Libye : Le général Haftar nommé à la tête de l'armée

Publié le 03 mars 2015 par Plusnet
Le général Khalifa Haftar, nommé lundi à la tête de l'armée en Libye, est une personnalité controversée, ses partisans le considérant comme le "sauveur" d'un pays en plein chaos, ses détracteurs le voyant au contraire comme un "dictateur" en puissance.

Cheveux blancs contrastant avec ses sourcils et sa fine moustache noire, M. Haftar, 72 ans, est déjà comparé par certains à Abdel Fattah al-Sissi, passé de chef d'état-major à président de l'Egypte après avoir renversé son prédécesseur démocratiquement élu, l'islamiste Mohamed Morsi.

Mais après des relations difficiles avec les autorités, M. Haftar est, lui, désormais appuyé par le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale.

Autoproclamé chef de l'Armée nationale libyenne (ANL) en s'appuyant sur le soutien d'anciens officiers de Mouammar Kadhafi, le général a lancé en mai 2014 une opération contre des groupes islamistes dans l'est du pays.

Immédiatement accusé par les autorités de fourbir un coup d'Etat, il nie farouchement avoir l'intention de prendre le pouvoir, et affirme répondre "à l'appel du peuple".

Ce militaire, qui n'apparaît jamais sans son uniforme kaki, bénéficie en effet de l'appui d'une grande partie de la population, exaspérée par la faiblesse du pouvoir, incapable d'asseoir son autorité sur des dizaines de milices d'ex-rebelles, ou de former le noyau dur d'une future armée régulière.

Mais son opération, baptisée "Dignité", remporte peu de succès, et il échappe début juin à un attentat suicide dans un de ses quartiers généraux près de Benghazi. Ses forces sont chassées de cette ville en juillet par les milices islamistes.

Au même moment, le gouvernement de transition et le Parlement à majorité anti-islamiste élu en juin fuient Tripoli, tombée aux mains des miliciens de Fajr Libya, pour se réfugier à Tobrouk et Al-Baïda (est), acquises à la cause de Haftar. Dans la capitale, les miliciens réactivent eux l'ancien Parlement et forment un nouveau gouvernement.

En octobre, fort désormais du soutien du Parlement et du gouvernement reconnus par la communauté internationale, Haftar annonce une contre-offensive pour reprendre Benghazi et affirme qu'il mettra fin à sa carrière militaire après "la libération" de cette ville, sans préciser s'il envisage une carrière politique.

Marié et père de treize enfants, six filles et sept garçons, Khalifa Haftar est sorti des rangs de l'académie militaire de Benghazi et a été formé en URSS.

Il a participé au coup d'Etat militaire de 1969 ayant renversé la monarchie des Senoussi et conduit Mouammar Kadhafi au pouvoir, avant de poursuivre sa carrière au sein de l'armée.
Il se trouve à la tête d'une unité pendant la guerre libyo-tchadienne (1978-1987). Mais il est fait prisonnier et abandonné par Tripoli, qui affirme qu'il ne fait pas partie de son armée.

Les Américains parviennent à le libérer --une opération qui reste aujourd'hui encore une énigme-- et lui accordent l'asile politique aux Etats-Unis, où il rejoint le mouvement de l'opposition libyenne à l'étranger.

Le militaire, originaire d'Ajdabiya (est), est tour à tour soupçonné par le régime de Kadhafi puis par les rebelles d'être un agent de la CIA.

Après plus de vingt ans d'exil en Virginie, il rentre à Benghazi en mars 2011, et est nommé chef des forces terrestres par le Conseil national de transition (CNT), le bras politique de la rébellion.
Mais les autorités de transition ne lui font pas totalement confiance et voient en lui un militaire ambitieux et avide de pouvoir, selon un ancien membre du CNT.

Il a parallèlement le soutien d'anciens soldats du régime.

Lorsqu'il s'exprime, il ne manque pas de critiquer les autorités, qu'il accuse de favoriser l'influence des milices, et d'avoir marginalisé les officiers de l'ancienne armée de Kadhafi, quand bien même ils avaient rejoint très tôt les rangs de la rébellion.
Source : GNet