Et comme un grand disque ne vient pas sans une grande pochette, les Four Seasons ont tout donné avec un objet de toute beauté qui donne ses lettres de noblesse au format vinyle. Gros fold-out cover avec inner-page en sus assorti d'un journal de huit pages, on pourrait passer des heures à le parcourir sans jamais avoir tout vu. A noter d'ailleurs que cet effet faux journal a été le premier à inspirer Lennon pour son Sometime In NY City ou encore Jethro Tull avec Thick As A Brick. John Lennon qui était d'ailleurs un très grand fan de cet album.
Mais qu'en est-il vraiment de la musique? Profondément ambitieux, les Four Seasons emmenés par Frankie Valli (ici à son meilleur) dressent une satire de l'American Way Of Life à l'aide de structure symphoniques épiques et complexes, avec des harmonies vocales stellaires dignes des Beach Boys, grands maîtres en la matière. Le tout généralement couvert par un tapis de cordes, cuivres et effets de harpsichord, mais surtout des idées en veux-tu en voilà, à en jeter par les fenêtres, assez pour une carrière complète. En 45 minutes excessives, ces garçons là délivrent un chef d'oeuvre baroque de pop psychédélique largement sous estimé.
Quel titre aborder ici ? Tous les citer ne rimerait à rien puisqu'ils sont TOUS indispensables. Je ne parlerai que de mes coups de coeur. En tout premier, loin devant, ce morceau extraordinaire qu'est "Saturday's father", grande ballade hantée qui n'en perd pas une miette. Ultra lysergique et dramatique, le morceau d'apparence simple regorge d'harmonies en colimaçon, jusqu'à son final intransigeant. "Mrs Stately's garden" est un autre joyau en termes d'up-tempo jazzy façon Kinks. Enfin je garderai aussi le titre éponyme de l'album, complètement classe et épique, qui ne peut s'empêcher sur la fin de glisser du Beatles ("Hey Jude"). Rien à voir avec le reste de leur discographie mais totalement indispensable.
En bref : la note 5 étoiles a été inventée pour ce genre de disques, qui se comptent sur les doigts d'une main, et qui amènent une révélation à chaque fois qu'on les écoute. Tout simplement l'un des plus grands disques de son époque. De la Pop avec un grand P.