Rappelons que l’allergie aux arachides chez les enfants aurait doublé en 10 ans dans les pays occidentaux. Sa prévalence est aujourd’hui estimée entre 1 et 3% des enfants. C’est la cause la plus courante de choc anaphylactique et de décès suite à allergie alimentaire, chez l’Enfant.
L’équipe du King College de Londres a suivi 640 nourrissons âgés de 4 à 11 mois, participant à la cohorte LEAP (Learning Early about Peanut Allergy trial) non-allergiques à l’arachide au départ de l’étude, mais à risque plus élevé, en raison d’autres allergies alimentaires ou d’eczéma. L’étude a regardé les résultats sur le développement de l’allergie, d’une stratégie de prévention avec de petites quantités régulières de protéines d’arachide (sous la forme de beurre de cacahuète) vs une stratégie d’évitement complet jusqu’à l’âge de 5 ans.
L’analyse confirme que l’introduction précoce des produits à base d’arachide/cacahuète diminue le risque d’allergie, toujours à l’âge de 5 ans. Précisément,
· Dans l’ensemble, 628 des 640 nourrissons recrutés soit 98% ont pu apporter les données nécessaires,
· Parmi les 530 enfants qui étaient négatifs au premier test d’allergie,
- 13,7% de ceux qui ont évité les arachides ont développé une allergie à l’arachide à l’âge de 5 ans,
- 1,9% du groupe exposé à l’arachide a développé une allergie au même âge.
· Parmi les 98 enfants positifs au premier d’allergie,
- 35,3% de ceux qui ont évité les arachides ont développé une allergie à 5 ans,
- 10,6% du groupe exposé à l’arachide a développé l’allergie au même âge.
· Ces résultats sont jugés comme statistiquement significatifs.
· Aucun décès n’est survenu durant la période de suivi et aucune différence d’effets indésirables graves ou de taux d’hospitalisation n’est constatée entre les 2 groupes. Cependant, les auteurs signalent un plus grand nombre d’effets indésirables » légers à modérés » dans le groupe exposé.
Cependant, il reste incertain, malgré des études concordantes de plus en plus nombreuses, que l’introduction d’aliments allergènes dès le début de la vie soit la meilleure des préventions contre les allergies alimentaires, plus tard dans la vie. Mais l’étude soulève la question de l’efficacité d’une stratégie d’évitement pour prévenir l’allergie. En conclusion, il faudra attendre une grande méta-analyse avant d’intégrer, en prévention, cette introduction précoce de petites quantités d’allergènes en pratique clinique pour les petits enfants détectés comme à risque élevé d’allergies.
Source:New England Journal of Medicine February 23 2015 2015 DOI: 10.1056/NEJMoa1414850
Randomized Trial of Peanut Consumption in Infants at Risk for Peanut Allergy (Vidéo NEJM)