Les prix alimentaires tirés vers le haut : 10 ans difficiles

Publié le 29 mai 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Le bulletin de William PETITJEAN

Crédit photo : Morgan Noguellou/SXC

Personne ne pourra dire que "l'on ne savait pas", ou  que "surprise il y a"... Les experts de l'OCDE et de la FAO sont formels: les prix alimentaires qui ont flambé depuis deux ans resteront élevés et soumis à des fluctuations pendant les dix ans qui viennent. Au moins. Cela n'arrangeront guère les gens qui en pâtissent déjà.    Ces constats prévisionnels sont faits dans les   "Perspectives agricoles pour 2008-2017" qui ont ét publiées hier. ces "perspectives" sont assombries encore par une évidence: Les dernières flambées des cours ne sont pas que conjoncturelles mais structurelles. L'offre ne couvre plus la demande. On consomme plus que l'on produit. Exemple: Entre 2005 et 2007, la production mondiale de céréales s'est accrue de 46 millions de tonnes (3 %), tandis que la consommation a augmenté de 80 millions (5 %). Les stocks, au plus bas, n'amortissent plus les déséquilibres.
Rappel  des hausses enregistrées:   20 % pour la viande bovine et porcine,  30 % pour le sucre, de 40 % à 60 % pour le blé, le maïs et le lait écrémé en poudre, plus de 60 % pour le beurre et les oléagineux, et plus de 80 % pour les huiles végétales. De quoi être pris de vertige. D'autant plus que d'autres facteurs s'additionnent pour pousser les prix vers le haut : les cours élevés du pétrole qui font grimper les coûts de production, la croissance démographique, la modification des pratiques alimentaires vers une consommation accrue de viande dans les pays émergents, et enfin, la demande de grains pour les agro-carburants. Rien de bien nouveau en fait. Mais tout y est dit preuves à l'appui. Avec plus de questions posées que de réponses données:"Il y a peut-être lieu d'envisager d'autres démarches sans effet indésirable sur les prix alimentaires", préconisent  les experts. Très juste,mais lesquelles et comment?
Conditions aggravantes: Dans les dix ans à venir,  les niveaux de stocks ne devraient pas sensiblement remonter, les conditions météorologiques pourraient devenir plus variables du fait du changement climatique, et la présence accrue de fonds spéculatifs sur les marchés agricoles deviendrait préoccupante. Ces fonds spéculatifs le sont déjà.Et depuis longtemps. Mais ils sont sans doute difficiles à détecter et à quantifier avec précisions. D'autant plus que les grosses entreprises agro-alimentaires  ne sont pas de spécialistes de la transparence financière.
Dans ces conditions,  il y aura (bien sûr)  à la fois des gagnants et des perdants. Les agriculteurs des pays développés en tireront profit, mais aussi ceux des pays en développement, si on les aide à investir. En revanche, pour les populations pauvres et urbaines des pays fortement importateurs de denrées, la situation va s'aggraver. "Dans bien des pays à faible revenu, la nourriture représente en moyenne plus de 50 % du budget (des ménages)", note le document, qui pointe les effets négatifs des restrictions à l'exportation de céréales décidées par certains producteurs.
Reste la question essentielle, cruciale même:  comment produire plus pour que l'offre comble la demande et que les stocks se reconstituent. Les auteurs du rapport n'ont aucune solution miracle. Ils espèrent qque la créativité technologique va s'en mêler...Peut-être. Mais c'est sur la créativité politiqiue (donc sur le courage) qu'il faudrait sans doute miser si l'on veut limiter les dégaâs et faire en sorte que les plus pauvres ne deviennent pas encore plus affamés  ou mal nourris...Sans doute aussi les Européens qui ont la chance de  dsiposer d'une politique agricole commune (en dépit des efforts destructeurs irresponsables déployés par les Anglais devraient-ils davantage tenir compte de ce contexte dans leurs orientations et leurs prises de positions dans les instances internationales. c'est d'autant oplus nécessair qu'une autre évolution va s'accentuer: Selon les "Perspectives agricoles 2008-2017" de l'OCDE et de la FAO, l'épicentre de la production agricole mondiale va continuer à se déplacer vers les pays émergents (Inde, Brésil, Argentine...) dans les dix ans à venir. A l'horizon 2017, ces pays devraient même arriver en tête de la production et de la consommation mondiale de la plupart des produits de base.