Le groupe d’entraide mutuelle, «un lieu où on nous fout la paix»

Publié le 25 février 2015 par Lana

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C’était le 15 novembre 2007, un groupe de malades mentaux d’Armentières, près de Lille, se retrouvait. Aujourd’hui, ils racontent :«15 personnes usagères [de psychiatrie] s’étaient réunies pour monter l’assemblée de notre association. La semaine précédente, trois personnes avaient proposé une quarantaine de noms de baptême. Nous avons voté à main levée et c’est « Juste ensemble » qui est sorti. Ce qui plaisait beaucoup aux adhérents, c’est le mot « ensemble », qui est très représentatif de l’entraide et de la solidarité d’un groupe d’entraide mutuelle (GEM)». Les GEM, au début, cela sentait bon la gentille solidarité entre paumés. Créés juridiquement par la loi du 11 février 2005 «pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées», on en compte désormais près de 380, répartis dans toute la France, avec un budget global de plus de 27 millions d’euros. La semaine dernière s’est tenu, au ministère de la Santé, le colloque «Dix ans de GEM, le temps d’un bilan».

«C’est un lieu où on nous fout la paix», a expliqué – fortement – Bernard Durand, président de Croix marine, une association de proches des malades. Et il n’a pas tort. Bien souvent, les malades mentaux sont soit ignorés soit surveillés. Reprenant ce que la psychothérapie institutionnelle appelait dans les années 60 les «clubs», les GEM sont nés de l’idée de «désenclaver une population souffrant plus particulièrement d’isolement et d’exclusion sociale en instaurant à la fois des liens sociaux réguliers entre pairs et avec le reste de la cité». La loi leur a donné une entité juridique type association loi de 1901 «composée d’adultes ayant des troubles psychiques reconnus ou non». Chaque structure devait «se doter d’un local d’une surface comprise entre 80 et 150 m2 incluant une cafétéria, d’un personnel d’encadrement salarié et des animateurs chargés d’organiser une série d’activités, qui vont de simples échanges à des ateliers», disait l’administration. Avec un budget fourni par le ministère de la Santé.

Voilà donc que cela marche, loin du spleen récurrent du monde de la psychiatrie. Certains sont plus actifs que d’autres. «Mais c’est déjà ça, on se parle et cela nous change», disait l’un des participants au colloque. Certains se sont donné des noms bizarres : Au p’tit vélo, Les pieds dans le plat, GEM et toi. «Et vous ne pouvez pas savoir comme de les voir fait du bien», nous disait Claude Finkelstein, présidente de la Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie. Cette militante historique s’est battue sans compter pour que les GEM existent, puis qu’ils vivent. Et, ce jour-là, cela faisait plaisir de la voir si souriante, même si, en aparté, elle se disait désespérée : le ministère lui a supprimé la subvention de sa fédération. Drôle de façon de fêter un anniversaire.

Eric FAVEREAU


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