La République et les droits culturels (suite)

Publié le 19 février 2015 par Ep2c @jeanclp

Les droits culturels sont les droits de chacun, à être reconnu dans son égale dignité, au travers de politiques inclusives, co-construites et attentives. Ces principes sont un guide pour faire humanité ensemble, et utiliser au mieux l’argent public. Non, la culture n’est pas un arrangement étroit et bourgeois entre personnes bien-pensantes, financeurs et financés.

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J'avais évoquéici , il y a peu, le vote d'un amendement du Sénat à la loi en cours de discussion sur l’organisation territoriale de la la République.

Suites...

La tribune publiée aujourd'hui dans le quotidien L'Humanité (mardi 17 février) sous le titre Qui a peur des droits culturels ? … dont les signataires sont :

 Marie-Christine Blandin, Robin Renucci, Jack Ralite, Catherine Tasca, Sylvie Robert, Brigitte Gonthier-Maurin, Barbara Pompili, Florian Salazar-Martin, Jean-Michel Lucas, Emmanuel Wallon, Jean-Pierre Saez, Valérie de Saint-Do, Nicolas Roméas 
et Jean-Michel Le Boulanger.

Malgré les nombreux engagements internationaux ratifiés par la France en faveur des droits culturels (déclaration de l’Unesco sur la diversité culturelle, convention Unesco sur le patrimoine immatériel ou même la Déclaration universelle des droits de l’homme) qui les portent comme des « droits indispensables à la dignité et au libre développement de la personnalité », l’Assemblée nationale menace une disposition introduite par le Sénat dans le cadre du projet de loi portant nouvelle organisation territoriale de la République (dite loi « Notre »). Nombre d’acteurs culturels impliqués sur le terrain, auprès des publics dits « empêchés », dans des secteurs géographiques peu favorisés, ou encore dans de vraies actions de démocratie culturelle, sont dans l’incompréhension. Cet amendement du Sénat, très attentif aux territoires, proposait d’inscrire les droits culturels comme principes fondamentaux pour des politiques partagées entre l’État et les collectivités territoriales. Il est passé sous les fourches caudines des commissions de l’Assemblée.  (...)

Lire la tribune sur le site de l'Huma.

Peu de temps avant la publication de cette tribune, Jean-Michel Lucas a rendu publique la lettre qu'il a adressé à Monsieur le Président de notre République.

Bordeaux, le 11 Février 2015,

Monsieur Jean Michel Lucas (…) 33000 Bordeaux

à Monsieur Le Président de la République,

Palais de l'Élysée,

55 Rue du Faubourg Saint-Honoré,

75008, Paris

Monsieur Le Président,

Lors de l'examen de la loi NOTRe, le Sénat a adopté un amendement imposant aux collectivités territoriales, conjointement avec l'État, de « garantir les droits culturels des citoyens ».1 Le Sénat a jugé bon d'introduire cet amendement au nom des engagements solennels que la France a pris à l'Unesco en étant partie prenante de la Déclaration Universelle sur la Diversité Culturelle (2001), de la Convention de Sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel (2003), de la Convention sur la Protection et la Promotion de la Diversité des Expressions Culturelles (2005). Tous ces textes normatifs trouvent leur fondement dans la reconnaissance de la personne humaine et de sa liberté culturelle. Ils prolongent, ainsi, sur le terrain culturel, les principes de développement des droits humains qui sont inscrits dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948. Nul représentant public de la Nation ne peut ni l'ignorer, ni s'y soustraire. Or, les députés qui ont examiné l'amendement du Sénat sur la garantie des droits culturels des citoyens, l'ont rejeté sans prendre garde aux engagements forts que nous avons pris à l'Unesco. De ce fait, notre pays est confronté à un grave problème de cohérence : comment nos partenaires vont-ils comprendre que, dans l'organisation interne de notre République décentralisée, nous rejetons ce que nous avons approuvé dans nos relations avec les autres États, au sein de l'Unesco ? Quelle valeur accordera-t- on maintenant, sur la scène internationale, à la parole de l'État français en matière culturelle ? (…)

Retrouver l’intégralité de cette lettre sur le site de l'IRMA.

On attend avec fébrilité la réponse du chef de l'Etat à l'agitateur culturel souvent cité ici.

Reste que la qualité des signataires de la tribune publiée dans le quotidien fondé par Jean Jaurès (et leur diversité « politico-culturelle ») méritent l'attention. Et un peu d'intérêt pour la question des droits culturels, les débats nécessaires et la liberté d'expression sur les situations acquises, les révisions urgentes des référentiels en usage depuis des lustres...

Heureux élus de la démocratie représentative, représentants du peuple, législateurs encore un effort pour être et républicains et démocrates.

A suivre...

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Post-scriptum

Pour les attachés parlementaires et autres gens pressés.

Pour repenser les enjeux culturels publics
"Certains de mes amis m’ont demandé de résumer en 3 pages l’ossature de l’argumentaire que je défends pour repenser les enjeux des politiques culturelles publiques, loin des approches actuelles repliées sur les enjeux particuliers du secteur, comme des territoires.
J’ai tenté de le faire dans ce texte, en rappelant les balises universelles de la responsabilité culturelle publique dans une société soucieuse du développement des droits humains ! Inutile sans doute, en ces temps où seuls l’impôt et la croissance comptent, mais salutaire quand on voit les replis identitaires de tout poil se banaliser dans la vie politique."

(Jean-Michel Lucas, 15 octobre 2013.)

Lire la note

Pour les élus « socialistes ».

En 1982, le ministère se voit fixer de nouvelles missions :

« Le ministère chargé de la culture a pour missions : de permettre à tous les Français de cultiver leur capacité d’inventer et de créer, d’exprimer librement leurs talents et de recevoir la formation artistique de leur choix ; de préserver le patrimoine culturel national, régional ou des divers groupes sociaux pour le profit commun de la collectivité tout entière ; de favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit et de leur donner la plus vaste audience ; de contribuer au rayonnement de la culture et de l’art français dans le libre dialogue des cultures du monde. »

Décret no 82-394 du 10 mai 1982 modifié relatif à l’organisation du ministère de la culture, art. 1er.

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Titre : La Cité des sens
ISSN : 2270-3586