Exposition "Objets surréalistes"

Publié le 24 février 2015 par Detoursdesmondes


Pour la prochaine édition de Paris Tribal, la Galerie Flak propose une exposition thématique " Objets Surréalistes ", clin d'oeil manifeste à la fameuse « Exposition Surréaliste d’Objets » organisée par André Breton à la galerie Charles Ratton en 1936.
Ainsi se côtoieront des figures Malangan de Nouvelle Irlande, des poupées kachina, des masques Eskimo ou encore un éventail de prestige polynésien des Iles Marquises.


Revenons au masque de danse présenté ici qui illustre le voyage chamanique.
Julien Flak nous donne quelques précisions :
"Il symbolise l’inua (l’esprit) d’un oiseau arctique. Le centre du masque est illuminé par la présence d’un visage humain tandis qu’une tête d’oiseau (un guillemot ou macareux à cornes) semble émerger du menton.
Le masque est entouré d'une structure circulaire en bois ornée de mains et de pattes palmées. Ce type de représentation associant des figurations du monde animal et du monde humain constitue l’essence même du monde Yup’ik et de son iconographie...
Selon les conceptions Eskimos, ce sont les âmes des animaux (yua ou inua ) qui décident de mettre leurs corps à la disposition des hommes et déterminent donc les périodes d’abondance ou de famine.
Les hommes doivent de ce fait observer un certain nombre de prescriptions concernant la pratique de leurs activités de subsistance pour s’assurer le concours bienveillant des âmes des animaux.
Le corps de l’animal était certes consommé mais son esprit lui, ne mourrait jamais.
Le symbolisme de ce masque est aussi complexe que sa conception et son exécution. Le type de masque présenté ici est une représentation du puissant esprit Tunghak, l’esprit- chasseur (l'Esprit qui vit Ailleurs / l’Homme sur la Lune en langue Yup'ik). Tunghak est l’esprit qui règne sur les animaux et les poissons et qui accepte ou non que les hommes en attrapent lors de leurs expéditions de pêche.
A ce titre, il est important pour les Eskimos de se concilier l'esprit du Tunghak lors des séances chamaniques afin que ce dernier soit favorable à leurs requêtes. Les mains percées autour du masque symbolisent sa compassion pour les animaux qu'il chasse, permettant à certain de se glisser avec succès à travers ses paumes et de retourner en toute sécurité dans leurs troupeaux.
L’esprit Tunghak avait pour habitude de guider et protéger ses troupeaux en les enserrant entre ses mains. L’absence de ses pouces, caractéristique sur les masques de l’art classique Eskimo, permettait à certaines bêtes de s’échapper et rejoindre ainsi le monde des hommes qui pouvaient alors les chasser".
Photo 1 : Détail d'un Masque complexe Yup'ik Eskimo, Alaska - Circa 1880 - Bois sculpté, pigments rouges, bleus et noirs, fibres végétales Hauteur : 48 cm - Largeur (avec les appendices) : 43 cm. Provenance : Collecté par Myrtle Ebright, une enseignante de Norton Sound, Alaska, en 1893-1897, puis donné au début des années 1920 au Willis Carey Historical Museum, Cashmere, Washington Déaccession du Musée en 1981/82 - Ex collection John Hewitt, Londres, Angleterre - Ex collection George Terasaki, New York - Ex collection Chester Dentan, Seattle - Ex collection Merton Simpson, New York - Ex collection Donald Morris Gallery, New York - Ex collection Maurice Cohen, Bloomfield Hills, Michigan - Ex collection Donald Ellis Gallery, Dundas, Ontario - Ex collection privée, New York.
Photo 2 : Ensemble de poupées Kachina © Galerie Flak.
Texte et Photos Courtoisy Julien Flak