La sélection de la semaine : Paola Crusoé, Vénéneuses, Before the Grocery, Silver Spoon, City and gender, Les mondes cachés, Mes chers samedis, Ronkoteus, Appa, Drink a lol, Famille d’enfer et 10 count

Par Casedepart @_NicolasAlbert

Vénéneuses – Thomas Gilbert (Sarbacane)

Pour ce deuxième samedi du mois de mars, Case Départ vous propose sa belle sélection de la semaine. En vous ouvrant sa bibliothèque, le blog met en lumière de très bonnes bandes dessinées. Nous passons au crible, les albums suivants : l’ultime volet de la saga familiale Paola Crusoé : une série de Mathilde Domecq, Vénéneuses : un sublime roman graphique sur la vie à 100 à l’heure de deux adolescentes, Before The Grocery : un recueil d’histoires sur les personnages principaux de la série Ankama, le neuvième volume du manga Silver Spoon, City & Gender le nouvel album de Julie Maroh, Les mondes cachés : une suite à la série Les Gargouilles de Filippi & Camboni, un recueil du brésilien Marcello Quintanilha : Mes chers samedis, Ronkoteus : un album fondé sur les légendes finlandaises,  Appa : le premier volet de la nouvelle collection Bamboo², un recueil de strips Drink a lol imbuvable, le premier tome de la série Famille d’enfer et un album pour public averti 10 count. Bonnes lectures.

Paola Crusoé

Véritable coup de cœur Case Départ, la magnifique série jeunesse Paola Crusoé est de retour pour son ultime volume, publié par Glénat et signé Mathilde Domecq. Le lecteur découvre la fin de cette formidable saga familiale d’aventure, petit bijou scénaristique et graphique.
Résumé de l’éditeur :
Les naufragés ont finalement réussi à se construire un radeau pour quitter l’île déserte sur laquelle ils étaient coincés… Seulement voilà, maman Crusoé, partie à leur rescousse, vient de son côté de débarquer sur l’île où, forcément, elle ne trouve plus personne ! Et le sort s’acharne : après quelques jours en mer, une partie du radeau se détache et part à la dérive. Les petites Paola et Bénédicte se retrouvent séparées des autres ! Les membres de la famille Crusoé vont-ils finalement réussir à se retrouver ?


Le formidable récit de Mathilde Domecq propose un chassé-croisé haletant entre tous les membres de la famille. Le roman de Daniel Dafoe est revisité et modernisé d’une sublime manière grâce à une belle intrigue à tiroirs où les situations rebondissent et s’enchaînent parfaitement. Alors que l’on pensait qu’une fin heureuse arriverait pour ce troisième volume, une nouvelle péripétie vient ternir le tableau : Paola et Bénédicte dérivent seules après que leur partie de radeau se soit détachée.

Il faut dire que le scénario de l’auteure de Basile et Melba (Glénat) se fonde sur une sympathique famille décomposée par le coup du sort. Entre Anna Crusoé qui sent au fond d’elle que ses proches sont vivants et qui part seule avec leur recherche ; son compagnon de fortune Daniel, marin qui souhaite l’aider mais qui devient fou sur l’île ; Xavier Crusoé, père protecteur et roi du bricolage ; Yoann l’adolescent fougueux ; Rachel, la jeune fille dont il est amoureux ; Paola, petite fille intelligente douée pour l’écriture et Bénédicte, la petite dernière, insouciante. Il faut ajouter à ses Robinson modernes, des animaux sur leur radeau : un koala, un marsupial, un caméléon et deux hérissons.

Ce récit d’aventure tendre et touchant est idéal pour les jeunes lecteurs, tant les valeurs véhiculées sont intelligentes : entraide, amour, écologie et dépassement de soi.

La partie graphique est de haute-volée. Le trait coloré et toute en rondeur de Mathilde Domecq est d’une belle puissance graphique. Les planches sont agréables à l’oeil, telle cette double-page (26/27) où la famille est séparée aux quatre coins du monde.

Paola Crusoé : Une grande série jeunesse s’achève, en espérant que l’auteure ait d’autres très bonnes idées et nous livre de nouvelles bonnes bandes dessinées de qualité. Une petite perle dans le monde du 9e art. A lire, à relire, à découvrir !

  • Paola Crusoé, tome 3/3 : Jungle urbaine
  • Auteure : Mathilde Domecq
  • Editeur : Glénat
  • Prix : 14.95€
  • Sortie : 11 mars 2015

Vénéneuses

Case Départ avait découvert Thomas Gilbert grâce à l’excellent série d’héroïc-fantasy Bjorn le morphir, avec Thomas Lavachery chez Rue de Sèvres (chronique à venir du quatrième volume), il revient seul aux commandes d’un formidable album, Vénéneuses, édité par Sarbacane. Deux destins fragiles de jeunes adolescentes contés à 100 à l’heure, entre volonté de liberté et excès.
Résumé de l’éditeur :
Vénéneuses suit le fulgurant destin de Noor et Domitille, deux lycéennes sensuelles et sauvages. Nos héroïnes veulent vivre à 1 000 à l’heure, avec une force de vie et de mort époustouflante : soirées – trop – arrosées, amours interdites et dangeureuses, fascination pour l’auto-destruction, relations compliquées entre filles… Dans cette cruelle chronique d’une amitié hors normes, le tout jeune Thomas Gilbert explore avec brio les affres de l’adolescence. Il mène son récit tambour battant. Un récit porté par un dessin énergique, survolté et inspiré – acide.

Vénéneuses est un récit construit comme un drame intimiste où l’amour speed, le sexe, l’alcool et la drogue s’immiscent dans les vies de deux adolescentes, Domitille et Noor. Cette chronique adolescente est portée par ces deux lycéennes menant la vie à 100 à l’heure. Dès les quatre premières pages, le lecteur est l’observateur de la plongée dans une abîme profonde des deux anti-héroïnes. Il connaît l’issue fatale de l’album et va remonter le fil du temps grâce à une grande force narrative. Sous ses yeux, le lecteur découvre incrédule le sort funeste des deux adolescentes. Haletant grâce à un découpage hargneux et vif, le récit fil à toute allure, une sorte d’appel à l’aide qui n’aboutira jamais. Entre joies et tristesses, un tourbillon de vie dévasté.

D’un côté, Domitille, jeune ado des beaux quartiers parisiens, qui vit seule avec son père depuis que sa mère est décédée lorsqu’elle était petite. Fragile psychologiquement, elle se détruit par l’intérieur. Grande manipulatrice, sa relation avec Noor est des plus étranges, entre amitié et amour. De l’autre, Noor, plus calme et posée que son amie, vit avec ses parents. Son père, très volage, la met en garde contre l’influence néfaste de Domitille.

En proposant Vénéneuses, Thomas Gilbert espère remuer son lectorat et l’interroger sur une certaine jeunesse à la dérive qui ne s’accepte qu’en multipliant les excès. Cet entre-soi est exacerbé dans des soirées ou en boîte, des endroits où l’alcool, le sexe et la drogue se mélangent. Si tous les générations ont leurs dérives, celle d’aujourd’hui a les siennes, mais diffèrentes dans leur mise en place. Ses planches concernant les visions fantasmagoriques et parfois horrifiques des adolescentes (Noor en Athéna et Domitill en Méduse) nous emportent dans un drôle de tourbillon.

Cette histoire est portée par le trait vif et nerveux de l’auteur de Oklahoma Boy (Manolosanctis). Proche de celui de Vincent Perriot, auteur de Paci chez Dargaud, il laisse une très grande place aux couleurs voyantes pour faire ressortir les excès des deux filles.
Vénéneuses : une petite claque dans le monde du 9e art. Thomas Gilbert : un jeune auteur au talent fou, à suivre. Un formidable album !

  • Vénéneuses
  • Auteur : Thomas Gilbert
  • Editeur : Sarbacane
  • Prix : 19.90€
  • Sortie : 04 février 2015

The grocery

L’excellente série The Grocery décline un nouveau volet se déroulant avant les aventures des Cornerboys de Baltimore. Publié par Ankama, le recueil d’histoires revient sur les rencontres entre les personnages principaux. Elles sont signées Aurélien Ducoudray (pour tous les scénarios), Guillaume Singelin, Valentin Seiche, Boris Mirrroir, Mikkel Sommer et Run (pour les parties dessin).
Résumé de l’éditeur :
Apprenez-en plus sur les cornerboys de Baltimore ! Découvrez : l’atroce histoire de la naissance de Sixteen ; les vacances originales d’Ed, Ted et Ned dans la secte des Davidiens ; comment la grand-mère de Washington et son amie célèbre ont lutté contre la ségrégation raciale ; pourquoi le Rabbi Finkelstein aime tant le pain azyme ; et enfin l’un des plus sombres épisodes de la jeunesse d’Elliot et Sixteen !
A travers ces six histoires, le collectif d’auteurs décline The Grocery, une formidable série du label 619 d’Ankama, sur une bande d’amis devenus les Cornerboys de Baltimore (adolescents vivant de différents trafics).

- La première signée  Ducoudray et Singelin conte l’arrivée de Lisa, jeune fille qui n’a pas froid aux yeux, dans le groupe de garçons. Comment elle leur a demandé d’entrer dans un asile de fou désaffecté et comment elle s’est faite enlever.

- La deuxième histoire de Ducoudray et Seiche raconte les drôles de vacances de Ed, Ted et Ned à Wacos au Texas dans la secte de David, le loco de Wacos, gourou d’une secte dont leur tante est adepte.

- Ducoudray et Sommer proposent l’étonnante histoire de Schlomo et Rivke, un couple de juif et de leur ami Elijah, survivants d’un camp de concentration, délivré par les russes.

– Dans le quatrième récit, Ducoudray et Mirroir, Washington découvre que sa grand-mère fut l’une des amies de Rosa Park, célèbre militante des droits des noirs américains et qui refusa de laisser sa place à un blanc dans un bus.

– Singelin et Ducoudray racontent les premiers pas de Carrie dans la police et ses relations professionnelles délicates avec Chuck, son coéquipier.

- Enfin le scénariste et Run racontent comment Sixteen découvrit le sort glauque de Ice, qui était traitée comme un chien par son beau-père.

De nouveau, les mini-récits d’Aurélien Ducoudray sont forts. L’auteur de Clichés de Bosnie et de Young de Tunis à Auschwitz (tous les deux chez Futuropolis) signent de très belles histoires. Alors que l’on suit les vies de ses personnages principaux, il délivre des messages intelligents : lutte contre les préjugés, défense des plus faibles (Elijah, Ice…), dénonciation des manipulateurs en tout genre (David, les russes, le beau-père d’Ice), éveil des consciences (Rosa Park, Schlomo et Rivke), dépassement de soi ou entraide.

A noter que les scènes sont entrecoupées par des petites respirations comme des recettes de cuisine, jeux ou de fausses publicités.

Les différents dessinateurs proposent chacun par leur style graphique des illustrations de grande qualité, rendant parfaitement l’ambiance des récits. L’univers dessiné original était l’œuvre de Guillaume Singelin et les autres illustrateurs (Seiche, Mirroir, Sommer et Run) n’ont pas singé son trait mais se sont appropriés le monde créé par Ducoudray.

Il n’est pas besoin d’avoir lu la série principale pour se plonger dans ce numéro 0 de The Grocery.

Before The Grocery : A lire, à découvrir !

  • Before the Grocery
  • Scénariste : Aurélien Ducoudray
  •  Dessinateurs : Guillaume Singelin, Valentin Seiche, Boris Mirroir, Mikkel Sommer et Run
  • Editeur : Ankama, label 619
  • Prix : 15.90€
  • Sortie : 27 février 2015

Silver spoon

Case Départ prend toujours autant de plaisir à lire les aventures de Yugô dans Silver Spoon, le manga qui suit les péripéties des élèves du lycée agricole Ohezo. De nouveau Hiromu Arakawa nous enchante et nous fait rire dans une histoire publiée par Kurokawa.

Résumé de l’éditeur :
L’hiver est bien installé et avec lui une énorme couche de neige qui recouvre désormais le lycée Ohezo. Yûgo est prêt à tous les sacrifies pour aider Aki à réussir son examen d’entrée à l’université, même si cela signifie retourner à l’endroit qu’il déteste le plus au monde…
Mais les fêtes approchent, de quoi redonner du baume au cœur à tous les élèves !
Quel moment de lecture-plaisir nous avons encore pris en découvrant le neuvième volume de Silver Spoon. La grande force de ce manga réside dans le récit amusant de Hiromu Arakawa qui arrive à se renouveler uniquement avec le quotidien des élèves du lycée Ohezo. Pour ce nouveau volet, le mangaka a imaginé une intrigue concernant Aki et Yugô, deux personnages principaux très proches mais qui n’ont pas encore franchi le pas ensemble.

Pour cela, il a développé l’aide du jeune adolescent vers la jeune fille. Très intelligent et bon élève, il relève le défi de donner des cours de soutien à Aki. Elle doit s’améliorer si elle veut poursuivre son cursus scolaire à l’université. Pour cela, Ichirô, son camarade lui fait remarquer que son frère est aussi entré à la fac de Tokyo et qu’il a donc les cours pour aider la jeune fille.

Mais seulement pour les récupérer , Yugô doit retourner chez ses parents à Sapporo, sauf qu’il ne souhaite en aucun cas. Après que ses amis lui aient préparé des en-cas, il prend le train. Pensant la maison vide, il se dépêche afin de ne pas croiser son père et sa mère. Mais voilà, ses derniers rentrent plus tôt du travail. De retour au lycée, il apprend que sa mère a décidé de lui rendre visite…
C’est rafraîchissant, c’est amusant, c’est distrayant ! Que demander de plus à ce genre de manga ? la suite !

  • Silver spoon, volume 9
  • Auteur : Hiromu Arakawa
  • Editeur : Kurokawa
  • Prix : 6.80€
  • Sortie : 12 février 2015

 City & gender

Alors que les questions d’égalité et de mixité sont de plus en plus présentes dans notre société, Julie Maroh s’interroge sur ces thématiques dans City & Gender, publié par les éditions La Boîte à Bulles. Elle fait amèrement le constat que c’est difficile et que notre monde est construit par les hommes pour les hommes ; les femmes se retrouvent alors reléguées au second plan.
Résumé de l’éditeur :
Précédemment publié dans le magazine taiwanais «Big Issue», City & Gender est un recueil d’histoires courtes qui se déroulent toutes dans une ville contemporaine, à la fois universelle et ordinaire : anonyme, normée, mais surtout genrée. Les personnages de ces contes se retrouvent confrontés aux stéréotypes et aux poncifs que leur sexe et la rue leur imposent.

City & Gender questionne avec subtilité la ville et l’environnement, et induit aussi une réflexion sur l’identité, sur le genre féminin/masculin et sur la société du XXIe siècle.


Publié dans le magazine Big issue, à Taïwan en 2013, l’album City & Gender est composé de 6 mini-récits dans des villes inconnues mais très réalistes. Dans ces vastes étendues souvent impersonnelles, se croisent et se côtoient des hommes et des femmes. Julie Maroh met en exergue ces relations délicates entre ces êtres humains. Chaque petite histoire, met en scène une situation de départ très tranchée qui permet au lecteur de s’interroger et se questionner sur les valeurs que l’on veut partager et qui doivent être pourtant communes à tous. Que les personnages soient hétéros ou homos, tous éprouvent de grandes difficultés à s’intégrer au mieux dans ces sociétés et s’y sentent forcément exclus surtout lorsqu’ils sont des minorités, des êtres à part.

L’auteure du Bleu est une couleur chaude livre ainsi des petites pastilles, belles tranches de vie qui démontrent par l’exemple, que notre société est excluante et surtout très genrée, patriarcale, définie par les hommes pour les hommes. Pour les mettre en scène, elle utilise un mélange d’encre de chine et de crayonnés en noir et blanc d’une belle simplicité afin de rendre les récits d’une belle lisibilité.

L’album à petit tirage numéroté et signé (1500 exemplaire) se compose de deux parties, au recto, les histoires en français, au verso, celles en anglais.

  • City & Gender
  • Auteure : Julie Maroh
  • Editeur : La Boîte à Bulles
  • Prix : 7€
  • Sortie : 11 mars 2015

Les mondes cachés

Les Humanoïdes Associés fêtent leurs quarante ans et dévoilent la première aventure des Mondes Cachés, un album qui fait suite à la série Gargouilles, de Denis-Pierre Filippi et Silvio Camboni. Dans ce premier volet, le jeune lecteur retrouve Grégoire, héros de la série-mère, devenu mage, venant en aide à sa voisine Itsuki dans un monde merveilleux celui de L’arbre-forêt.

Résumé de l’éditeur :
Réalisant que la magie ne peut tout résoudre, Grégoire a décidé de ne plus faire usage de ses pouvoirs. Au lieu des sorciers et des dragons, il affronte désormais le quotidien de la vie parisienne. Mais lorsque son amie Itsuki disparaît au sein du mystérieux Arbre-Forêt, il s’élance sans hésitation à sa poursuite. S’ensuit une haletante course contre le temps qui l’entraîne au plus profond d’un monde merveilleux et sauvage, riche en surprises mais aussi en dangers…


Succès éditorial et critique, la série jeunesse Gargouilles (entre 2004 et 2012 aux Humanoïdes Associés) est de retour avec Les mondes cachés, une suite aussi réussie que le premier cycle. Le récit fantastique de Denis-Pierre Filippi permet de retrouver Grégoire, jeune adolescent qui s’est fait une raison : il n’utilise plus la magie, contrairement à sa sœur qui pense qu’ils ont encore de nombreuses missions à accomplir. Lui, préfère se fondre dans la jungle urbaine qu’est Paris. N’acceptant pas sa nouvelle situation familiale (ses parents se sont séparés) ; ses relations avec Christian, le nouveau compagnon de sa mère, sont tendues. Le scénariste insiste donc sur la thématique de la famille recomposée. L’adolescent fuit ce nouveau quotidien, en allant rejoindre sur les toits Itsuki, sa voisine qui a de nombreux problèmes. Elle lui fait découvrir un endroit merveilleux, éden de verdure au milieu de la capitale, le jardin de son grand-père. En entrant dans l’un des troncs, il se retrouvera dans un monde parallèle fantastique.


Si les ressorts de l’intrigue semblent très classiques, le lecteur se prend au jeu et suit avec plaisir les aventures du duo Grégoire-Itsuki. Dans ce premier volet, on retrouve tout le talent de conteur de Filippi. Associé à Silvio Camboni comme pour les sept tomes de Gargouilles, ils réalise une belle bande dessinée. Le dessinateur italien livre des planches d’une excellente qualité grâce à un trait semi-réaliste très maîtrisé. Les décors urbains, naturels et les personnages sont très beaux. On ressent toute l’influence disnéenne dans les pages. En effet, l’auteur a fait ses gammes dans un studio Disney en 1989. En 1998, il créera même une école de dessin.

  • Les mondes cachés, tome 1 : L’arbre-forêt
  • Scénariste : Denis-Pierre Filippi
  •  Dessinateur : Silvio Camboni
  • Editeur : Les Humanoïdes Associés
  • Prix : 13.95€
  • Sortie : 11 mars 2015

Mes chers samedis

Les éditions çà et là ont eu une bonne idée en publiant Marcello Quintanilha, un auteur brésilien réputé, par un recueil d’histoires Mes chers samedis. Il y décline la vie quotidienne d’habitants du plus grand pays d’Amérique du Sud. Un bel ouvrage !

Résumé de l’éditeur :
Publié en 2009 au Brésil, Mes Chers Samedis est le premier recueil d’histoires courtes de Marcello Quintanilha, auteur et illustrateur brésilien très actif depuis ses débuts en 1988 pour des magazines et la presse brésilienne. Avec Mes Chers Samedis, il brosse le portrait de personnages issus des classes populaires brésiliennes, à travers quatre nouvelles étalées entre le début des années 1950 et la toute fin des années 1970. Au fil des histoires, il met en scène un amateur de football superstitieux habitant un bidonville de Rio et qui établit un rite pour faire gagner systématiquement son équipe favorite, un manutentionnaire travaillant dans un marché de fruits, mais déséquilibré mental et menacé de licenciement, un pêcheur du Nordeste s’improvisant professeur d’histoire pour les beaux yeux d’une jeune femme et enfin un employé de cirque dans la région de São Paulo qui se retrouve dans une très mauvaise posture suite à ses fanfaronnades.

A travers six petites histoires fictionnelles, Marcello Quintanilha nous emmène dans un voyage original, dans un Brésil rétro mais tellement attachant, empreint d’une magnifique nostalgie. Situées entre 1950 et 1970, il raconte des petites tranches de vie de héros ordinaires : des passionnés de football et plus particulièrement du club de Rio le célèbre Flamengo, un pauvre hère manutentionnaire qui risque de se faire licencier, Selma une jeune écolière qui est sous le charme d’un pêcheur du nord du pays et Zé le baltringue, un employé de cirque.

En décrivant la vie des plus pauvres des brésiliens, il permet à un grand nombre de lecteurs de découvrir des personnes attachantes, souvent fragiles psychologiquement mais toujours optimistes malgré leurs existences délicates. Ses petites gens, il les connaît bien puisqu’il est né à Niteroi, une ville proche de Rio de Janeiro.
L’auteur brésilien est reconnu dans son pays et fut lauréat de nombreux prix dont notamment celui de meilleur dessinateur en 2009 pour cet album. A noter que les éditions çà et là publieront Tungstène en 2015 et Almas publicas en 2016.

  • Mes chers samedis
  • Auteur : Marcello Quintanilha
  • Editeur : çà et là
  • Prix : 16€
  • Sortie : 13 mars 2015

Ronkoteus

Ronkoteus, aventurier finlandais légendaire est au cœur de l’album éponyme signé Arto Paasilinna et Hannu Lukkarinen. Publié par Mosquito, il revisite les contes du ce petit pays du nord de l’Europe.
Résumé de l’éditeur :
C’est l’automne. Le clan de Ronko prend ses quartiers d’hiver avec ses alliés. Le chef Ronkoteus participe assidûment aux rites du village, à la chasse au renne, au commerce de peaux. Il est toujours là pour défendre son clan, mais il est farceur et surtout il rêve d’ailleurs.

Il a domestiqué deux aigles qui tirent sa barque, ainsi qu’un corbeau pour l’aider à s’orienter. Mais ce n’est pas suffisant : il veut voler !
Il va donc capturer et élever d’autres aigles et perfectionner son radeau volant, devenant un guerrier encore plus redouté et jalousé.

Il part à l’aventure, loin de son clan, pour des aventures plus cocasses les unes que les autres en Suède, en Germanie, en Gaule, à Gibraltar, Tyr et Ninive.
Parfois adulé à l’égal d’un Dieu, il profite de ses étapes pour s’amuser avec les épouses des hommes partis guerroyer, enchaîner les festins et les bagarres.

Bien sûr, il ponctue ses tribulations de nombreux exploits pour asseoir sa légende et être chanté à la veillée par les chamanes de tous les peuples du Nord.

Si tel Ulysse il retrouve son épouse et son clan, c’est pour mieux repartir à l’aventure…


Pour imaginer Ronkoteus, Arto Paasilinna a fondé son récit sur les légendes finlandaises appelées Kalevala. Mêlant habilement le fantastique et un très bel humour, l’auteur du célèbre roman Le lièvre de Vatanen, met en scène un aventurier fantasque, épris de voyages singuliers et coureur de jupons. D’ailleurs, cet homme atypique, Rokoteus se déplace sur un étrange attelage tiré par des aigles, parcourant l’Europe et la Méditerranée.  Tout ce qu’il entreprend avec beaucoup de folie, il le réussit : tuer une baleine, créer une machine de guerre ou faire du ski grâce à ses volatiles. L’enveloppe de l’histoire, elle aussi, est singulière, le nom des lieux et des personnages permettent aux lecteurs de voyager à travers ce récit.
En ce qui concerne la partie graphique, Hannu Lukkarinen propose des planches en noir et blanc qui sont très belles. Proche du trait de Battaglia, cela lui permet de mettre en scène des personnages très expressifs.

  • Ronkoteus
  • Scénariste : Arto Paasilinna
  •  Dessinateur : Hannu Lukkarinen
  • Editeur : Mosquito
  • Prix : 30€
  • Sortie : 06 mars 2015

Appa

Les éditions Bamboo dévoilent leur nouvelle collection pour enfant, Bamboo² [Bamboo au carré], un label qui permet de choisir une histoire déclinée soit en bande dessinée classique soit en manga. Chaque aventure est donc racontée sous deux formats. D’un côté l’expérience BD : un livre de 80 pages avec un dossier bonus de 8 pages et de l’autre, l’expérience Manga : un livre de 180 pages au format poche en noir et blanc et un prix attractif (7,95€). Pour le lancement de ce nouveau concept sont publiés le premier tome de la série Isaline (L’Hermenier et Yllya) et Appa (Thomas Bonis et Dav). Nous avons décidé de vous présenter Boule de poils, le premier volet de cette dernière.
Résumé de l’éditeur :
La vie n’est pas facile pour Appa, la seule petite fille d’une tribu de pêcheurs. Ils l’utilisent comme appât pour attraper des poissons géants avec plein de dents ! Tout va changer lorsqu’un dragon manque de se noyer près de leur île. La fillette sauve la créature, mais détruit tout le matériel de pêche. Appa et le dragon deviennent amis et rêvent de quitter l’île ensemble. Mais avant ça, ils vont devoir réparer tous les dégâts commis lors du sauvetage. Et ils ne se doutent pas des terribles épreuves qu’ils vont devoir affronter pour y arriver !

Dans ce premier volume, Thomas Bonis dévoile un récit d’héroïc-fantasy familial amusant, rythmé et à l’univers très riche : des dragons, des monstres marins, de drôles de larves oranges ou des pierres parlantes. Pour accrocher le lecteur ; ce qu’il arrive d’ailleurs parfaitement, il mise avant tout sur des personnages singuliers et attachants.

D’un côté, Appa, une petite fille qui vit sur une île en forme de Tour de Pise, avec de drôles de marins qui ont une forme de morse. Sacré caractère, l’adolescente de 12 ans, est utilisée comme appât ! Oui, j’ai bien dit appât par ces pêcheurs. Engloutie par les poissons surdimensionnés, ils n’ont plus qu’à les remonter sur leur bateau. Finalement, on ne peut pas dire que cela lui fasse plaisir, mais c’est son quotidien et elle est obligée de faire avec. Alors que son père se meurt, il lui confie un terrible secret, enfin le croit il, car elle le sait depuis for longtemps.

De l’autre, il y a un dragon blanc qu’Appa sauve de la noyade. Son nom imprononçable, elle le remplacera par Boule de poils. Redevable jusqu’à la fin de sa vie, il se doit de protéger alors la jeune fille. De caractère irascible, il est pour l’instant enrhumé et ne peut pas voler. Leur relation fait donc des étincelles… Ils doivent même partir ensemble chercher des bambous pour reconstruire le village.

Aventure, quête un peu folle et humour dévastateur, notamment par des dialogues ciselés, le premier tome est une très belle surprise, qui ravira le jeune lectorat.

Du côté graphisme, c’est là aussi, très réussi. Le trait humoristique de Dav est d’une belle qualité. Proche de certains albums Wakfu des éditions Ankama, il propose des planches où le découpage est rythmé et dynamique.

  • Appa, tome 1 : Boule de poils
  • Scénariste : Thomas Bonis
  •  Dessinateur : Dav
  • Editeur : Bamboo, collection Bamboo²
  • Prix : 14.90€ la bande dessinée et 7.95€ le manga
  • Sortie : 11 mars 2015

Drink a lol, imbuvable

Les éditions Marabulle éditent Drink a lol imbuvable, un album humoristique de Thom J. Tailor et Ookah.
Résumé de l’éditeur :
Constamment suspendu à son verre de martini, un personnage cynique, désabusé et à la répartie cinglante, ne rate pas une occasion de tourner en ridicule ses interlocuteurs, lorsqu’il ne s’adonne pas, dans ses moments de solitude, à des réflexions…

En 2011, Thom J. Tailor met en ligne Drink a lol, un blog humoristique et illustré par Ookah, qui le rejoint quelques temps plus tard. Quatre années passent et les éditions Marabulles décident de les compiler dans un album. Sous forme de strips de 3 cases, les auteurs mettent en scène leur personnage principal, psychologue à moustache, imbu de sa personne, misanthrope, misogyne, sexiste, hautain et n’aimant pas les enfants. Un homme détestable à souhait. A l’instar du Chat de Geluck, il délivre sa vision très personnelle de la vie, un verre de Martini à la main.

A chaque fois, il prend un grand plaisir à humilier et insulter son interlocuteur qu’il soit un homme, une femme ou un enfant. Provocant, l’humour noir est grinçant mais terriblement drôle. Alors qu’on aime à le détester, on se prend à l’apprécier parfois, attendant sa sentence froide et décalée. Le trait simple d’Ookah est d’une grande lisibilité. Ses personnages à la tête très ronde sont mis en valeur par des grands aplats de couleurs faisant office de décors.

  • Drink a lol imbuvable
  • Scénariste : Thom J. Tailor
  •  Dessinateur : Ookah
  • Editeur : Marabulles
  • Prix : 17.95€
  • Sortie : 07 janvier 2015

Et pour quelques pages de plus…

Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :

Famille d’enfer

Après l’adaptation en bande dessinée du Joueur du grenier, Piratesourcil propose une nouvelle série d’humour, Famille d’enfer, publiée aux éditions Hugo BD
Résumé de l’éditeur :
Venez passer une année entière avec une famille d’enfer. Ils vous emmènent dans leur quotidien fait de maladresses, mensonges et moqueries. Une BD adaptant le meilleur de l’humour au sein d’une famille déjantée avec laquelle on finit finalement par s’identifier !

Les gags en une planche de Piratesourcil mettent en scène une famille complètement folle, ravagée du cerveau : « une famille de psychopathes » comme la qualifie l’auteur. Il faut dire que les personnages sont dépeints de façon humoristique et caricaturale pour accentuer leurs pires défauts. Entre Olly, la mère qui ne pense qu’à s’épiler, Noël, le père un peu vantard et qui voit des monstres partout, Irène la sœur adolescente qui se prend des vestes avec tous les garçons du lycée et Romu, le petit dernier dont les questions déstabilisent tous le monde ; cela donne une drôle de galerie.

L’humour noir et grinçant de l’auteur est servi par un trait caricatural humoristique. Piratesourcil s’est fait connaître par ses histoires publiées sur son blog et reprises en album par les éditions Stylobulle. Il avait caché son envie d’écrire une nouvelle série à tout le monde. Coincé entre deux Joueur du grenier (avec Frédéric Molas, Hugo BD), cette nouvelle aventure réjouira les amateurs de ce style de création.

  • Famille d’enfer, tome 1 : Chérie, j’ai raté les gosses
  • Auteur : Piratesourcil
  • Editeur : Hugo BD
  • Prix : 11,95€
  • Sortie : 12 mars 2015

10 count

(album pour public averti)

Les éditions Taifu Comics proposent le deuxième volume de leur série pour adultes, 10 count, écrite et mise en image par Rihito Takarai.

Résumé de l’éditeur, tome 1 :
Shirotani est un jeune homme brillant, mais atteint de mysophobie (peur d’être contaminé par les microbes qui l’entoure). Au hasard d’une rencontre, il fait la connaissance de Kurose, un psychiatre qu’il décide de consulter pour se délivrer de son obsession maladive. Au fur et à mesure de la thérapie, Shirotani et Kurose nouent une relation qui semble dépasser le cadre médecin / malade…

Résumé de l’éditeur du tome 2 :
Kurose a brusquement mis fin aux séances alors que Shirotani commençait à lui faire confiance. Choqué ce dernier refuse de sortir de chez lui. Kurose lui envoie alors un message. Kurose a-t-il compris ce que Shirotani cache tout au fond de lui ? La relation entre le psychologue peu sympathique et le secrétaire mysophobe prend une autre tournure.

Si vous vous attendez à du sexe débridé entre deux hommes, passez votre chemin. En effet, 10 count, dévoile une véritable romance homosexuelle tendre et agréable, le tout avec beaucoup de pudeur. D’ailleurs la thématique que livre Rihito Takarai est très originale : la mysophobie. Pour Shirotani, tous les microbes autour de lui, lui procure une immense peur. Calfeutré chez lui, il ne sort que pour aller travailler. Gants et cache-col sur le nez, il se dépêche de traverser la ville pour rejoindre son entreprise. Dans cette dernière, son patron compréhensif lui permet parfois de ne pas venir s’il ne se sent pas bien.

L’aide de Kurose, son psy, est de plus en plus compliquée pour lui. Il essaie de s’en éloigner alors qu’il sait que cela lui fait du bien. Peu de temps après, il est déstabilisé par son médecin lorsqu’il lui annonce qu’il l’aime.

Le trait épuré et délicat de la mangaka lui permet de composer des planches de grande qualité et d’une belle justesse. Cette auteur reconnue au Japon, commence à l’être aussi chez nous. Elle a publié notamment les yaois : Seven Days, Seul la fleur sait et Fleur et Sens (Taifu Comics) ainsi que le shôjo Welcome to hotel Williams Child Bird (Ototo).

  • 10 count, volume 2
  • Auteur : Rihito Takarai
  • Editeur : Taifu Comics
  • Prix : 8.99€
  • Sortie : 22 janvier 2015