Interview | Electrophazz

Publié le 09 mars 2015 par Le Limonadier @LeLimonadier

Après plusieurs mois d’enquête sans relâche, nous avons retrouvé pour vous les fils spirituels de Roy Hargrove. Ils sont lyonnais et s’appellent Electrophazz. Pour lever le voile sur l’affaire, la procédure est claire : c’est l’interrogatoire! David, compositeur et pianiste, ainsi que Nas, Célia et Thaïs (les trois voix d’Electrophazz) répondent à nos questions. Petite entrée en matière :

Vous avez un sacré petit niveau dans vos instruments respectifs : vous ne vous seriez pas croisés dans un conservatoire par hasard?

Le groupe Electrophazz a vu le jour en 2007 au sein d’une section musique étude. A l’époque, nous étions quatre et le projet était exclusivement instrumental. C’est le réseau de Jam Session sur Lyon qui nous a amené à nous rencontrer. Il est vrai qu’on a continué à se croiser dans nos études respectives au CRR de Lyon et à l’ENM de Villeurbanne.

En France, il semblerait qu’on ne soit pas mauvais quand il s’agit de groover. En revanche, il est plus rare de retrouver une formation comme la vôtre, étoffée et surtout vocale : quel accueil avez-vous reçu du public qui vous découvrait en festival? 

Il est vrai que notre formation à huit propose une large palette de couleurs musicales. Nous recevons généralement plutôt un bon accueil du public en festival qui découvre une musique à la fois instrumentale, vocale, rappée et improvisée à certains moments. Le public apprécie d’écouter deux chanteuses à la fois lead et choriste dans le même groupe et le flow musical de notre rappeur. Certains ont réappris à aimer le rap!

En parlant de vos instruments, les autres formations qu’on peut croiser et qui se rapprochent de votre son, hébergent souvent un DJ ou une cellule plus électro dans leur formation, cela fait-il partie de vos aspirations également? Ou revendiquez -vous le « 100% fait-maison »?

Nous utilisons des samples de voix dans notre musique pour ajouter une teinte électro/hip hop mais tout le reste est joué afin de garder le « vivant » de la musique. Cependant nous cherchons de plus en plus à mêler des sons samplés à notre musique pour accentuer ce côté électronique et marquer le contraste avec le jeu de nos instruments/voix.

Vous semblez attachés à une certaine idée du son, tant sur le plan purement technique que sur les arrangements : si vous aviez le choix, sur quel support vos fans devraient-ils vous écouter?

Le vinyle revient à la mode depuis quelques années pour son côté précieux, vintage et objet de collection qui dure dans le temps. Le son est plus chaleureux, moins compressé, moins industriel, plus unique. Même si jusqu’à présent nous proposions nos titres sur CD et plateformes numériques, nous souhaiterions presser des vinyles pour nos fans puristes du son! L’important est que notre musique soit diffusée, peu importe le moyen!

Si j’ai bien compris, ce n’est que plus tard que les voix de Célia, Thaïs et NotaBene se sont greffées sur les instrus : comment avez-vous rejoint le projet et surtout, comment vous êtes-vous appropriés cette esthétique pour y ajouter votre patte?

Nas : J‘avais déjà collaboré avec David il y a quelques années et j’en avais gardé un très bon souvenir. Alors quand il m’a appelé pour faire partie du projet Electrophazz, j’ai sauté sur l’occasion car, d’une part, j’ai toujours aimé leur musique, les différentes couleurs qui en émanent, l’énergie que dégage ce groupe, et d’autre part, j’étais excité à l’idée de me frotter à un univers totalement différent de ce que je connais. Le jazz ne m’a jamais été familier, donc il m’a fallu apprendre ses codes, les apprivoiser et y ajouter ma pincée de sel. Avec Electrophazz, j’essaye de varier les flows, d’innover, de jouer avec le rythme et de proposer quelque chose de différent de ce à quoi on peut s’attendre avec ce genre de mélange Hip-Hop/Soul/Jazz. Il est important pour moi de me fondre dans cette musique tout en restant fidèle à mes influences, que l’on puisse reconnaître mon son distinctif et qu’il ne paraisse pas hors de propos, je trouve que ce mariage est plutôt réussi!

Célia : De nous trois, c’est moi qui suis arrivée la première dans ce projet, et à l’époque je débutais tout juste dans le jazz, la soul, la musique afro-américaine de manière générale. J’étais un peu comme une éponge, j’absorbais tout, c’est-à-dire que j’ai essayé de m’approprier le plus vite possible cette esthétique que je connaissais à peine et d’en assimiler le langage, notamment en écoutant d’autres artistes qui s’en rapprochaient, tels que RH Factor avec la chanteuse Renée Neuville par exemple. Mais comme NotaBene, je pense avoir toujours conservé mes influences propres, ainsi que mon « son » de voix. Je pense que c’est le plus important : savoir s’adapter tout en faisant quelque chose qui nous ressemble. Et avec le temps, on se trouve de plus en plus, autant soi-même qu’avec les musiciens avec qui on partage la musique, et je dois dire que c’est une très grande satisfaction!

Thais : J’ai vu Electrophazz en concert à Jazz à vienne. Je me rappelle avoir dit après le concert « je rêve d’avoir un groupe comme ça! »… C’est maintenant chose faite! Il fallait donc, en plus d’assurer une certaine relève, réussir à proposer quelque chose tout en m’adaptant… et je pense que c’est d’ailleurs comme ça, en s’adaptant à chacun tout en gardant son univers propre que chacun à fait d’Electrophazz ce métissage si particulier. Lorsque je suis rentrée dans le groupe, je pensais plus à m’adapter qu’à proposer, mais avec le temps et la confiance, j’arrive de plus en plus à trouver l’équilibre entre les deux. Comme dans beaucoup de situations, ce qui est important c’est de rester soi-même. C’est en proposant quelque chose de vrai que l’on a le plus de chances de transmettre de vraies émotions..

Vous êtes un tout jeune groupe et vous semblez avoir l’avenir devant vous : qu’est-ce que vous avez au menu pour 2015?

Nous avons été élus « révélation All that jazz » et nous partirons également en 2016 pour une tournée dans les salles All that jazz de France. Nous travaillons sur le prochain album prévu pour 2016, nous dévoilerons quelques extraits des nouvelles compositions en cours d’année.

Une résidence au club de la Chesnaie, au sud de Blois est prévue mi-mai. Nous y travaillerons notre nouveau spectacle son et lumières. Au programme de cette résidence de printemps : un travail scénique et musical, une Master Class, un concert de clôture de saison… une belle aventure en perspective. Des concerts, des passages radio ainsi que d’autres rencontres suivront.

Une date à retenir : Le 22 mai à Blois. Nous sommes ravis de faire partie de la programmation de All that jazz. Cette salle de concerts accueille des artistes internationaux toute l’année, tels que Dee Dee Bridgewater, Raul Midon, Pink Martini, Dirty loops, Ibrahim Maalouf, Kyle Eastwood, Gregory Porter et bien d’autres.


Voila, on espère que cette rencontre fortuite vous aura donné envie de vous intéresser à Electrophazz, n’hésitez pas à vous rendre sur leur page Facebook et Soundcloud.

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badass, Electrophazz, groove, Hip-Hop, roy hargrove