Vous prendrez bien une petite séance de rattrapage ?

Publié le 04 mars 2015 par Toulouseweb
Dans le maelstrom des sorties cinématographiques (15 à 20 chaque semaine en France, la grande majorité visibles à Toulouse), un film français est passé injustement inaperçu  sorti le 18 février, « Vincent n’a pas d’écailles » a déjà le handicap d’avoir un titre qui laisse perplexe, tout en correspondant parfaitement au sujet du film. Par ailleurs, son budget de lancement ayant été assez inférieur à celui des « Cinquantes nuances de Grey » (la plus belle daube de ces dernières semaines, selon votre serviteur), il partait avec un handicap certain.
Mais c’est un premier film au charme assez indéfinissable, mais réel, dont le sujet est tout aussi surprenant que celui des « Combattants », dont je vous ai déjà parlé. La critique nationale a évoqué pour ce film un univers à la Jacques Tati, à la Buster Keaton… ce qui ne peut pas évoquer grand-chose pour la génération des 20-30 ans, public naturel du film, à moins qu’ils ne soient déjà pourvus d’une solide DVD-thèque,qu’ils se procurent les films de ces grands auteurs en streaming, ou enfin qu’ils soient des « rats de Cinémathèque».
Je dirais donc plutôt que ce film est proche d’un certain esprit « BD », avec un héros qui cultive la discrétion au point d’être presque transparent, un grand garçon qui semble traverser la vie sans faire aucun bruit (le film est assez avare en dialogues, mais riche en scènes pleines d’émotions muettes). Alors, ce sujet surprenant, me demandez-vous ? Tout simplement le pouvoir de l’eau, l’eau de pluie, l’eau des rivières, l’eau des lavoirs qui donne une force hors du commun à Vincent, le héros de notre film. Avec cet argument central, et sans aucun effet spécial numérique (mais avec quelques effets spéciaux «  à l’ancienne » ), Thomas Salvador, qui a écrit, réalisé et interprété ce film, tourné dans les splendides paysages des gorges du Verdon, nous fait vivre cette sorte de « road movie » improbable, dont on peut simplement regretter, au bout de 1h18 , qu’il s’arrête un peu tôt, à l’aube d’un nouvel horizon pour Vincent. Mais je ne vous en dit pas plus…
Sachez seulement que ce film n’est pas que le récit du parcours d’une sorte d’animal solitaire, et qu’il nous offre aussi de très jolis moments de rencontre amoureuse entre Vincent et Lucie ( Vimala Pons, craquante), Lucie qui a surpris le secret de ce grand garçon taiseux, qui entre dans son univers…
Bref « Vincent n’a pas d’écailles », un petit bijou de poésie, de douce folie, d’étrangeté légère, à ne pas rater, jusqu’au 24 Mars à l’Utopia Toulouse et à l’Utopia Tournefeuille.
Christian Seveillac pour la chronique ciné de Toulouseweb