Paroles de blogueuses – Rêves d’Afrique, Curieuse Voyageuse

Publié le 23 février 2015 par Elledit8 @elledit8

Ma première rencontre avec Aurélie du blog Curieuse Voyageuse a eu lieu autour d’un voyage rêvé en Namibie. Nouvelles Frontières organisait un défi blogueurs qu’elle a remporté, un défi au cours duquel il fallait créer un circuit imaginaire. Mon choix s’était porté sur le circuit d’Aurélie tant pour la destination en elle-même que pour sa prose. Les mots choisis étaient une invitation au voyage racontée avec poésie. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’elle m’a annoncé que mon commentaire avait été tiré au sort pour remporter un bon de 1 000€ sur le circuit de mon choix! Depuis, j’ai remonté le fil de ses articles et suis ses aventures avec délectation. J’ai découvert avec intérêt son expérience en Chine et ses voyages en Asie. Ce sont quelques billets et interventions sur les réseaux sociaux qui m’ont laissé entrevoir un penchant pour l’Afrique. Elle a gentiment accepté mon invitation pour en parler et nous nous sommes rencontrées autour d’un verre à Paris. Je vous invite à découvrir notre échange autour de la richesse des peuples et des cultures de ce continent.

1. En lisant l’introduction très inspirée de ton circuit en Namibie, j’ai eu l’impression qu’un lien antérieur t’unissait au continent africain. D’où te vient cet intérêt pour l’Afrique? Qu’est-ce qui nourrit tes rêves là-bas?

Ma première rencontre est passée par la musique et très rapidement par la danse. En fait cela remonte à la fin du collège, début lycée. J’ai commencé à avoir une petite période baba-cool et à m’intéresser un peu aux musiques d’ailleurs et assez rapidement à la musique africaine. A l’époque, j’avais un groupe d’amies super au collège qui sont restées de très bonnes amies d’ailleurs. On voulait faire une activité ensemble pour ne pas se perdre de vue et on s’est dit pourquoi pas la danse. J’ai proposé la danse africaine et ça a commencé comme ça. En Seconde, on a pris ensemble des cours de danse africaine. On était quatre, la plupart a arrêté et moi j’ai continué. Il y a vraiment eu un truc physique avec la musique africaine. Dans les cours de danse il y avait du djembé en direct et j’ai vraiment commencé à ressentir un intérêt pour l’Afrique à ce moment là.

Ensuite la première rencontre, la vraie, c’était en 2001 pendant mon année de Terminale. A cette période j’étais Scout de  France et durant la dernière année de compagnon, tu dois préparer un projet de A à Z, quelque chose d’assez formateur d’ailleurs. On était un groupe de trois et on a décidé de partir faire un projet humanitaire au Sénégal. Ça a été ma première vraie rencontre avec ce continent. Il y a vraiment eu un intérêt pour les gens de là-bas, pour la culture. Encore une fois la danse, la musique, la cuisine, même le cinéma, enfin tout ce qui pouvait me ramener à l’Afrique d’une manière ou d’une autre m’a intéressé. Les années suivantes, j’ai continué à m’y intéresser de près et quand je partie en Asie, il y a eu un petit décrochement. Mais malgré tout, en Chine, avant de commencer le travail qui m’a beaucoup occupée, j’avais un petit travail de prof à temps partiel et j’organisais des cours de danse africaine pour les petits chinois là-bas. C’était énorme! J’avais pris mes CD avec moi et c’était très très drôle. J’ai toujours conservé le lien malgré la cassure de l’Asie. A mon retour en France il y a trois ans, ça a été l’occasion de reprendre la danse à fond avec de super profs et de m’intéresser plus encore à la culture. Et puis mon mari est arrivé. Il vient du Mali, donc là ça y est, c’est ancré.

Plus que de nourrir mes rêves, je souhaite répondre à des interrogations. Prenons par exemple ce qui se passe à Lampedusa, toutes les inégalités Nord Sud en général suscitent chez moi de vraies interrogations. Je me demande comment  notre monde peut fonctionner avec seulement 1% des riches qui gagnent plus que ce que perçoivent 99% des autres selon la fameuse statistique de l’Oxfam qui est sortie récemment. Tu te dis comment notre monde peut encore fonctionner en pillant les pays du sud, en s’engraissant sur des enfants qui meurent de faim, vraiment, concrètement. Donc ce ne sont pas tant des rêves que des interrogations sur comment le monde peut fonctionner ainsi. En ayant des individus face à moi, j’essaie de m’intéresser à leur culture, de les prendre par le prisme « on est des humains » et pas seulement « ces pauvres Africains qui meurent de faim ». C’est plus pour essayer de comprendre notre monde et cet axe là précisément, voilà.

2. Y a-t-il une date fixée pour le grand départ en Namibie? (Je rappelle que le gagnant du défi blogueurs remportait un circuit du catalogue Nouvelles Frontières pour la destination choisie).

Au départ je devais partir en Namibie fin 2014, mais pour des raisons de santé (tout va bien, je vous rassure), le voyage est reporté à 2015. A priori ce sera en automne 2015. J’avais inventé un circuit imaginaire et c’est à un circuit existant de Nouvelles Frontières que je vais me greffer. J’aurais préféré rester beaucoup plus longtemps avec les Himbas et beaucoup plus longtemps dans la nature. Ce sera un circuit de 15 jours sur place et il me tarde trop d’y être après avoir tant rêvé ce voyage, l’avoir tant imaginé… Ce circuit regroupe le côté culturel avec la rencontre avec des gens très différents de nous comme les Himbas et le côté paysage aussi. Ce n’est pas la première chose qui me fait fantasmer sur l’Afrique. Je n’ai pas le fantasme de l’Afrique des Big Five ou des savanes, ce sont vraiment les gens et la culture qui m’attirent. Mais là pour le coup, je vais quand même rencontrer une Afrique super majestueuse qui risque de me donner ce goût là parce qu’à mon avis quand t’as fait un safari, tu ne t’en remets pas.  Là-bas en terme d’animaux, ça va être assez magique…

Et puis il y a le désert, je n’en ai pas encore parlé, mais c’est un gros fantasme, une grosse passion. Je ne sais pas comment c’est né mais ce qui est sûr, c’est que ça fait plus de 10 ans que j’ai un gros tropisme pour le désert, mais un truc de fou! Malheureusement, le Sahara, c’est pas facile en ce moment. J’y ai déjà été deux fois, mais à chaque fois sur des durées très courtes et c’était de grosses frustrations de pas pouvoir en profiter plus. En Namibie, il y aura le plus vieux désert du monde au programme, ce sont de grandes dunes orange dont une partie tombe dans l’océan je crois, donc waouh! Ce voyage réunit autant les gens, les animaux et le désert, je pense que ça devrait le faire!

 3. En parcourant la rubrique Afrique de ton blog, j’ai vu les jolies rencontres que tu as faites, dont deux griottes. Pour ceux qui découvriraient les griots, est-ce que tu peux nous expliquer la tradition en quelques mots.

J’espère ne pas dire de bêtises. En fait le griot c’est celui qui maîtrise la parole et celui qui raconte des histoires, mais au sens très large du terme. Ça peut être autant l’Histoire avec un grand H que l’histoire avec un petit h. Il perpétue les traditions oralement. C’est un peu comme un troubadour à l’époque médiévale, je ne sais pas si ça va parler à tout le monde la notion de troubadour comme il y en avait dans l’Occitanie. C’est une personne qui par sa parole transmet un héritage, une histoire ou crée l’histoire. S’il est présent à un événement fort, il pourra le traduire en histoire et ensuite aller la colporter et la transmettre à autrui. Ce sont souvent des gens assez sages, traditionnellement du moins, et qui sont là pour conseiller si jamais il y a un problème dans la famille, dans la société. En occident dans les grandes capitales et à Paris en particulier, ce sont parfois des personnes qui viennent animer des baptêmes ou des mariages mais il y a beaucoup plus que ça derrière. Pour plus de détails, allez voir les deux interviews* sur mon blog, parce qu’elles en parlent beaucoup mieux que moi. Je ne voudrais surtout pas tomber dans des clichés.

4. Quels autres pays d’Afrique aimerais-tu de parcourir?

Le premier c’est le Mali, le pays de mon chéri que je n’ai pas encore eu l’occasion de découvrir parce que depuis les quelques années qu’on se connaît, la situation n’est pas hyper stable là-bas malheureusement. Bien avant le mari, il y avait déjà beaucoup de choses qui m’attiraient là-bas. Le désert encore une fois, puisqu’il y a une grosse partie du Mali, tout le Nord, où le désert a vraiment l’air sublime. Il y a des villes mythiques comme Tombouctou, mais je ne sais pas ce qu’il restera des manuscrits ou des mosquées le jour où on pourra de nouveau fréquenter cette ville… Et puis il y a le pays Dogon qui a priori est un pays très riche avec des cultures traditionnelles très bien entretenues et des habitations assez particulières. Et Bamako, tout simplement pour l’énergie, pour la musique, pour les gens, pour la danse. Donc oui, le Mali pour encore une fois un voyage en Afrique très orienté culture, moins animaux.

J’aimerais bien aller en Guinée juste pour la danse, la plupart de mes profs de danse sont d’origine guinéenne. A priori il y a une grosse vitalité au niveau de la danse africaine d’aujourd’hui là-bas. Et Zanzibar quand même! Je l’ai vu sur ta liste et j’ai failli te répondre « va lire ça » ! J’ai écrit un truc sur le rêve de Zanzibar aussi, c’était pour participer à un concours comme celui de Nouvelles Frontières. Le sujet était « imagine un voyage de rêve » et Zanzibar m’évoque épopée, grande traversée, mystère… Tu imagines une grosse malle en cuir, tu l’ouvres et dedans t’as plein de trésors! Pour moi c’est un peu ça Zanzibar avec en plus  de super belles côtes et de la bonne bouffe! Donc oui, j’aimerais bien aller par là-bas, dans le sud-est du continent. En bref Si je pouvais faire beaucoup de pays pendant beaucoup de temps, ça m’irait bien!

5. Est-ce que tu projettes de vivre un jour dans un pays d’Afrique comme tu as pu le faire en Asie?

Carrément, oui! Alors il ne faut pas que ma mère lise ça , parce que je crois que c’est l’une de ses peurs bleues depuis que je me suis mariée… En fait, ce sera vraiment au gré des opportunités. Je ne pense pas que je forcerais pour y aller à tout prix mais s’il y a une opportunité soit pour mon mari soit pour moi, plutôt en Afrique de l’ouest parce que c’est là qu’il a sa famille et c’est plus facile d’accès que certains pays dans le sud de l’Afrique (quoique…), je la saisirai. Peut être qu’un jour l’envie sera plus forte et qu’on créera l’opportunité, mais pour l’instant on n’en est pas là. Ce qui est sûr, c’est que j’ai prévu d’y aller plus régulièrement dans un avenir proche.

* • Aïssata Konaté: griotte des temps modernes

• Taye Sacko, griotte du Mali: rencontre exceptionnelle!


 Ta destination favorite

 Celle où je n’ai pas encore été

Un endroit particulièrement apprécié 

 Devant un un coucher de soleil

La dernière chose que tu fais avant de t’endormir

 J’adore m’endormir sur un livre

Ton parfum du moment

 Chance de Chanel

Ton dernier film vu

 Timbuktu, d’Abderrahmane Sissako

Une image qui t’inspire

J’ai découvert la Laponie il n’y a pas très longtemps et ça m’a rappelé le désert, ce côté absolu blanc… C’est assez inspirant!


Je remercie Aurélie d’avoir accepté mon invitation et d’avoir proposé cette rencontre autour d’un verre. C’était une jolie première! Et pour l’entretien en live et pour notre rencontre… Un échange riche, profond, j’ai passé deux heures délicieuses! Merci, merci, merci

Retrouvez-la sur son blog et sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Google +)!

Si vous aimez les voyages et les escapades,

de jolies surprises vous y attendent très prochainement!

Curieuse Voyageuse

www.curieusevoyageuse


La semaine prochaine, mon invitée actuellement en Amérique du Sud avec son conjoint nous embarque dans leur tour du monde, une expérience unique de 9 mois vécue en ce moment même!