Grand central - 6/10

Par Aelezig

Un film de Rebecca Zlotowski (2013 - France) avec Tahar Rahim, Léa Seydoux, Denis Ménochet, Olivier Gourmet

Pas mal, mais pas sensass non plus.

L'histoire : Gary vient enfin de trouver un job et il est super heureux. Bien sûr, ce n'est que de l'intérim, mais ça paie correctement, et pour une fois, on n'exige aucun diplôme ! Cela cache quelque chose ? Oui. Il travaillera près du réacteur d'une grosse centrale nucléaire, là où les doses radio-actives sont les plus fortes. Mais il est tellement heureux d'avoir enfin un boulot. Avec la perspective, s'il donne satisfaction, de devenir un jour agent EDF. La petite communauté des intérimaires vit sur place, dans des mobile-homes, car parfois ils peuvent être temporairement, ou définitivement, envoyés dans une autre centrale. L'ambiance est sympa, on se serre les coudes. Mais Gary tombe amoureux de Carole, la fiancée de Tony.

Mon avis : Une histoire d'amour comme tant d'autres. Ce n'est certes pas ça qui fait l'intérêt du film, heureusement qu'il y a l'adorable Tahar, toujours juste, toujours impeccable. Parce que Léa Seydoux, je vous l'ai déjà dit, j'ai du mal... et premièrement je ne comprends rien à ce qu'elle dit ; elle n'articule pas et je trouve que c'est un comble pour une actrice. Sans compter que son jeu reste décidément très limité : sourire, tronche, sourire, tronche.

Non, le seul intérêt de l'histoire c'est l'originalité du contexte : les personnages, tous intérimaires, sont employés par EDF au plus près des réacteurs d'une centrale nucléaire. Ils surveillent, entretiennent, colmatent les fuites, réparent. Avec tout ce que cela comporte, question sécurité : dosimètre sur soi en permanence, combinaison et surcombinaison, décontamination... et surdoses dès qu'il y a un imprévu qui surgit.

Comme dit mon mari : Et pendant ce temps-là, les vrais agents EDF sont en RTT et nous on paie les factures... On connaît du monde qui bosse à EDF, ils vont râler s'ils lisent ces lignes, je sais ! Mais les gars, vous avez beau dire, tous ces avantages que vous avez, n'oubliez pas, n'oubliez jamais, que ce sont nous qui vous les offrons, avec des factures d'électricité énormes, et qui augmentent de plus en plus (alors que vous-mêmes avez une réduction de 90 %). Votre argument : notre politique sociale doit tirer vers le haut ; aux autres entreprises de viser ce schéma au lieu d'exploiter son personnel. OK, sauf que les patrons du privé n'en ont strictement rien à faire de cette philantropie angélique. Et il y a un truc que vous ne pigez pas : votre activité est une parmi tant d'autres ; toutes ses activités constituent l'économie d'un pays et ses bénéfice sont, normalement, redistribués aux gens sous formes de salaires et avantages sociaux ; or, quand vous avez un gâteau à partager mais que la famille A en prend les trois quarts... c'est tout bête : les familles B à Z doivent se partager ce qui reste... Et p'is c'est tout.

Comme vous le dîtes aussi : Si vous vouliez notre statut, vous n'aviez qu'à postuler. Elémentaire, mon cher Watson.

Perso, j'ai failli ; mais les syndicats, VOS chers syndicats (car il n'y a que chez vous que j'en ai vus, dans le privé, on se fait virer rien qu'en prononçant le mot...) m'en ont empêchée. J'étais intérimaire (tiens, tiens) et les agents EDF les ont fait agir contre moi, par jalousie. La direction me proposait un poste trilingue, qu'aucune de ces dames ne pouvait pourvoir puisque les langues, c'était pas trop utile à l'époque chez vous (là, j'aurais eu pour mission de faire de la pub à l'étranger pour vendre les centrales). Ces gentilles personnes ont dit qu'il était scandaleux qu'on propose un pareil job à une intérimaire. Ils n'avaient qu'à leur payer des cours de langues et elles le feraient, elles, ce job. (Comme si on apprenait une langue en trois mois de stage...). Ils (les hommes se sont bien sûr unis à leurs doléances - tous solidaires contre l'intruse !) ont mis les syndicats dans le coup, qui approuvaient bien évidemment leur position : promotion interne uniquement. Ce qui peut se comprendre (bien que ça ne soit pas très partageur)... Esprit de communauté, ça s'appelle ; on sait les ravages que ça peut faire, mené à l'extrême. Mais ce que j'ai trouvé le plus dégueu c'est qu'on m'ait fait du chantage : les syndicats, les uns après les autres, m'ont proposé un deal ; tu prends ta carte de membre et on te défend, tu auras le job ; tu ne la prends pas, et on te démolit. Ils m'ont démolie. J'avais vingt ans et encore des idéaux, je ne voulais pas céder à un chantage et, en tant qu'intérimaire, je n'avais pas trop de sous à dépenser pour une carte de syndicat... Alors ils m'ont démolie, comme promis, harcelée, et ils ont menacé la direction de se mettre en grève. Mon contrat a donc été arrêté net.

Revenons à nos moutons. Mais ils n'étaient pas loin. Parce que le film, c'est un peu ça. Dénoncer les privilèges de certains, l'exploitation d'ouvriers corvéables à merci et la dangerosité qui entoure - plus qu'on ne le dit - les centrales nucléaires...

Ouh la la, je ne vais pas me faire des copains, moi... M. et S., pardonnez-moi, mais tous vos privilèges, ce n'est vraiment pas juste ; on en a discuté bien des fois.

La presse a adoré le film. Maîtrise du scénario, de la mise en scène, de la direction d'acteurs. Et tout le monde s'extasie devant le talent de Léa... franchement je pige pas, mais chacun son truc. Moi je suis une plouc qui préfère Sandra Bullock. 

Je suis plus mitigée et retiendrai quant à moi le commentaire de Ecran Large : "Des sentiments et un propos social d’actualité pour un film qui se perd un peu à mesure que progresse l’intrigue".

Les spectateurs eux sont beaucoup plus critiques, et trouvent la chose en somme assez banale, voire insignifiante. Certains osent même énoncer l'indicible, à savoir que le talent de Léa Seydoux se mesure à la taille de son micro short ! Ah ah ah ! Même moi, je n'aurais pas osé !