de Bourbon veut être connétable. Les princes du sang retrouvent leur morgue.

Pour éviter une rébellion, les Beaujeu encore mal assurés doivent plier, sauf sur la garde du roi. Ils sont également contraints de livrer deux proches de Louis XI, Jean de Doyat, fidèle conseiller, est fouetté en public à la demande du duc de Bourbon, exposé au pilori des halles de Paris où on lui coupe une oreille avant de lui percer la langue au fer rouge. Il est ensuite banni du royaume. Olivier le Daim, barbier de Louis XI avant de devenir chambellan, ambassadeur et d’être anobli, est arrêté sur ordre du parlement. Au procès, cent huit victimes, ou prétendues telles, témoignent contre lui. Il est pendu et étranglé au gibet de Montfaucon.

Les Beaujeu peuvent juste obtenir qu’il soit détaché du gibet et enterré dignement. Le retour des Grands Guignols

La preuve par l’oeuf

En 1488, Bartholomé Colomb, frère de Christophe, essaie sans succès de convaincre le roi d’Angleterre de financer son expédition à l’autre bout du monde. Mais Henri VII, qui vient de se débarrasser non sans mal de Richard III, est trop occupé à restaurer son autorité dans un pays ravagé par la guerre dite des Deux-Roses.

Bartholomé tente donc sa chance en France en 1490. La régente, Anne de Beaujeu l’écoute avec intérêt exposer la possibilité de contourner l’obstacle commercial des Ottomans en Méditerrannée orientale. Il suffit, explique-t-il, de passer par l’ouest. Mais Anne garde le projet sous le coude, sans trop s’en occuper. Elle se contente d’introduire l’aventurier à sa cour, sans doute dans l’espoir qu’il distraie le monde avec ses rêves fantastiques.

Appointé comme un artiste, il passe son temps à rédiger un mémoire sur la mer Océane et à dessiner des cartes. Il appelle son frère Christophe, mais celui-ci comprend qu’il n’y a rien à attendre côté français. Il préfère poursuivre en Espagne ses démarches qui finissent par aboutir. La découverte de l’Amérique en 1492 va faire la fortune d’Isabelle de Castille. Trop brève rencontre.

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