La France de 2015 semble sortir de nulle part!
La société française semble découvrir ses fractures communautaires ou communautaristes, comme si elles n’avaient jamais existé!
Pourtant , la France – modèle de la liberté, chantre de l’égalité et phare de la fraternité – n’a pas été aussi unie autour de de ces trois idéaux.
Il ne faut pas remonter à des temps immémoriaux de l’histoire de ce pays millénaire pour retrouver des fractures multiples et des blessures profondes qui ont laissé des cicatrices parfois béantes et des stigmates indélébiles.
Les années d’occupation de la France par les troupes allemandes recouvrent justement une période historique que la France n’a pas encore complètement assimilé, hésitant entre l’oubli pur et simple et le pardon magnanime, oscillant entre la mémoire écrasée par le remords et le désir de reconstruction de la nation.
Pour ceux qui découvrent la France par la télévision, la lecture de l’ouvrage de Jean-Pierre AZEMA et de Olivier WIEVIORKA, paru en 1997 et réédité plusieurs fois par la suite, peut apporter un éclairage nouveau car il traite justement de “VICHY, 1940-1944“.
Les auteurs ont tenté, et en grande partie réussi, en cinq chapitres de mettre en évidence le schéma qui a prévalu à faire de la France un pays vaincu, humilié, occupé par son puissant voisin allemand et de démonter le processus par lequel ce pays a essayé d’effacer les traces de la défaite et de l’humiliation et surtout de reconstruire une mémoire vierge de toute culpabilité.
Les cinq chapitres portent des intitulés aussi courts que précis et parfaitement ciblés :
> ENCAISSER, à l’image du boxeur qui subit les coups de butoir de son adversaire, qui le force à un K.O. inattendu mais foudroyant; La France et son armée, réputée la meilleure du monde, est battue et occupée en quelques semaines dans les dernières semaines du printemps 1940.
> COLLABORER, car comment faire autrement qu’accepter les règles imposées par le vainqueur et pratiquement exécuter ses ordres dans tous les domaines, même dans les conditions les plus avilisantes.
> GOUVERNER mais dans quelles conditions, avec quelle légitimité et quels appuis? Gouverner avec le risque certain de tomber dans l’autoritarisme personnel, le culte de la personnalité du Maréchal Pétain et de ses dérives droitières.
> SUBIR pendant quatre ans le joug de l’occupant, en lui fournissant tout ce qu’il demande dans tous les domaines! Etre obligé de participer à la honteuse traque aux juifs, être obligé de fournir de la main d’œuvre, être obligé d’égayer les soirées des officiers allemands, être obligé de traqué ses propres fils qui luttent contre l’occupant! Quatre ans à subir tout en essayant d’oublier!
>SOLDER : voilà le maitre mot de l’après-Vichy! La France a tenté d’oublier ce qu’elle a subi en soldant immédiatement tous les comptes avec les acteurs de l’occupation mais en évitant la guerre civile! Epuration extra-judiciaire, procès souvent bâclés, condamnations rapides et définitives.
Mais les traces sont restées : par exemple François Mitterrand, devenu président de la République, a trainé jusqu’à se mort le boulet de la francisque obtenue sous l’occupation!
La France actuelle cache encore mal ses blessures, et en grande partie sa lâcheté d’alors!
Le combat contre l’antisémitisme actuel – que l’on peut fort bien comprendre et approuver par ailleurs – n’a d’autres sources originelles que le sentiment de culpabilité des français envers les juifs! Toutes les affirmations des uns et des autres ne sont qu’enfumage.
La France qui il y a à peine soixante dix ans était occupée, humiliée, exploitée, n’a pas encore totalement repris sa place face l’Allemagne, qui après être sortie de la guerre exsangue, divisée et occupée, a su rebondir et retrouver le leadership de l’Europe.
Livre à lire parce que le monde d’aujourd’hui est toujours façonné par les évènements d’hier et il est bon de se rafraichir parfois la mémoire pour comprendre, même partiellement, le présent.